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Turquie

Dix anciens amiraux arrêtés pour critique d'un projet d'Erdogan

Une enquête a été ouverte contre les militaires à la retraite pour «réunion visant à commettre un crime contre la sécurité de l'Etat et l'ordre constitutionnel», selon le bureau du procureur. Parmi les détenus, figure le contre-amiral Cem Gürdeniz, le «père» de la doctrine controversée de la «patrie bleue».

Dix amiraux turcs à la retraite ont été arrêtés, hier, pour avoir critiqué avec d'autres anciens officiers, le projet d'un nouveau canal à Istanbul cher au président turc, dans un pays où la moindre incursion des militaires en politique réveille le spectre de coups d'Etat passés. Selon le bureau du procureur général d'Ankara, les dix amiraux retraités ont été placés en garde à vue. Ils font partie des 104 signataires d'une lettre ouverte alertant contre la menace que pourrait représenter selon eux le projet de «Canal Istanbul», porté par le président Recep Tayyip Erdogan, pour un traité qui garantit le libre passage par le détroit du Bosphore. Quatre autres anciens officiers ont aussi été visés par des mandats d'arrêt mais n'ont pas été interpellés en raison de leur âge. Ils ont reçu l'ordre de se présenter à la police d'Ankara dans les trois prochains jours pour déposer. Une enquête a été ouverte contre les militaires à la retraite pour «réunion visant à commettre un crime contre la sécurité de l'Etat et l'ordre constitutionnel», selon le bureau du procureur. Parmi les détenus, figure le contre-amiral Cem Gürdeniz, le «père» de la doctrine controversée de la «patrie bleue» prévoyant l'établissement de la souveraineté turque sur de larges pans de la Méditerranée orientale. Les autorités turques se basent sur la doctrine de M. Gürdeniz pour justifier leurs ambitions maritimes à l'origine des tensions entre la Turquie et la Grèce. De hauts responsables turcs ont condamné la lettre ouverte signée par les amiraux retraités, estimant que son ton s'apparentait à celui d'un «coup d'Etat». «Il y a une différence entre exprimer ses idées et faire une déclaration sur un ton de coup d'Etat», a dénoncé dimanche le président du parlement Mustafa Sentop. «Nous allons lutter contre cette mentalité obscure. Il n'existe aucun pouvoir au-dessus de celui de la volonté de la nation», a réagi hier le ministre de la Justice Abdulhamit Gül.
L'intervention des militaires dans la politique reste un sujet sensible en Turquie où l'armée, se définissant comme le garant de la laïcité, a mené trois coups d'Etat entre 1960 et 1980 et a longtemps eu une influence déterminante sur les gouvernements. Après avoir mené des réformes ayant considérablement réduit le poids des militaires, le chef de l'Etat turc a survécu en juillet 2016 à une tentative de coup d'Etat mené par des militaires factieux, qu'il a imputée aux partisans du prédicateur Fethullah Gülen, basé aux Etats-Unis. La lettre des anciens amiraux est considérée comme l'intervention de militaires la plus importante en politique depuis lors. L'approbation par la Turquie, le mois dernier, de plans visant à développer à Istanbul un canal de navigation comparable à ceux de Panama ou de Suez a ouvert le débat sur la Convention de Montreux. «Canal Istanbul» est le plus ambitieux de ce que le président Erdogan appelle ses «projets fous», qui l'ont vu transformer l'infrastructure de la Turquie avec de nouveaux aéroports, ponts, routes et tunnels au cours de ses 18 années au pouvoir.
Le gouvernement argue que ce canal permettrait de doter Istanbul d'un nouveau pôle d'attractivité en plus de soulager le Bosphore, l'un des détroits les plus congestionnés du monde. Mais les opposants affirment qu'outre son impact sur l'environnement, le projet pourrait compromettre la Convention de Montreux, datant de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, aussi bien en temps de paix que de guerre. Dans leur lettre ouverte, les 104 amiraux à la retraite ont affirmé qu'il était «inquiétant» d'ouvrir un débat sur le traité de Montreux, estimant qu'il s'agit d'un accord qui «protège au mieux les intérêts turcs». «Non seulement ceux qui ont signé, mais aussi ceux qui les encouragent, devront rendre des comptes devant la justice», avait déclaré dimanche sur Twitter Fahrettin Altun, chef de la communication du président Erdogan. Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, du parti d'opposition CHP, est lui aussi un farouche opposant au projet Canal Istanbul pour des raisons financières et environnementales. Une enquête administrative a été ouverte en novembre à son encontre pour avoir déployé des affiches à travers la ville contre la construction de cette voie maritime.

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