L'Expression

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Et l'eau!

«Quand je suis dans l'eau, j'ai des idées. Quand j'en suis sorti, je sèche.» Roger Pierre

Ce n'est pas faute de m'être levé du mauvais pied: chaque matin, au saut du lit, je prends toujours la précaution de maudire le nom du malin en employant la fameuse formule apprise dans mon enfance. Mais ce matin, rien n'y fit! Je n'ai pas le moral. Est-ce parce que je suis resté pendant trois jours, privé de la connexion Internet, d'avoir fait la chaîne pendant une heure devant la station Naftal pour faire le plein? Non! La raison est toute autre: le robinet de ma salle de bains a refusé de pleurer ce matin et de chanter la douce chanson de l'eau vive. Cela doit être des travaux d'une urgence extrême qui sont à l'origine de cette coupure. Un comble! Dire qu'il n'y a pas longtemps, notre Radio nationale que je préfère évidemment à notre Télé, nous a rappelé «les énormes sacrifices consentis par notre très cher (vraiment très cher!) gouvernement qui sue sang et eau pour que nos robinets ne cessent de gazouiller comme des ruisseaux d'avril». D'abord, je reconnais que depuis le début des années 1980, si l'on excepte la parenthèse sanglante des années noires, les gouvernements successifs ont fait, avec l'argent du peuple bien sûr, des efforts pour arroser chaque citoyen de ce liquide providentiel qui ne tombe plus du ciel comme jadis, après une bienfaisante pluie mais qui peut venir de la mer après avoir subi maints traitements de blanchiment qui le font ressembler à l'eau de source, comme deux gouttes d'eau, à l'eau traditionnelle. Evidemment, en tout ce qui concerne le palais, je préfère avant tout le goût de la tradition! Pourtant, il y a des gens qui ne respectent pas une denrée aussi précieuse: j'ai des voisins peu délicats, des chauffards pervers qui ont un véritable culte de leur voiture et qui passent leurs journées creuses à baigner leur tacot, à savonner leur guimbarde, à astiquer leur épave roulante et tout cela en plein air; à la face du ciel! Quel gaspillage! Cela se voit qu'ils sont nés en ville, là où il suffit d'un geste anodin (tourner un robinet) pour que l'eau sur-chlorée se mette à chanter en faisant siffler le robinet. D'abord, j'ai remarqué durant ma courte vie (on trouve toujours sa vie trop courte même si on est sur la longue route du troisième âge) que les ménagères accueillent différemment la chute de l'eau: soit elles froncent les sourcils parce qu'elles en ont assez de faire tous les jours les mêmes gestes répétitifs ou alors elles sourient si le chuintement du robinet survient après une coupure inopinée de deux jours qui a laissé sur le potager une énorme pile d'assiettes sales, car, qu'il y ait de l'eau ou non, les estomacs n'arrêtent pas de travailler. Certaines ménagères, celles qui viennent de la campagne ou de la montagne, connaissent leur bonheur quand elles évoquent les rudes corvées quotidiennes, quand il s'agissait d'aller chercher l'eau à la fontaine ou la tirer du puits... Et comme par hasard, 95 fois sur 100 (comme dirait Brassens), c'est toujours la femme qui est astreinte à la corvée d'eau. Comme si c'était écrit sur son joli front précocement ridé. Je veux bien croire que les nymphes qui habitent les eaux sont des femmes mais de là à... il ne faut pas exagérer! En attendant, faute de citerne, je me console en me rappelant la fontaine de mon village natal qui coule sans interruption depuis que j'ai fait sa connaissance et qui éveille toujours en moi, les notes cristallines de la première chanson apprise à l'école: «A la claire fontaine».

De Quoi j'me Mêle

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