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LA TERRE EN DANGER

Bali, un frein aux changements climatiques?

«Nous n´avons pas cette planète en héritage, nous l´empruntons seulement à nos arrières-petits-enfants.» A. de Saint-Exupéry

Dix ans après la conférence de Kyoto, qui s´était tenue le 10 décembre 1997, une nouvelle conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique a lieu à Bali du 3 au 14 décembre 2007. Depuis 1997, la donne a un peu changé: outre le fait que l´humanité tout entière a pris conscience que la Terre est en danger. De son côté, George Bush, au nom des Etats-Unis - gros pollueurs -, a toujours refusé de signer le protocole de Kyoto.
Selon les scientifiques, pour limiter le réchauffement à 2°C, il faudrait diviser par deux les émissions de GES d´ici 2050 (80% pour les pays industrialisés). Or, le protocole de Kyoto ne prévoit qu´une baisse de 5% des émissions de gaz à effet de serre dans les 38 pays les plus industrialisés pour 2008-2012. A titre d´exemple, un Américain envoie 20 tonnes de C02 dans l´atmosphère contre 8 tonnes par un Européen et 2 tonnes pour un Chinois. Un rapport publié par le National Environmental Trust (NET) indique que de nombreux états américains émettent individuellement plus de gaz à effet de serre (GES) que des centaines de nations en développement réunies. Le rapport, intitulé «Taking Responsibility» («Prendre ses responsabilités»), compare les émissions annuelles des Etats à celles des pays en développement et des pays développés. Les Etats-Unis émettent 29% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, contre 23% pour l´ensemble des pays en développement. De nombreux Etats américains rejettent plus de GES que plusieurs pays en développement. Par exemple: individuellement, 42 Etats américains émettent plus de C02 que 100 pays en développement. Même le Wyoming, l´Etat américain ayant la plus faible densité de population avec 510.000 habitants, émet plus de CO2 que 69 pays en développement où vivent 357 millions de personnes. Les 10 premiers Etats américains en termes d´émissions de GES sont comparés à des ensembles de pays en développement et quelques pays développés. Ainsi, le rapport indique que l´Etat du Texas émet plus de CO2 que le Royaume-Uni, où vivent près de 3 fois plus de personnes. Le Texas rejette également plus de CO2 que l´Italie, que la France ou que 116 pays en développement. La Californie, le deuxième Etat américain le plus pollueur, émet plus de GES que le Brésil, qui compte presque 5 fois plus d´habitants, ou que 106 pays en développement. (1).

Guerre civile mondiale

Le réchauffement climatique pourrait provoquer une «guerre civile mondiale» en exacerbant des tensions latentes entre des populations, estiment des experts dans un rapport rendu public, lundi 10 décembre, à Bali, au cours de la conférence internationale sur le climat. L´étude du Programme des Nations unies pour l´environnement (PNUE) est diffusée - ce n´est pas un hasard - le jour de la remise à Oslo du prix Nobel de la paix à Al Gore et au Groupe intergouvernemental d´experts sur le changement climatique (GIEC). La fonte des glaciers ou l´explosion du nombre de «réfugiés climatiques» due à la montée des océans est susceptible de déstabiliser des régions entières, expliquent les auteurs du rapport, selon lesquels «agir pour le climat est agir pour la paix». Les zones à risques identifiées sont nombreuses: l´Afrique australe, le Sahel, la Méditerranée, le sous-continent indien, la Chine, les Caraïbes et le golfe du Mexique, les Andes et l´Amazonie.(2)
Le rapport «trace un scénario crédible pour l´avenir», a mis en garde, lors d´une conférence de presse, Hans Schellnhuber, un des auteurs de l´étude, directeur de l´Institut de recherche sur l´impact du climat de Potsdam. «Si le réchauffement climatique n´est pas jugulé, des Etats fragiles et vulnérables, qui sont déjà aujourd´hui assez mal gérés, pourraient imploser sous la pression du réchauffement global, puis générer des ondes de choc vers d´autres pays», a-t-il estimé. Au sud du Bassin méditerranéen, par exemple, le rapport indique que le potentiel de crise politique et la pression migratoire vont s´intensifier, en conséquence de l´interaction entre manque d´eau, chute des rendements agricoles, forte hausse de la population et précarité des institutions politiques. Le secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, a appelé, lundi 10 décembre, à Bangkok, les puissances émergentes à accentuer leur lutte contre le réchauffement climatique. «Les pays en voie de développement doivent cesser de considérer le réchauffement climatique uniquement comme un problème d´environnement mais commencer à l´appréhender sous l´angle du développement», a-t-il dit. «Le changement climatique à l´oeuvre découle de pratiques de développement intenables. Et il constitue une menace sérieuse au progrès humain partout dans le monde et également ici en Asie», a déclaré M.Ban lors d´une conférence de presse à Bangkok.
Un nouveau rapport des Nations unies: «Le changement climatique et les conflits» révèle les risques et les points chauds probables. La lutte contre le changement climatique sera un thème principal de la politique de la paix au XXIe siècle. Si le problème du changement climatique n´est pas contrôlé, il est susceptible d´aggraver d´anciennes tensions et d´en déclencher de nouvelles dans certaines parties du monde qui pourraient sombrer dans la violence, le conflit et la guerre. Les zones à risque d´insécurité accrues sont notamment le nord et le sud de l´Afrique, ainsi que la région sahélienne et la Méditerranée.
Autrement dit, le changement climatique, y compris des événements météorologiques extrêmes tels que les impacts de la fonte des glaces, l´assèchement de grands systèmes forestiers et la hausse du nombre de réfugiés climatiques, risque de dépasser la capacité de gouvernance de nombreux pays. «Sans moyens de lutter, le changement climatique détruira les capacités adaptatives de nombreuses sociétés dans les décennies à venir. Cela pourrait entraîner de la déstabilisation et de la violence compromettant la sécurité nationale et internationale à un nouveau niveau». Parmi les points chauds régionaux. En Afrique du Nord: Les risques de crise politique et de pression migratoire intensifieront à la suite de l´interaction croissante entre la sécheresse et la pénurie d´eau, la forte croissance démographique, la baisse du potentiel agricole et la faible capacité politique pour résoudre les problèmes. Pour Gilles Biasette: "Conflits, famines, déplacements de populations: partout dans le monde, la rencontre de phénomènes climatiques et de problèmes humanitaires menace les équilibres régionaux. Au Brésil, les réfugiés du climat gagnent les bidonvilles. En 2004, les météorologues ont découvert un nouveau phénomène: pour la première fois, un cyclone se formait dans l´Atlantique sud, et s´en allait dévaster la côte sud du Brésil, dans la région du Rio Grande do Sul. Plus de 13.000 personnes se sont retrouvées sans toit après le passage de vents à 150 km/h, avec la conviction que Catarina n´était qu´une première, et que le Brésil devait se préparer à d´autres phénomènes de ce genre. Le sous-continent indien compte encore la moitié de sa population vivant de l´agriculture, soit près de 600 millions d´habitants, dont 60% sont largement dépendants des conditions pluviométriques. Les modifications de la mousson provoquent déjà des précipitations diluviennes ou des épisodes de sécheresse caniculaire. Selon les prévisions, l´accroissement de la température de 1°C ou 2°C peut entraîner une diminution moyenne d´au moins 10% de la production céréalière. En Chine, 300 millions d´habitants ont déjà rejoint les villes. Désertification au nord, inondations au sud, lacs et fleuves pollués, terres cultivables réduites, industrialisation à outrance et dévoreuse d´énergie, eaux usées et polluées, grands travaux d´infrastructures... ce cycle infernal, qui mêle phénomènes climatiques et croissance économique à deux chiffres, en Chine, menace, ces dix dernières années, l´équilibre global de la société chinoise. Au Mexique, les ouragans poussent les pauvres au départ vers les Etats-Unis. En Indonésie, des îles vont disparaître à cause de la déforestation à outrance. L´archipel indonésien compte près de 20.000 îles, dont 2000 pourraient disparaître d´ici à 2030, selon les experts, du fait des dommages environnementaux et de l´exploitation humaine. Au Darfour, la désertification a préparé le terrain du conflit.

Prise de conscience

«Le conflit au Darfour a commencé comme une crise écologique, résultant au moins en partie du changement climatique», écrivait en juin dernier le secrétaire général de l´ONU. Ban Ki-moon rappelait que la raréfaction de l´eau et des pâturages a rendu conflictuelle l´utilisation des terres entre cultivateurs sédentaires et éleveurs nomades. Et c´est ainsi qu´ont éclaté les premiers conflits armés. En égypte, la montée des eaux entraînera des mouvements de population Les études sur la montée du niveau des eaux sur la côte égyptienne prévoient qu´une portion considérable du nord du delta du Nil sera perdue en raison des inondations et de l´érosion des sols. Au Bangladesh, l´exode massif de la population est inéluctable. Le Bangladesh présente une vulnérabilité particulière au changement climatique. Ce pays de 147 millions d´habitants, à la démographie galopante, est menacé par la montée des eaux sur son littoral, phénomène qui contraindrait près de 15 millions de personnes à quitter la région pour trouver ailleurs de quoi subvenir à leurs besoins.(3)
Le prix Nobel remis à Al Gore et au Giec, lundi 10 décembre, témoigne d´une prise de conscience: les changements climatiques peuvent aussi entraîner des mouvements de population et des guerres. Au cours de la conférence de Bali, l´Europe, qui s´est engagée à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre d´ici à 2020, va donc s´efforcer de rallier à cet objectif les pays développés qui n´ont pas ratifié Kyoto, en tête desquels les Etats-Unis. «La menace climatique qui pèse sur la survie de nos civilisations exige une mobilisation universelle, prompte et ambitieuse», a dit l´ancien vice-président américain, Al Gore, prix Nobel de la paix. «L´issue sera influencée de manière décisive par deux nations qui n´en font pas assez aujourd´hui: les Etats-Unis et la Chine (...) Ce sont les deux principaux émetteurs de CO2, surtout mon propre pays, qui devront faire les gestes les plus audacieux sous peine d´être jugés par l´Histoire pour leur inaction», a déclaré M.Al Gore. "Les deux pays devraient cesser d´utiliser le comportement de l´autre comme une excuse pour bloquer "les efforts internationaux de réduction de gaz à effet de serre (GES) - au premier rang desquels le dioxyde de carbone (CO2) -, à l´origine de la montée du thermomètre", a-t-il affirmé. "Il est temps de faire la paix avec notre planète", a dit Al Gore. "Nous avons tout ce qu´il faut pour nous atteler à la tâche, sauf peut-être la volonté politique, mais la volonté politique est une énergie renouvelable", a conclu M.Al Gore.(4)
Pour parler de l´après-Kyoto, il faut savoir que très peu de pays ont respecté les contraintes à ne pas dépasser. Selon l´ONG allemande Germanwatch qui a publié le 7 décembre son classement annuel des performances climatiques des 56 pays les plus pollueurs de la planète, les deux pays qui font le moins d´efforts pour la protection de l´environnement sont l´Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Les conséquences des changements climatiques sont réelles. Pas question, en définitive - ambitions revues à la baisse du fait que les Etats-Unis ne veulent pas entendre parler de chiffres -, à Bali d´arrêter de nouveaux objectifs chiffrés, a rappelé M.De Boer, mais bel et bien "d´affirmer une ambition" conforme aux mises en garde des scientifiques. Celle-ci viserait une réduction souhaitable des émissions mondiales autour de moins 25 à moins 40% de GES d´ici 2020, comme le prévoyait le projet d´accord depuis de précédents pourparlers en août à Vienne. Le projet de déclaration finale rédigé par l´Indonésie, l´Afrique du Sud et l´Australie, souligne, sur la base des preuves scientifiques réunies par le Groupe intergouvernemental d´experts sur l´évolution du climat (GIEC), que les pays riches devraient viser une réduction de 25 à 40% de leurs émissions de GES d´ici à 2020 par rapport à 1990. D´autres pays comme le Japon ou la Chine sont également opposés à ce projet de déclaration finale, redoutant que des objectifs trop rigides n´altèrent la croissance économique. S´agissant de la position de l´Algérie concernant les changements climatiques, c´est le flou artistique absolu. Le ministère de l´Environnement rame tout seul sans aucun cap d´ensemble du pays et qui engagerait tous les départements ministériels. Chaque département a sa propre approche. Tous les ministères sont concernés à un degré ou à un autre. Il s´agit, en fait, de faire face aux changements climatiques en s´appuyant sur la science. On sait que l´Algérie consomme près de 33 millions de tonnes équivalent pétrole. C´est-à-dire qu´elle envoie dans l´atmosphère l´équivalent de 75 millions de tonnes de CO2. On pense que des économies d´énergie peuvent réduire la consommation d´au moins 20% soit l´équivalent de 7 millions de tep; soit encore 50 millions de barils qui représentent une manne de 5 milliards de dollars rien que par une gestion intelligente et des économies d´énergie.
L´Aprue, l´agence chargée de développer une stratégie énergétique, est bien seule. L´idéal est qu´il y ait un cap directeur sur la stratégie énergétique de l´Algérie dans les 25 prochaines années. On ne doit pas perdre de temps, une fois le cap tracé des Etats généraux de l´environnement du style "Le Grenelle de l´environnement" qui associent tous les acteurs et la société civile, cela déboucherait sur une charte environnementale qui engage les consommateurs d´énergie à commencer par le citoyen lambda qui doit troquer son comportement d´égo-citoyen pour un comportement d´éco-citoyen. On l´aura compris, ce n´est pas Nicolas Hulot avec tout son charisme qui fera le travail à notre place. Dans ce domaine comme dans tant d´autres, tant que les compétences in situ sont démonétisées au profit d´une expertise totalement étrangère, on n´avancera pas et nous n´avons que les problèmes que nous méritons.

* Ecole nationale polytechnique
* Ecole d´ingénieurs de Toulouse

1. William Bolle: Réussir ´´Bali´´ pour prolonger Kyoto ´´htpp//www.developpementdurable jounal.com 22-11-2007
2. Le réchauffement climatique pourrait déclencher une "guerre civile mondiale "Le Monde 10/12/2007
3. Gilles Biasette et al. Les réfugiés climatiques. Des crises déjà perceptibles La Croix 9/12/2007.
4. P.H.Deshayes Gore enjoint les Etats-Unis et la Chine de sauver une planète "fiévreuse"AFP 10/12/2007

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