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Avec des relations de plus en plus tendues

La France piégée au Sahel

Engluée dans une position inconfortable au Niger, la France est à la recherche d'une porte de sortie alors que la crise née du coup d'État militaire est à son paroxysme. Son ambassadeur à Niamey, déclaré persona non grata par les nouveaux dirigeants du pays, est, dénonce le président Emmanuel Macron, «pris en otage». Selon le chef de l'État français, il est condamné à se nourrir de «rations militaires» depuis qu'un blocus a été établi autour de la représentation diplomatique, Paris ayant rejeté l'ultimatum au motif que seule une décision du président déchu Mohamed Bazoum serait «légitime». La France, en effet, ne reconnaît pas les nouveaux dirigeants du Niger, issus du coup d'État, et refuse leur décision d'expulser le diplomate Sylvain Itté dont Macron répète à qui veut l'entendre qu' «il fera ce que nous conviendrons qu'il fasse avec le président Bazoum, seule autorité légitime» et avec lequel il aurait un entretien téléphonique quotidien. Or, Bazoum est en détention et le CNSP, organe constitué au lendemain du putsch par les chefs militaires nigériens, envisage même de le déférer devant la justice. Cette position rigide du président français irrite au plus haut point les Nigériens mais pas seulement, tant elle conforte le sentiment qui se généralise partout au Sahel face à un «paternalisme» néocolonial qui inscrit l'ancienne puissance coloniale dans un véritable cercle vicieux. Il semble que la leçon n'a pas encore été tirée depuis que les opérations Barkhane et Sabre ont été chassées du Mali et du Burkina, ne laissant aux militaires et aux diplomates français que leurs homologues nigériens comme «alliés» et interlocuteurs obligés. Mais la pression de la rue, née voici deux ans à Bamako puis à Ouagadougou, s'est largement étendue dans toute la région sahélienne et il y avait donc peu de chance pour qu'elle épargne le Niger voisin, lui aussi confronté à un terrorisme florissant malgré la présence depuis une décennie des opérations Barkhane et autres. Par-delà cette impression d'être prise au piège, la France nourrit la certitude que tout ce qui arrive n'est que le résultat d'un travail de sape qu'aurait mené la société russe privée Wagner, à croire que celle-ci dispose d'un artifice capable de mobiliser des foules entières contre la présence de ses troupes. Que disait le général vietnamien Giap à ce propos, au lendemain de Diên Biên Phu? «Le colonialisme est un mauvais élève». L'épée brandie par la Cedeao, sous la pression plus que probable, de l'ancienne puissance coloniale, n'a pas encore tranché dans le vif et tout porte à croire que l'intervention militaire devient de plus en plus aléatoire, tant elle comporte des risques majeurs pour l'ensemble de la région ouest-africaine et sahélienne. De même, le soutien attendu de l'UE et des États-Unis demeure purement formel, voire prudent. Washington a mis en oeuvre une approche beaucoup plus réaliste et pragmatique pour son retour dans le continent africain et n'a aucune raison de contrecarrer ses propres objectifs. Tout le monde est désormais aligné sur le discours qui prône la solution diplomatique de la crise, ainsi que l'a expressément soutenu la diplomatie algérienne. Tandis que les États-Unis ont repris les vols de surveillance au Niger, les forces françaises restent clouées au sol et Paris n'a pas trouvé mieux que d'annoncer la fin des visas culturels pour les Maliens, les Burkinabé et les Nigériens, soulevant une tempête sur les réseaux sociaux. Le rétropédalage immédiat va-t-il suffire à calmer la vindicte. Rien n'est moins sûr, le Burkina venant d'exiger le départ de l'attaché militaire français.

Mali, Burkina et Niger scellent une alliance
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont signé samedi une charte établissant une alliance défensive, ont annoncé à Bamako, capitale du Mali, les délégations ministérielles des trois pays. Cette «Charte du Liptako-Gourma» a créé «l'Alliance des États du Sahel» (AES), a écrit sur X (ancien Twitter) le président de la transition au Mali, Assimi Goita. Son but est «d'établir une architecture de défense collective et d'assistance mutuelle», a-t-il souligné. La Charte prévoit (art 6) que «toute atteinte à l'intégrité du territoire d'une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d'assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l'emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l'espace couvert par l'Alliance»...

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