L'Expression

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La belle-mère et la bru

Lorsque Hocine Hamdi, le vieux greffier appela les antagonistes à la barre, un étrange remue-ménage, se produisit, dimanche dernier, dans la salle d’audience du tribunal d’El Harrach (cour d’Alger).

Walid Kouici, le jeune président de la section pénale du tribunal d’El Harrach, n’était pas encore revenu des fortes « émotions », ramassées lors de la prise au collet d’un très jeune couple, qui s’est revu à la barre, après une fâcheuse rupture, une affaire de « coups et blessures » entre deux membres d’une même famille, en l’occurrence, la bru et la belle-mère, était la 12e affaire «non-détenus», du jour. L’article 264 du Code pénal dispose que : « Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s’il résulte de ces sortes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours, est d’un emprisonnement d’un (1) an à cinq (5) ans et d’une amende de cent mille (100000) DA à cinq cents mille (500000) DA.
Le coupable peut, en outre, être privé des droits mentionnés à l’article 14 de la présente loi pendant un an au moins et cinq ans au plus. Quand les violences ci-dessus exprimées ont été suivies de mutilation ou de privation de l’usage d’un membre, cécité, perte d’un œil ou autres infirmités permanentes, le coupable est puni de la réclusion à temps, de cinq à dix ans. Si les coups portés ou les blessures faites volontairement mais sans intention de donner la mort l’ont pourtant occasionnée, le coupable est puni de la peine de réclusion à temps, de dix à vingt ans. » Durant leurs courtes interventions, les deux avocates soulevèrent l’admiration, en jouant surtout, l’apaisement. « C’est presque sa mère ! », s’est écriée Me Souhila Mohamedi, le conseil de l’inculpée. Sa jeune consœur, fut, elle aussi, conciliante, avec cependant, ceci de particulier, en lançant en direction de Kouici, le juge :
« Nous demandons une cessation des hostilités à la maison. Pour ce qui est des réponses agressives, lorsque vous aviez demandé, l’arrêt des histoires des coups et blessures, elle avait répondu gauchement. Elle avait répondu par : « Je ne l’ai jamais battue. Elle en rajoute ... Et je vais vous dire devant tout le monde qu’elle ment… car elle... »
- On ne dit jamais de sa bru, elle ment, mais plutôt un poli, «elle ne dit pas la vérité. C’est compris ? » dit, avec un large sourire, qui illumine son beau minois, le président.
« —-Vous pouvez même demander pardon à votre bru, il n’y a aucune honte à le faire ! Le tribunal peut prendre en considération votre honorable geste, et peut aller vers de larges circonstances atténuantes. Alors, on y va ? Il faut être un peu tolérant !
- Je suis une vieille femme ! M. le président, ne me blessez pas ! Et…
- Le tribunal n’a blessé personne! Nous avons là, sous les yeux, tous les ingrédients pour vous envoyez purger une peine d’emprisonnement ferme, alors n’exagérez point. En ce moment, il n’y a qu’une seule victime : ce sont vos
familles ! » tonne le magistrat au bord de la colère, mais il se maîtrisa vite, car il sait par expérience qu’un juge ne doit jamais se révolter, ou se mettre dans un état qui l’ empêcherait de continuer son audience. L’inculpée baisse la tête de honte, surtout depuis qu’elle a reconnu, assis parmi l’assistance, des voisins, et quels bavards voisins ! De véritables pies toujours prêtes à papoter, sur tout ce qui bouge ! Elle se recroqueville tel un escargot, fait même le dos rond d’un chat de gouttière, sous le soleil de cette fin décembre 2023, et marmonne des trucs que seuls les magistrats en saisissent le sens. En levant les yeux dans la direction du duo « lézardé », le président est subitement aux anges.
Il a remarqué une baisse de tension chez les deux dames, donc, c’est le pardon mutuel ; c’est à prendre, avec sérieux. Ira-t-on vers une inespérée réconciliation? L’issue serait donc, très proche. En attendant le verdict, l’an prochain en 2024, le 7 janvier, la vieille femme, murmure :
« - Je regrette, et je demande pardon à ma belle-fille. Qu’Allah me pardonne ! Je suis sincèrement désolée. Je veux rentrer en compagnie de ma chère bru ! » Lança, courbée, l’inculpée, qui quittera le tribunal en compagnie de Me Souhila Mohamedi, qui l’avait vaillamment soutenue et bien défendue.
- À la bonne heure ! Vous voyez ? Il suffit de rien du tout pour s’entendre. »
« M. le procureur, vos demandes, SVP ? Intervient le président.
- Application de la loi !» marmonne le parquetier qui voulait par-là, déléguer ses demandes au seul juge du siège, et aller dans le même sens, bien placé pour trancher dans ce « petit » problème familial, devenu immense par la faute d’absence de dialogue. La mise en examen est fixée au 7 janvier 2024.

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