Les limites de la politique spectacle
La France entière est en deuil. Son Zizou national n´a pas réussi à conjurer le sort qui s´est abattu sur son équipe depuis le début du Mondial. Les Bleus ont lamentablement déçu des millions de leurs compatriotes qui ont placé beaucoup d´espoir sur un Onze, dont la principale mission est de donner de la joie aux Français et l´impression d´être les meilleurs. C´est en gros cela, le phénomène Foot. Cet état de fait n´a pas échappé aux politiciens de l´Hexagone qui ne se sont pas fait prier pour donner une connotation politique à chaque victoire de l´équipe de France. Aussi, s´est-on empressé de monter en épingle le modèle de l´intégration à la française, en misant tout sur les jambes de quelques beurs et autres blacks qui ont fait le bonheur du peuple français. En d´autres termes, les politiques, de droite comme de gauche, disaient aux enfants d´immigrés: «Faites comme Zidane, Dessailly et autre Viera, donnez-nous du bonheur et vous serez des Français à part entière.» Ou: «Démerdez-vous, brillez et on se chargera du reste.» Les médias appuient la démarche de la classe politique et servent de relais au discours dominant, mettant sur le devant de la scène des vedettes qui ne doivent rien à la politique pour la simple raison qu´elles ont été propulsées par le star-system. Elles vendent du rêve et de l´espoir qui, en ces temps, sont des produits de consommation de masse. Le saupoudrage sociologique est tout simplement un argument de vente pour les publicitaires. Quant aux hommes politiques, ils ont surfé sur la même vague, en donnant l´impression que ce sont leurs efforts qui ont abouti.
En définitive, la politique d´intégration à la française n´est, ni plus ni moins, que de la récupération politicienne d´une situation de fait. Elle est bâtie sur des sables mouvants et qui, à la moindre secousse, engloutit les espérances de tout un peuple.
Le monstre raciste n´a pas tardé à se réveiller pour menacer, encore une fois, la cohésion de la société française. La responsabilité du retour ostentatoire du discours extrémiste est imputable aux dirigeants de ce pays qui ont fait du spectacle une démarche politique, en mettant la lourde responsabilité de l´intégration sur le dos d´un jeune Français d´origine algérienne. Ce dernier a fait son travail de footballeur et rien de plus. Ce sont les politiciens qui n´ont pas fait le leur. Résultat: une cuisse qui se porte mal et c´est la France entière qui plonge dans le désespoir et l´incertitude du lendemain.
Enfin, il serait injuste de dire que seule la France connaît ce phénomène. La planète entière est prise par la fièvre du foot et de la politique spectacle. Ce qui est arrivé en Russie après son élimination est un exemple à méditer pour tous les dirigeants du monde. On ne joue pas avec les espoirs des peuples.
