L'Histoire avec Zighout Youcef

Les héros de la révolution ne mourront jamais. Malgré les nombreux livres relatant plusieurs de leurs exploits et les hommages qui leur sont rendus à l'occasion des forums de la mémoire pour perpétuer Novembre, on ne les remerciera jamais assez pour tout ce qu'ils ont fait et donné durant la lutte de Libération nationale. Zighout Youcef, alias Si Ahmed, restera celui qui a organisé et planifié la résistance dans le Nord Constantinois. Invité du forum d'El Moudjahid dédié à sa mémoire, le professeur d'université et historien, Mohamed Lahcen Zghidi le présente comme un combattant de la première heure qui a marqué de son empreinte l'histoire de la révolution algérienne. Brossant de lui un portrait très élogieux, le conférencier a confié que Zighout était un stratège militaire hors normes, qui a organisé les maquis et planifié la lutte armée dans la région de Constantine. L'orateur a expliqué que «l'envoi de Si Ahmed a été très bénéfique, car il a permis à cette région de se rattraper après sa timide participation, lors du déclenchement de la révolution le 1er novembre 1954». Né le 18 février 1921 dans le village de Smendou qui porte, aujourd'hui, son nom, Zighout Youcef a, comme la plupart des enfants de son âge, connu une enfance très difficile. N'ayant jamais connu son père qui mourut quatre mois avant sa naissance, a adhéré dès l'âge de ses 17 ans au Parti du peuple algérien dont il sera désigné responsable pour la localité de Smendou en 1938. Mais c'est au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques qu'il entame son ascension en se faisant élire au comité de direction. Faisant partie de l'Organisation spéciale chargée de préparer le déclenchement de la lutte armée, il est arrêté en 1950, puis incarcéré à la prison de Annaba d'où il réussira à s'évader quatre années plus tard grâce à une clé qu'il confectionna à partir d'une cuillère. Aux côtés de Didouche Mourad, il participe le 18 janvier 1954 à la bataille d'Oued Boukerker au cours de laquelle son chef trouva, hélas, la mort. Désigné chef de la Wilaya II historique, en remplacement de Didouche, il prépare l'offensive du 20 août 1955 qui deviendra un des hauts faits d'armes de la révolution. Nommé membre du Conseil national de la révolution, il sera élevé au rang de colonel et confirmé chef de la wilaya II. C'est au cours d'un déplacement dans la wilaya des Aurès pour mettre un terme à une guerre fratricide entre combattants de cette région que si Ahmed tombe le 23 septembre 1956, dans une embuscade tendue par l'armée coloniale.
Revenant sur ses exploits et sur ses facultés de commandement qui avaient fait de lui un grand stratège militaire, M. Zghidi a déclaré que Zighout hantait les nuits de Guy Mollet et Jacques Soustelle qui l'avaient déclaré ennemi public n°1 à l'époque. Lors de son intervention, l'invité du forum ne manqua pas de souligner, également, la contribution de la mère de Zighout qu'il présente comme une femme extraordinaire qui a élevé Zighout après la mort de son mari. Selon lui, «Zighout n'était pas qu'un grand combattant, c'était aussi un homme éclairé, qui n'avait pas hésité à répondre à un proche qui lui avait demandé si la date de l'indépendance était proche, qu'il ne serait malheureusement pas là ce jour-là». Il a ajouté que Zighout était pour l'égalité et la justice et accordait une place importante à l'éducation et la formation. Prenant la parole en tant qu'ancien compagnon d'armes, M.Boularas après avoir rappelé certaines batailles dont celle du 8 mai 1955 au cours de laquelle des commandos de l'Armée de libération nationale attaquèrent deux fermes appartenant à des colons, il a déclaré que «ce brave parmi les braves n'est pas apprécié à sa juste valeur et qu'il a besoin d'une meilleure reconnaissance pour tout ce qu'il a fait et donné à la révolution».