Nina Bouraoui sélectionnée pour deux prix
Grand seigneur ou un père algérien
Encore une écrivaine d’origine algérienne qui se distingue de fort belle manière et dont le dernier roman vient d’être nominé pour l’obtention de deux prix littéraires. Il s’agit du prix Marcel Pagnol et du prix Vaudeville.
Le livre sélectionné porte pour titre Grand seigneur» et a été publié aux éditions « J C Lattès». Il s'agit d'un roman totalement autobiographique.
L'auteur y revient sur l'un des plus grands drames ayant frappé sa vie: la mort de son père.
Un décès qui engendra une douleur indicible à la romancière. C'est cette affliction profonde et le deuil qui ont poussé Nina Bouraoui à prendre sa plume et à la tremper dans ce malheur afin de s'exorciser. C'est dans la puissance des mots et dans leur magie que Nina Bouraoui a puisé la force de continuer, d'aller de l'avant et de supporter la mort de l'être le plus cher. Cet épisode sert de fil conducteur pour le nouveau roman de Nina Bouraoui. Elle en parle pour «retrouver son père ou qu'il lui adresse un signe». Elle dépeint ce père parti trop tôt pour un monde meilleur. Elle dresse son portrait. Elle parle du père présent puis soudain absent. Et pour toujours.
La force des souvenirs est décrite avec le talent incontestable et l'âme poétique de Nina Bouraoui, qui est l'auteur de plusieurs grands romans. Ce roman est une occasion pour Nina Bouraoui pour revenir sur son enfance en Algérie et ses souvenirs indélébiles.
Dans ce témoignage romancé, poignant et prégnant, Nina Bouraoui écrit: «Je ne sais pas ce que déclenche la mort d'un père, je ne sais pas si je vais me briser me tordre ou grandir, m'élever. Je sais que je vais devenir une autre personne, j'espère être meilleure, progresser, j'espère ne jamais perdre ma douceur et mon étonnement sur le monde, j'espère que je saurai remplacer ce qui va désormais me manquer. (...) Il y aura une force nouvelle et inconnue parce que je ne veux pas tomber.». Nina Bouraoui réussit la prouesse d'écrire à la fois un livre sur sa vie et sur celle de père. En effet, les souvenirs y sont enchevêtrés montrant ainsi à quel point le père et sa fille étaient attachés. Viscéralement. On est tantôt à Paris et tantôt à Alger. L'histoire, surtout telle que narrée par la talentueuse Nina Bouraoui, est bouleversante. Nina Bouraoui, qui naquit le 31 juillet 1967, à Rennes, est de père algérien (Jijel) et de mère bretonne. Son oeuvre est marquée par la nostalgie, et les racines mais aussi par la crise identitaire et l'écriture. C'est à Alger que Nina Bouraoui passa sa prime enfance. Elle y vécut jusqu'à l'âge de quatorze ans. Par la suite, elle vécut à Paris, Zurich et Abou Dhabi. Elle a étudié, à Paris, la philosophie et le droit. Mais son amour pour l'écriture s'empara d'elle de manière «fatale».
«La voyeuse interdite», son premier roman, qui parait en 1991, connut un immense succès. Elle n'avait alors que 24 ans. Elle reçut le prix du Livre Inter.
Au fil et à mesure que son oeuvre s'enrichit, Nina Bouraoui s'imposa sur la scène littéraire internationale et ses romans furent traduits dans une quinzaine de langues.
Dans plusieurs romans, l'Algérie est très présente. C'est le cas? notamment dans son roman «Sauvage» où l'Algérie constitue le théâtre de l'idylle entre Alya et Sami.
De 1991 à 2024, elle a publié 20 romans et des dizaines de textes divers.
En 2005, elle reçut le prix Renaudot pour son roman Mes mauvaises pensées.