Le 20 Août, l'Algérie et les complots
Deux séquences glorieuses de notre passé. Comment appelle-t-on ceux qui voudraient tout détruire?...
Repères. L'Algérie est le seul pays au monde, avec le Vietnam, à avoir été obligé de recourir à la lutte armée contre une puissance étrangère qui avait annexé son territoire durant 132 ans. Une lutte sans merci qui aura duré près de huit années. Des années d'extrêmes souffrances, de sang, de larmes et un million et demi de chouhada. Commencé le 1er novembre 1954, le combat a connu plusieurs étapes. Le 20 Août 1955 et le même jour l'année d'après ont été des étapes parmi les plus cruciales. Après la mort au combat (le 18 janvier 1955, soit deux mois et demi à peine après le déclenchement de la révolution) de Didouche Mourad, l'un des chefs historiques, son adjoint, Zighout Youcef lui succède à la tête de la Wilaya II historique. Il démontrera ses grandes capacités de stratège en organisant l'offensive du 20 Août 1955 contre le pouvoir colonial. C'était la première grande bataille contre l'armée coloniale qui a dû augmenter ses effectifs en Algérie qui sont passés de 60.000 soldats en novembre 1954 à 120000 soldats juste après le revers qu'elle a subi le 20 Août 1955. Cette bataille a créé le point de non-retour d'une guerre qui a surpris la France et le monde entier par son ampleur et la détermination de tout le peuple algérien. L'unité nationale venait d'être sacralisée. La décision du chahid Zighout Youcef de passer à la vitesse supérieure était motivée par une situation intérieure marquée par un difficile début de la guerre de Libération nationale et un contexte international où la voix de l'Algérie venait de connaître une grande résonance à la conférence de Bandoeng (Indonésie) qui s'est tenue en avril 1955. La bataille du 20 Août 1955 est venue confirmer au monde entier, la détermination de tout le peuple algérien prêt à tous les sacrifices pour libérer son pays. Ceci est confirmé par les renforts dépêchés par la France qui a doublé le nombre de ses soldats en Algérie. Pas seulement puisque elle a dû, juste après, mettre fin au protectorat dû Maroc. Ce qui avec l'autonomie interne accordée à la Tunisie quelques mois auparavant, permettait à la France de concentrer toutes ses forces en Algérie. Ces deux pays voisins et frères ont ainsi bénéficié du soulèvement des Algériens. D'ailleurs, cela continuera puisque l'année d'après, jour pour jour, le 20 Août 1956 se tiendra le congrès de la Soummam, une autre étape marquante de notre lutte de Libération nationale et la confirmation de la sacralité de l'unité nationale algérienne. Ce jour-là, à Ifri, dans la vallée de la Soummam (commune d'Ouzellaguen) plusieurs dirigeants de la révolution se sont réunis pour structurer et organiser la révolution algérienne. Zighout Youcef (tombé au champ d'honneur un mois après, le 25 septembre 1956) est là avec à ses côtés, Larbi Ben M'hidi, Abane Ramdane, Krim Belkacem, Si M'Hamed Bougara, Amar Ouamrane et le chahid Amirouche qui commandait la zone ainsi que d'autres compagnons d'armes. Cette importante étape de notre guerre de libération s'est déroulée dans un contexte assez particulier où nos deux pays voisins (Maroc et Tunisie) venaient d'obtenir leur indépendance en mars de cette même année 1956. La France pouvait se consacrer à la seule guerre d'Algérie en y mettant toute son énergie. Nous pouvons être fiers d'avoir contribué à libérer nos voisins et frères de l'Est et de l'Ouest. Ils nous le rendront, à leur tour, en nous aidant du mieux qu'ils ont pu dans notre combat qui durera encore six autres et longues années. L'armée française a pu ainsi envoyer en Algérie près d'un million d'hommes sans compter les supplétifs (harkis) estimés à plus de 260000 hommes. Elle y a mobilisé 60 généraux, 700 colonels, 1500 commandants, etc. pour encadrer ses troupes et organiser la répression aveugle contre le peuple algérien. Il est toujours bon de rappeler ces moments douloureux, mais Ô combien instructifs, pour que nul n'oublie. Dans les circonstances particulières que nous vivons ces jours-ci, nos héros, nos chouhada ont dû se retourner dans leurs tombes. On pense particulièrement à Krim Belkacem, à Abane Ramdane, à Ouamrane, à Amirouche et comment ils auraient réagi devant le complot visant l'intégrité du territoire national. Nul doute qu'ils auraient eu recours aux méthodes révolutionnaires pour couper court à une telle tentative. Eux qui se sont sacrifiés pour chaque parcelle du territoire algérien. On pense à Ben Boulaïd, à Larbi Ben M'hidi, à Didouche Mourad, à Bougara et tous leurs compagnons d'armes, comment ils auraient réagi devant les tentatives d'atteintes à l'unité nationale. Sachant qu'ils avaient toujours placé l'Algérie au- dessus de toute autre considération et pour laquelle ils se sont sacrifiés, leur réaction est facile à deviner. Barrer la route par tous les moyens, aux semeurs de la «fitna». Oui, des moments comme le 20 Août, permettent d'interroger l'Histoire sur l'actualité immédiate!