Riz: une crise mondiale majeure « évitée » en 2023
"Coup de tonnerre" de l'embargo indien sur les exportations de riz, impact redouté du phénomène climatique El Niño sur les rizières: en dépit de risques forts, l'année 2023 a finalement échappé à une crise majeure du marché mondial du grain blanc. L'onde de choc de l'embargo de l'Inde, premier fournisseur de riz (40% des exportations mondiales en 2022), a été moins forte que prévu, avec une hausse des prix mondiaux de 30%, loin des records historiques de 2008, selon le rapport annuel sur les marchés des matières premières CyclOpe, présenté mardi à Paris. "L'Inde a joué avec les nerfs des opérateurs", a expliqué Patricio Mendez del Villar, spécialiste du riz et économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). New Delhi a annoncé "fin juillet 2023 qu'elle n'exporterait plus de riz blanc non basmati afin d'assurer sa sécurité alimentaire", mesure venant "s'ajouter à celle annoncée en septembre 2022 interdisant les exportations de brisures de riz", a-t-il rappelé. Trois éléments ont finalement permis d'éviter une "crise majeure". En premier lieu, les exp ortations indiennes ont baissé de 20%, mais ne se sont pas arrêtées: le pays est resté le premier exportateur mondial, avec 17,9 millions de tonnes (contre 22,5 Mt en 2022). "L'Inde a joué la diplomatie du riz", en exemptant d'embargo des pays dépendants du riz pour leur sécurité alimentaire, notamment en Afrique, a relevé M. Mendez del Villar. En second lieu, la Thaïlande et le Vietnam ont augmenté de 15% leurs exportations: ces deux grands pays producteurs ont bénéficié d'un "effet d'aubaine" lié au retrait partiel de l'Inde du marché. Enfin, les importateurs ont réduit leurs achats: la Chine "a réduit ses importations de 60%" et puisé dans ses stocks, tout en limitant sa consommation, "ce qui a permis de compenser la forte demande philippine, premier importateur mondial, et le retour de l'Indonésie sur le marché d'importation, après quatre ans d'absence".