L'Expression

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«Il a tué mon mari !»

La route continue à tuer « impunément » ! L’accident du week-end dernier a fait 6 morts à El Khaither (Saïda).

Malgré les gros efforts consentis par l'Etat, en premier lieu, les services de sécurité, en second lieu, les morts et blessés graves continuent d'allonger le nombre de «morts et blessés, souvent pour rien»! Imaginez la personne qui quitte son domicile, sa femme, ses enfants et les siens, de bonne humeur, ne sait pas qu'il ne reverra pas du tout sa famille, ses amis et ses collègues qui, eux, seront là pour l'accompagner à sa dernière demeure.
Le juge était serein lorsqu'il a vu la veuve, un fichu sur ses frêles épaules et un autre plus petit sur sa tête, ne laissant apparaître qu'un visage émacié et marqué par un deuil récent. Elle s'approcha à petits pas mesurés de la barre, qu'elle n'aurait jamais connue sans la regrettable mort brutale de son époux qui a laissé au passage, trois fillettes en bas âge.
La greffière appelle le détenu, inculpé d'homicide involontaire, fait prévu et puni par l'article 288 du Code pénal qui prévoit une peine d'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 1000 à 20 000 dinars.
Mais, il y a aussi l'article 390, qui regarde ce cas d'espèce: «Les peines prévues dans les articles 288 et 289 sont portées au double lorsque l'auteur du délit a agi en état d'ivresse, ou a tenté soit en prenant la fuite, soit modifiant l'état des lieux, soit par tout autre moyen, d'échapper à la responsabilité pénale ou civile qu'il pouvait encourir.» L'inculpé a non seulement bu avant de prendre le volant, pour écraser au passage un piéton âgé de 56 ans qui traversait la route à 20 m d'une... passerelle! Un détail qui pouvait peser lourd au moment des délibérations du juge, n'était-ce l'état d'ivresse manifeste du chauffeur abattu durant tout le procès. Ah, ce remords en retard!
Le président appelle l'inculpé «D.N., un chauffeur de taxi qui, une fois le travail terminé, gare son taxi, son gagne-pain et prend le volant de l'auto, de son beau-frère, direction le bar des copains où il s'embarquera aveuglément dans la felouque de «Bacchus» qui l'enverra en enfer.
L'emprisonnement lui ouvrira les bras!» Le juge fera un commentaire qui emballera l'assistance: «Savez-vous qu'il n'est pas interdit de consommer de l'alcool? Mais, il est formellement interdit de boire
et de prendre le volant, conduire et être la cause d'un drame! On appelle cela ‘' la conduite en état d'ivresse ‘' et la loi n'est pas magnanime avec les auteurs de ce délit!» La veuve veut placer un mot.
«Madame, tout à l'heure.» S'adressant à l'inculpé, le juge marmonne: «Combien avez-vous bu de bouteilles cet après-midi? Parce qu'en lisant le taux d'alcoolémie, nous avons une nette idée sur le nombre!» Demande le président. «12 bières et 15 verres de vin!» répond sans ton, l'inculpé. Le juge hoche la tête avant de jeter: «On peut dire, sans se tromper, que 12 et 15 ont donné un mort affreusement mutilé!».
Et de se reprendre tout de suite, comme pour se faire pardonner le parti pris, un affreux accident je le confirme!» A ce moment-là, la veuve s'écrie: «Cet homme a tué mon mari!».
Le magistrat rectifie sans ambages: «Votre mari a été victime d'un accident! Le juge se fâchera lorsque l'inculpé s'exclamera:
- «J'étais mis en confiance quand j'ai vu la passerelle. Le pauvre homme ne l'avait pas empruntée, et... je...
- Du calme! Ne faites surtout pas de commentaires que vous regretterez par la suite.
- C'est la vérité! Il n'a pas emprunté la passerelle!» Insiste l'inculpé. Ces envolées serviront l'inculpé lorsqu'il sera condamné à six mois d'emprisonnement dont deux, fermes!

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