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Cette richesse qui ruine un pays!

Le téléphone portable fait partie de nos fêtes. Mais que savons-nous de lui? De son histoire? Des humains qu'il fait souffrir? Des trafiquants qu'il engraisse? De sa fabrication qui est une véritable tragédie? Suivez-nous...

Odeurs de miel et d'habits neufs. L'Aïd n'est pas très loin. Ce jour-là et en plus du cérémonial traditionnel que tout le monde connaît, une récente pratique a fait irruption avec un immense succès. Vous l'avez deviné, il s'agit de la place du téléphone portable dans la célébration de l'Aïd. En quelques années il a réussi, avec fulgurance, l'exploit d'être dans toutes les poches. Dans toutes les mains. Il a même réduit les visites familiales pourtant sacrées jusque-là. Nombreux sont ceux qui se souhaitent bonne fête à l'aide du portable. D'ailleurs, à certaines heures de la journée, tous les réseaux des différents opérateurs sont saturés. C'est pourquoi nous avons choisi, cette fois, de voir plus près cet instrument qui a bouleversé nos habitudes. Que savons-nous du portable? Savons-nous que s'il fait le bonheur de l'humanité, il est, en même temps, la malédiction pour tout un peuple? Pour mieux comprendre, il faut savoir que les portables, tous les portables qui se fabriquent dans le monde le sont avec le tantale. Une matière première que l'on extrait du coltan (abréviation de colombite et de tantalite) une richesse naturelle de la République démocratique du Congo qui couvre 80% de la demande mondiale. Le Coltan, donc, est un minerai duquel est obtenu le tantale considéré comme un métal stratégique. L'industrie aéronautique pour les réacteurs et l'industrie de la téléphonie mobile se partagent cette matière première qui fait tourner leurs usines. Une matière que l'on trouve très peu en Australie, au Brésil, au Canada, en Chine mais dont les importantes réserves mondiales se trouvent au Congo-Kinshasa, comme on appelait la RDC à l'ère de Mobutu. Plus précisément dans la région de Kivu. Une richesse qui fait le malheur des Congolais. Les contrebandiers, la corruption, des armées de pays voisins, tous convergent pour piller cette ressource avec la bénédiction des multinationales qui explique le silence de ce qui est appelé «la communauté internationale». Il faut savoir que depuis son indépendance en 1960, la RDC n'a pas connu la paix et encore moins le développement. Le deuxième plus grand pays d'Afrique, après l'Algérie, le plus riche en diamant, en or, en cuivre, en cobalt et comme on l'a vu de coltan, ne possède aucune industrie de transformation. Tout ce qui est extrait va à l'exportation. Rapidement quelques chiffres. Le taux de mortalité maternelle qui était de 800 décès pour 100.000 naissances en 1990 est passé à 2000 décès pour 100 000 naissances actuellement.
L'espérance de vie est de 48 ans. Seule la moitié des enfants est scolarisée. 75% de la population n'a pas accès aux soins. Triste tableau pour un pays après plus d'un demi-siècle d'indépendance. On ne va pas ici «refaire» l'histoire. Le but est d'informer sur la misère des Congolais qui extraient ce fameux coltan qui est livré à l'industrie de la téléphonie mobile. Les mines sont à ciel ouvert. C'est la ruée vers «l'or». Des milliers de Congolais se sacrifient dans ce qui peut-être considéré comme une «chasse au trésor». Une fausse car le vrai trésor n'intervient qu'après leur travail. Donc, chacun de ces pauvres miséreux extrait en moyenne 1 kg de coltan par jour. Par mois, il «produit» entre 25 et 30 kg. Selon sa «performance», son «salaire» mensuel varie entre 40 et 200 dollars. C'est quatre à vingt fois le salaire classique d'un ouvrier congolais avec ses 10 dollars mensuellement. Le coltan se vend sur le marché international à 500 dollars le kg. La différence est empochée par la mafia qui encadre les extractions. L'Etat congolais est totalement absent de cette activité. Tout va dans les poches d'individus. Rien n'a changé depuis les diamants du Katanga qui avait fait sécession sous la houlette de Moïse Tshombé (son avion a été détourné vers l'Algérie en 1967 où il fut arrêté et emprisonné jusqu'à son décès par crise cardiaque deux années plus tard). Mobutu, qui lui avait succédé, n'a pas fait mieux. Quant au dernier président, Joseph Kabila, qui a succédé à son père, Laurent Désiré, assassiné en 2001, son règne n'a pas changé la vie quotidienne des 75 millions de Congolais. C'est la loi de la jungle. Du plus fort. Des trafiquants en tous genres. Le tout encouragé par les multinationales qui, pour rien au monde, n'accepteraient que la situation puisse changer. Pour maintenir l'anarchie, les conflits interethniques, intrusion des pays frontaliers, font partie de la désorganisation du pays, bénie par les grandes marques de portables. Voilà un pays, un peuple qui illustre à merveille comment ses richesses naturelles deviennent autant de malédictions en l'absence d'un Etat protecteur, fort et juste. N'est-ce pas une malédiction quand, devant tant de richesses naturelles, 80% des Congolais vivent au-dessous du seuil de pauvreté? C'est-à-dire avec 2 dollars par jour. Alors quand vous prendrez votre portable pour souhaiter bonne fête à vos proches, regardez bien l'appareil. Vous y verrez la sueur, les larmes et la misère de ses véritables «propriétaires». Bonne fête à toutes et à tous!

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