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FACE À L'ARABIE SAOUDITE, L'ALGÉRIE INTRAITABLE SUR LA SYRIE, LE YÉMEN ET LE HIZBOLLAH

L'art de dire non au roi

On comprend mieux maintenant les vraies raisons des visites «énigmatiques» des plus hauts dignitaires de la monarchie saoudienne à Alger.

Le 5 février dernier, Mohammed Ben Nayef Ben Abdelaziz Al-Saoud, vice-président du Conseil des ministres saoudien et ministre de l'Intérieur a effectué une visite à Alger. Le prince héritier du Royaume d'Arabie saoudite a été reçu par le président Bouteflika. Quelques semaines auparavant, c'était le ministre des Affaires étrangères, Adel Ben Ahmed Al Jubeir qui a été reçu à Alger. On comprend mieux également pourquoi ce même ministre vole d'Alger vers Rabat pour crier le soutien de son pays au Maroc dans le conflit du Sahara occidental. C'est que la diplomatie du carnet de chèques qui, jusque-là s'accommodait bien des actions militaires et des ingérences massives dans les affaires des pays voisins, n'a pas fonctionné en Algérie. Riyadh qui entendait contrer l'influence de son ennemi iranien dans la région et affirmer son leadership en fédérant tout le monde musulman sunnite, a reçu un niet catégorique à Alger et les deux émissaires sont repartis bredouilles. Droite dans ses bottes, constante dans ses positions, l'Algérie a refusé les «offres» saoudiennes et elles sont nombreuses. Elle a décliné la demande de participation à la coalition composée de 22 pays arabes pour une attaque contre le Yémen. Elle a refusé les pressions exercées contre Bachar Al Assad et de faire partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis qui mène des frappes aériennes contre l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. Elle a dénoncé les ingérences répétées dans les affaires internes de la Syrie en guerre contre le terrorisme. L'Algérie a dit «non!» à la coalition «sunnite» de 34 pays musulmans menée par l'Arabie saoudite pour officiellement «combattre le terrorisme militairement et idéologiquement». Tout récemment, elle a rejeté une décision du Conseil de coopération du Golfe (CCG) classant le Hizbollah comme étant une organisation «terroriste».
«Nous sommes tout simplement incapables de monter des opérations militaires. Tout ce que nous savons faire, c'est signer les chèques», c'est ce que déclarait en 1979, le prince Turki Al-Fayçal, chef du renseignement saoudien lorsque l'armée soviétique occupait l'Afghanistan durant la période allant de 1979 à 1989, expliquant ainsi la contribution de son pays au djihad afghan. 37 années plus tard, les Saoudiens ont toujours cette disposition à dégainer avec des chéquiers. Mais les rapports politiques ont évolué, les équilibres géostratégiques ont changé et les réserves pétrolières presque épuisées. Ces paramètres ont esquissé au coeur du Royaume saoudien une nouvelle attitude géopolitique qui s'est effectivement manifestée par le remaniement des postes-clés au sein du gouvernement.
Depuis son intronisation, le roi Salman d'Arabie saoudite s'est engagé, on le sait, dans une course contre la montre pour le leadership au Moyen-Orient. Il fallait contrer le retour fracassant de l'Iran sur la double scène politique et énergétique et occuper le vide laissé par l'Egypte dans la «gouvernance» du Monde arabe. La stratégie du nouveau roi saoudien se décline en deux temps: d'abord mener l'Opep ver le déclin et par ricochet affaiblir l'Iran.
Le deuxième axe de cette stratégie tient tout simplement à l'affrontement. Chèque en bandoulière et le monarque s'en va-t-en guerre. Il nomme un de ses fils âgé de 35 ans, Mohammad ben Salmane, ministre de la Défense nationale auquel il faut fabriquer une aura régionale et une légitimité surfaite.
La guerre contre le Yémen lancée, il y a exactement une année, tombe à point nommé. Mais les répercussions désastreuses de cet aventurisme militaire couplées au déraillement économique causé par la baisse des cours du pétrole conduisent à l'enlisement de toute la stratégie des Saoud dans la région. La guerre au Yémen s'étale dans le temps, les Houthis contrôlent toujours la capitale Sanaâ, la diplomatie piétine, les dégâts occasionnés par ce conflit s'aggravent et les dépenses deviennent onéreuses. On en vient aux bavures militaires qui font des centaines de victimes civiles et que personne n'évoque sans parler du désastre humanitaire au Yémen.
Les médias occidentaux ont tendance à focaliser sur les dégâts occasionnés par le régime de Bachar Al Assad en prenant le soin de taire la tragédie commise par les bombardements de l'aviation saoudienne au Yémen.
Parti pour devenir la figure de proue arabe, Salmane échoue et place son royaume dans l'oeil du cyclone. Cerné par des guerres, au Yémen, en Irak et en Syrie, il tremble face à la montée en puissance de l'Iran qui lui apparaît comme un danger mortel.

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