YENNAYER 2962: ORAN
La tradition est de retour
Le péjoratif «Kabyle d'Oran» ou encore le vocable «Zouaoui» sont définitivement bannis des débats locaux laissant place à la cohabitation des cultures et des traditions ancestrales.
Dans une véritable prise de conscience culturelle et identitaire, la ville des deux lions, «Ihrane (Wahrane)» célèbre ces dernières années le Nouvel An amazigh. Se reconnaissant en tant qu'Amazighs d'Algérie, les Oranais et à l'instar de leurs concitoyens du reste du pays, jubilent, pendant toute une semaine, du fait que cette tradition, qui a quelque peu disparu durant les années 1960 et 1970, soit revenue et célébrée en grande pompe le 12 janvier de chaque année et ce, durant les deux dernières décennies.
L'honneur revient à l'association Numidia qui a bravé tous les interdits en déterrant une tradition ancestrale tandis que le Haut Commissariat à l'amazighité est venu en appoint donnant une dimension internationale à une événement international puisque celui-ci est rentré en vigueur 50 ans avant Jésus-Christ lorsque le roi Chachnak avait siégé en tant que patron des Oasis égyptiens de Siwa.
L'événement est plus que culturel puisque celui-ci porte dans ses dimensions la valorisation du patrimoine historique dont regorge cette terre à la civilisation enracinée.
Le péjoratif «Kabyle d'Oran» ou encore le vocable «Zouaoui» sont définitivement bannis des débats locaux laissant place à la cohabitation des cultures et des traditions ancestrales. Nombreux sont ces Oranais qui n'hésitent pas à venir prendre part à une festivité fièrement célébrée.
Un riche programme est à cet effet concocté.
Ce dernier, qui s'étalera du 10 au 14 du mois en cours, aura pour cadre la médiathèque, le Théâtre régional(TRO), ainsi que dans certains centres culturels d'El Bahia.
Près de 200 personnes prendront part aux festivités.
Le programme proposé est très riche et certaines activités sont d'une grande originalité tel le défilé-déguisement qui a eu lieu hier à la place «El Kahina».
Aussi, les handicapés et les pensionnaires du centre des personnes âgées auront à déguster un dîner préparé dans les traditions de l'ouest du pays.
D'autres populations célèbrent collectivement le Nouvel An amazigh et ce, dans leurs villages et domiciles. C'est le cas de la localité de Béni Senous dans la wilaya de Tlemcen.
En effet, sur les hauteurs des montagnes de Lakhmis, les populations sortent au crépuscule pour fêter Yennayer dans un climat digne du carnaval à haute symbolique.
Des jeunes, le visage masqué avec de petites peaux en cuir, sillonnent les artères du village en souhaitant une année fertile et fructueuse aux populations locales. Lors de cette sortie, les jeunes accèdent à l'intérieur de toutes les habitations du village sans qu'un refus ou une opposition ne leur soit signifiés.
A Mascara, la célébration du Nouvel An berbère est entrée dans les moeurs et les traditions de la région de Béni Chougrane.
La journée du 12 janvier est célébrée en famille de différentes manières. La grand -mère, prépare un mélange appelé localement El Midouna ou El Mkhalat qu'elle offre à ses petits-enfants.
Le lendemain, les voisins s'échangent des mets traditionnels comme le berkoukès aux abats de mouton soigneusement conservés depuis l'Aïd El-Adha.
Des familles, gratifiées par une nouvelle naissance masculine le jour du Nouvel An, coupent les cheveux du nouveau-né pour la première fois et ce, dans une cérémonie à laquelle prendront part le maximum d'invités, la finalité étant de partager les joies de la fête.