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LIBYE: LE TEMPS DES INCERTITUDES

Chute d'une dynastie en plein envol

La mort de Mouamar El Gueddafi a mis un terme à une saga familiale unique dans le Monde arabe et en Afrique.

Grandeur et décadence! Telle est l'épitaphe qui sied à un homme qui marqua de son empreinte quatre décennies de l'histoire de la Libye. Au moment où le peuple libyen tourne la page El Gueddafi, il est opportun de retourner sur le parcours d'un homme effectivement «hors du commun» qui réussit à mettre sous le joug son peuple. El Gueddafi a été le plus jeune chef d'Etat arabe et africain, en prenant le pouvoir le 1er septembre 1969, - jeune militaire, il avait à peine 27 ans - en déposant le roi Idriss 1er. Le capitaine El Gueddafi a fait, depuis, son chemin.
Et quel chemin! Mouamar El Gueddafi est issu de la puissante tribu des «Gueddaf Eddam» dont le colonel El Gueddafi n'est pas peu fier d'en expliquer la signification laquelle, selon lui, signifie «buveur» de sang. De fait, la saga des Gueddafi commence après le mariage du jeune Mouamar qui épouse en 1972, en seconde noce, Safia el-Brassaï, issue elle-même de la puissante tribu des Brassaâ (est de la Libye), ancienne alliée de la cour des Senoussi et du roi Idriss 1er. L'apport des Brassaï renforce le pouvoir naissant de Gueddafi. Notons que Mouamar El Gueddafi avait épousé en 1970, Khaïria Ennouri avec laquelle il eut un fils, Mohamed. Celui-ci passait pour être timide et plutôt effacé. Tout le contraire des enfants de Safia el-Brassaï. Ce qui ne l'empêcha pas de devenir un personnage important dans l'organigramme de la saga des Gueddafi (Mohamed El Gueddafi est actuellement réfugié en Algérie). El Gueddafi divorça donc d'avec Mme Ennouri en 1972. C'est, pour ainsi dire, son second mariage, de par son alliance avec une grande tribu libyenne, qui lancera sa carrière et lui ouvrira les portes de la gloire, lui servant de tremplin en même temps qu'il lui permet de préparer sa succession.
De fait a une dynastie se mettait en place. Sans avoir jamais évoqué le problème de la succession, El Gueddafi semblait, en tout état de cause, voir loin. Il eut donc plusieurs enfants avec Safia el-Brassaï dont une fille, Aïcha. Seif el-Islam El Gueddafi (dont on n'a aucune nouvelle quant à son sort), l'aîné de la fratrie Gueddafi et des fils de Safia El Gueddafi, est aussi le plus médiatique et le plus connu des enfants du «Guide» libyen suivi par El Saadi (réfugié depuis un mois au Niger), Moatassem Billah (tué jeudi en même temps que son père à Syrte), Hannibal (réfugié en Algérie), Seif el-Arab (tué en avril lors du bombardement de Bab El Aziziya) et le dernier Khamis (tué au combat à la fin du mois de septembre à Zaouiyah).
Notons que la famille El Gueddafi adopta une fille, Hana, vraisemblablement tuée en avril 1986 lors du bombardement de Tripoli par l'aviation américaine. Parmi la smala El Gueddafi ressortent particulièrement Seif el-Islam, El Saadi (président à 26 ans de la Fédération libyenne de football et du club de football Ahly Tripoli) et Hannibal, connu pour ses frasques dans les capitales européennes, dont la dernière en date avait occasionné une longue crise diplomatique entre la Libye et la Suisse. Hannibal est l'enfant gâté de la famille Gueddafi, aimant le luxe, fréquentant les palaces parisiens et londoniens, laissant des traces sulfureuses sur son passage.
Le second des fils Gueddafi, impétueux, ayant soif de pouvoir, a fait carrière dans l'armée où il a été l'un des hauts gradés de l'armée libyenne. Trop brouillon et surtout trop voyant, El Saadi, aura surtout, en contraste, l'envergure de Seil El Islam qui, dans l'ombre de son père, creusait patiemment son trou. Président de la Fondation El Gueddafi (Gaddafi International Charity Foundation (Gicf), il eut son heure de gloire en faisant libérer à la fin des années 1990, des otages occidentaux détenus par les islamistes philippins sur l'île de Jolo. Mais contrairement à Hannibal et El Saadi, Seif El Islam n'aime pas les feux de la rampe et préfère les salons cossus et feutrés dans les grands palaces européens. Il a vécu, indique-t-on, entre la capitale autrichienne, Vienne (où la famille dispose des villas) et Tripoli. C'est un peu le théoricien de la famille Gueddafi, volontiers austère et posé.
Mais qui sait être, à l'occasion, inflexible. Comme il le montra au début de la crise, lorsqu'il mit en garde le peuple libyen, le sommant de choisir entre la construction «d'une nouvelle Libye» (entendre avec les Gueddafi) ou l'aventure de plonger le pays dans la «guerre civile». Mais peut-on en fait prévoir ce qui sera? Sept mois, jour pour jour, après le début de la crise en Libye, la mort de Mouamar El Gueddafi, ex-maître sans partage du pays, a mis un terme à une saga familiale unique dans le monde arabe et en Afrique. Ainsi, finissent, un jour ou l'autre, les tyrans. Le bilan est là, désastreux! Le clan El Gueddafi ne voulait rien céder quitte à commettre un génocide.
Le retour de manivelle aura été terrible pour une famille qui avait tout gagné mais qui n'a pas su raison garder et surtout qui n'a pas compris que le vent a tourné.

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