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IMPLANTATION DE L'ETAT ISLAMIQUE AU MOYEN-ORIENT

Les gouvernants n'ont-ils rien vu venir?

Il aura fallu les odieux assassinats par décapitation contre des citoyens occidentaux pour que le monde prenne la mesure du danger longtemps sous-estimé, sinon instrumentalisé, par ceux-là qui découvrent soudain sa dangerosité.

L'offensive soudaine de l'Etat islamique en Irak et la prise de larges portions du Nord de l'Irak, le 9 juin dernier, avait alors mis au-devant de l'actualité internationale un groupe jihadiste, qui opérait déjà en Syrie, aux côtés d'autres phalanges terroristes dont, notamment le Front al-Nosra. Les puissances «influentes», feignaient de ne pas voir ce qui se passait dans cette contrée du monde, tellement elles étaient occupées à déboussoler le président syrien, Bachar al-Assad de son trône, allant jusqu'à «aider» (indirectement) des jihadistes se réclamant en tant que tels. En fait, le phénomène «jihadiste» n'est pas nouveau et est apparu vers le dernier quart du XXe siècle, sous différentes appellations, singulièrement celle de la nébuleuse «Al Qaîda». Ce qu'il faut savoir, est que cette forme de terrorisme a été sinon encouragée et soutenue, du moins tolérée, dès lors qu'elle anticipe les stratégies des grandes puissances, singulièrement les Etats-Unis, au Moyen-Orient.
Des monarchies du Golfe, en particulier l'Arabie Saoudite et le Qatar - Doha est allée jusqu'à imposer des groupes rebelles syriens à la Ligue arabe en lieu et place de l'Etat de Syrie - n'ont pas peu fait pour l'émergence dans cette région de pouvoir à leur image, ne lésinant pas sur des aides multiformes octroyées aux groupes jihadistes. Jusqu'au début des années 2000, le «terrorisme islamiste» était inconnu en Irak et en Syrie, rares pays arabes laïcs.
La situation va changer du tout au tout avec l'invasion américaine en 2003 de l'Irak et l'avènement dans son sillage des premiers groupes jihadistes, avec l'apparition de «Tawhid el Jihad» (Jihad et Unité) du Jordanien Abou Moussaâb al-Zaquaoui. Mais dès 2006, apparaissait un «Etat islamique d'Irak», (EII) rebaptisé en 2013 «Etat islamique en Irak et au Levant, quand ce mouvement a élargi son action en Syrie (Eiil, connu aussi sous les acronymes arabes «Daech» pour «ad-Dawla al-islamya fi al-Irak wa al-Cham» et anglais «Isis» ou «Islamic state in Irak and Sham»). Cela fait donc plus d'une décennie que ce mouvement, qui a pris plusieurs dénominations selon les stratégies alors adoptées, active au Moyen-Orient et particulièrement en Irak. Ce qui veut dire que les Etats-Unis étaient parfaitement informés sur les tenants et aboutissants de ce mouvement qui a pris une expansion qui menace désormais les intérêts de ceux-là même qui ont fermé les yeux sur ses activités et ses exactions quand elles n'étaient pas encouragées.
Les Etats-Unis ont ainsi observé sans intervenir la progression de l'Etat islamique en Irak et en Syrie qui n'a jamais caché ses intentions, surtout quand l'EI autoproclama le «califat» après s'être emparé de la seconde ville d'Irak, Mossoul de plusieurs provinces de ce pays et de Syrie. C'est seulement après l'assassinat de deux ressortissants américains, James Foley et Steven Sotlof, que Washington a enfin décidé de prendre les choses en main, afin de «détruire» l'«Etat islamique».
Avant l'assassinat des journalistes américains et du ressortissant britannique David Haines, des centaines d'Irakiens et de Syriens ont été victimes de la barbarie de l'EI. Or, beaucoup de pays qui participent, ou vont participer, à la coalition anti-Etat islamique, avaient aidé les groupes jihadistes notamment la Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar. C'est un peu bizarre que ces pays partent aujourd'hui en guerre, contre un fléau qu'ils ont nourri au long de ces dernières années. Le moins qui puisse être dit est que la position des monarchies du Golfe est à tout le moins ambiguë car elles ont longtemps joué aux apprentis sorciers.
Les Etats-Unis ont bien quitté l'Irak en 2011, mais la guerre s'est poursuivie, sans eux, dans ce pays, aujourd'hui ruiné et détruit. Mais la guerre contre l'Etat islamique ne fait que commencer et risque de prendre du temps. Beaucoup de temps. Ce que d'ailleurs avait affirmé, hier, devant la chambre des Communes, le Premier ministre britannique, David Cameron qui a indiqué: «Cela va être une mission qui ne va pas prendre des mois, mais des années mais je pense que nous devons nous préparer pour cet engagement.» On ne le lui fait pas dire, d'autant plus que les gouvernements occidentaux, notamment, donnent l'impression de n'avoir pas vu venir le danger.

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