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Un crime de guerre au Yémen

Riyadh doit être fière de son exploit à Sanaa, capitale du Yémen, où un crime de guerre a été commis dans la soirée de samedi. Comment en effet, qualifier autrement les bombardements effectués contre un rassemblement réunissant des centaines de personnes dans une salle où se déroulaient les funérailles du père du ministre yéménite de l'Intérieur, proche des rebelles houthis? Ceux qui ont ordonné cette action, sous prétexte de la présence de chefs houthis, ont-ils vraiment une conscience, qui décident froidement de ce meurtre de masse, sachant que pour quelques dirigeants rebelles [une dizaine de ces responsables auraient été tués dans l'attaque] ils allaient assassiner des centaines de civils. Riyadh et la coalition qu'elle dirige n'ont pas reculé face à un tel forfait. Bombarder délibérément un lieu sachant que s'y trouvent des milliers de civils est un crime inexpiable, entrant dans la catégorie des crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Mais qu'est-ce qui fait agir ainsi l'Arabie saoudite, qui se découvre soudain les dimensions d'une puissance militaire...contre des groupes rebelles? En effet, disposant d'un arsenal sophistiqué dont l'usage restait improbable, l'Arabie saoudite a trouvé dans le conflit yéménite l'occasion unique pour étalonner un armement coûteux dont l'emploi demeurait incertain. C'est aussi le cas des autres monarchies du Golfe. Celles-ci ont fait ces dernières années des acquisitions, pour des centaines de milliards de dollars, en armement divers [avions de combat - parmi les plus modernes - chars, missiles, bombes à sous-munitions (Basm), bombes à fragmentation...) que la coalition menée par l'Arabie saoudite utilise au Yémen. Ces armes sophistiquées fournies par les Etats-Unis et les pays occidentaux, ne pouvaient pas, en effet, servir contre Israël, «ennemi» supposé des «Arabes». Aussi, la guerre déclenchée en mars 2015 par la coalition des monarchies du Golfe menée par l'Arabie saoudite [à laquelle s'ajoutent trois ou quatre pays arabes dont Djibouti et la Somalie] qui leur a ainsi permis d'étrenner ces armes contre les rebelles houthis - qui se sont emparés de la capitale yéménite, Sanaa, en septembre 2014 - a été ressentie à Riyadh, Doha et Abou Dhabi comme «pain bénit». C'était l'occasion pour Riyadh et les monarchies d'essayer en grandeur nature un armement qui rouillait dans leurs docks. Et puis, lancer du ciel des bombes - qui ont tué plus de civils que de militants houthis - tout en étant en sécurité loin du terrain de bataille, c'était inespéré! De fait, s'il y eut des milliers de morts parmi les civils et les rebelles, il y en a eu très peu du côté de cette étrange alliance, qui, sans état d'âme, bombarde depuis 19 mois le Yémen, le pays le plus pauvre du monde, dans un entourage monarchique repu ne sachant que faire de ses milliards de dollars, jusqu'à acheter des armes complexes dont elles n'ont pas l'usage. C'est dire si le conflit du Yémen leur donna cette opportunité de tester les armes et leur capacité militaire. Si les armes occidentales ont fait leur preuve, il ne peut en être dit de même pour des armées monarchiques incapables, depuis près de deux ans, de venir à bout d'une rébellion sous-armée, mais qui avait pour elle la conviction de défendre son peuple. Aussi, le bain de sang de samedi à Sanaa, n'est que l'une des bavures commises à maintes reprises contre le peuple yéménite par la coalition. Déjà, le 21 septembre dernier, après un énième raid qui fit des victimes parmi les civils à Hodeida, le général saoudien Ahmed Assiri, porte-parole de la coalition balaya les critiques affirmant: «Non, non, nous ne ressentons pas de pression. Nous savons ce que nous faisons.» Donc, en bombardant le rassemblement de Sanaa où des milliers de personnes étaient réunies, l'Arabie saoudite et la coalition qui la soutient savaient ce «qu'elles faisaient». Comme Riyadh savait ce qu'elle faisait quand elle arma et lâcha les hordes jihadistes contre la Syrie, avec à la clé un pays détruit avec plus de 300 000 victimes. Outre la haine et la discorde qu'il sema parmi les musulmans, le wahhabisme est aujourd'hui responsable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Yémen et en Syrie. Comme Jabhat al-Nosra qui faisait du «bon boulot» en Syrie, l'Arabie saoudite et la coalition monarchique font du «bon boulot» en déstabilisant et en déstructurant le Monde arabe. A la satisfaction de la troïka occidentale qui domine le monde!

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