L'Expression

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SAUVER LE BAC

La bataille de Benghebrit

La ministre doit parfaitement savoir que l'exercice est très difficile, mais c'est ça ou donner tout le secteur sur un plateau à un seul syndicat.

Le recours au CD, à l'Internet et à la Télévision nationale pour permettre aux lycéens en classes d'examens de préparer les examens du baccalauréat dans les meilleures conditions possibles est un acte de résistance de la ministre de l'Education nationale. La batterie de mesures, excluant l'enseignant, annoncée par le ministère de l'Education nationale, vient en réaction à une situation de prise d'otages effectuée par le Cnapeste, sur la base de revendications totalement surréalistes.
Nouria Benghebrit veut contourner les grévistes, en organisant un baccalauréat sans fixer un seuil de cours et tout en respectant les échéances. Le pari de la ministre est certes risqué, mais mérite un soutien total de toute la société.
Mme Benghebrit confrontée, comme ses prédécesseurs au diktat d'un seul syndicat, refuse de baisser les bras et fait montre d'une grande volonté de tenir tête aux grévistes, en organisant la «résistance». Il n'est pas question de laisser des «preneurs d'otages» dicter leur volonté au secteur, d'autant que la «rançon» exigée aura pour conséquence directe une chute du niveau de l'école publique. En réclamant des promotions automatiques sans examens, ni recyclage, les grévistes font courir à l'école le risque d'une stagnation mortelle. De plus, la retraite après 25 ans de travail, réclamée par le Cnapeste, est une pure invention qui n'existe dans aucun système éducatif au monde.
Que fallait-il faire devant cette tentative de saborder l'école de la République? Dans la bouche de la ministre, la réponse est dans l'union des toutes les forces vives gravitant autour de l'Education nationale. Faut-il relever, à ce propos, que les solutions palliatives proposées par Mme Benghebrit ne se résument pas aux aspects matériels. Même si elle ne l'a pas ouvertement dit, l'on comprend bien que la réussite de la «riposte» est très liée à l'attitude des parents d'élèves et des élèves eux-mêmes. En d'autres termes, il est question de ne pas céder à un chantage qui hypothèque l'avenir de l'Ecole algérienne. Aussi, dans la démarche de la ministre qui vise à parvenir à organiser un baccalauréat dans un climat de grève, l'adhésion des parents et des candidats au baccalauréat est capitale. Rien ne peut se faire sans ces deux acteurs majeurs de la famille éducative.
La ministre doit parfaitement savoir que l'exercice est très difficile, voire périlleux, mais c'est ça ou donner tout le secteur sur un plateau à un seul syndicat. L'équation est, en réalité aussi simple que cela. Contrairement à ses prédécesseurs, Mme Benghebrit a choisi de ne pas lâcher prise sur les prérogatives de l'Etat dans la gestion de son secteur. Les syndicats ont leur mission, mais ce n'est pas parce qu'ils disposent du droit de grève qu'ils façonneront le secteur à leur guise.
Dans ce bras de fer, il est entendu que la société, pour avoir vécu ce scénario plus de dix fois, ces dernières années, prendra fait et cause pour la tutelle. C'est là un avantage certain pour Mme Benghebrit qui s'engage dans une expérience inédite en Algérie et même dans le monde entier.
Il reste que ce caractère unique dans les annales, d'un baccalauréat, sans enseignants est en soi, porteur de sa propre fragilité. Sera-t-il possible de mobiliser des centaines de milliers de lycéens et leurs parents autour de la «bataille» de Mme Benghebrit? Il sera difficile de répondre à cette question. Il faut dire, que malgré les bonnes intentions de la ministre, le risque d'un bac blanc, dans le cas de la persistance de la grève est toujours de mise. Il faudrait une sacrée dose de volonté et d'imagination pour entrer dans la logique du ministère.
Le scénario le moins optimiste, mais malheureusement aussi le plus réaliste, serait que les lycéens mettent dos à dos ministère et syndicats et réclament un baccalauréat à la mesure de la situation catastrophique que traverse le secteur en raison de la grève. Les lycéens, c'est bien connu, ne se contenteront pas de communiqués ou de commentaires sur les réseaux sociaux. Ils investiront la rue pour réclamer leur «seuil».
C'est ainsi que peut se terminer, c'est-à-dire dans un chaos indescriptible, l'oeuvre d'une ministre venue à l'Education nationale avec une vraie ambition, celle de porter l'Ecole algérienne au niveau qu'elle mérite. Mais on retiendra que Mme Benghebrit ne baisse pas les bras et organise sa «résistance». Elle n'a pas encore dit son dernier mot.

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