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MUSTAPHA BERRAF, VICE-PRÉSIDENT DE L'ACNOA, À L'EXPRESSION

«Le travail pour relancer notre sport»

L'ancien président du Comité olympique, Mustapha Berraf, revient sur la situation du sport algérien en général en estimant que l'heure est à la mobilisation et à l'abnégation et nullement à la polémique qui, selon ses dires, ne rime absolument à rien.

L'Expression: Tout d'abord, que pensez-vous de la situation actuelle du sport algérien en général notamment après toutes les déconvenues vécues dernièrement sur le plan international?
Mustapha Berraf: Je pense qu'il faut arrêter de se voiler la face et de jeter de la poudre aux yeux des Algériens. Nous voulons des justifications sur tout ce qui a été dégagé par l'Etat et par les plus hautes autorités du pays et savoir comment a-t-on fait pour qu'aujourd'hui, nous accusions un si net recul dans la hiérarchie africaine et arabe qui nous voit rétrograder des premières aux cinquièmes et sixièmes places. Je me demande aussi, comment des petits pays dénués de tout moyen sont-ils parvenus à se classer mieux que nous? Que les responsables assument leurs échecs répétés, se remettent en question et n'accusent plus la tragédie nationale, car c'est pendant cette période que l' Algérie a réalisé les meilleurs résultats avec les merveilleuses médailles de Boulmerka en 1992,1995, Morcelli et feu Soltani en1996. Pour ne citer que ceux-là même qui ont été confirmés par Benida, Guerni et consorts. Les indices de régression sont là et ne nous trompent pas puisqu'aux Jeux de Pescara en 2009, nous avons eu seulement 2 médailles d'or et que la régression des Jeux arabes et africains n'est plus à démontrer.

Quelles en sont les causes principales d'après vous?
Le mandat unique était anticonstitutionnel et n'a servi qu'à décapiter le sport algérien et mettre à la porte de grands dirigeants même si dans certaines disciplines l'alternance était nécessaire et a amené dans quelques sports de très bons dirigeants. Il a d'ailleurs été modifié d'une façon que tout le monde connaît et le nouveau texte est tout aussi décrié que le précédent puisque le CIO a émis de très sérieuses réserves sur son application. Il ne peut être question aujourd'hui de la mise en oeuvre de textes inadaptés aux lois mondiales que sont la Charte olympique et les statuts des Fédérations internationales. Il est clair que nul ne peut se prévaloir de détenir les prérogatives du choix des dirigeants sportifs, des directeurs techniques, des entraîneurs d'une quelconque discipline à l'exception des sportifs eux-mêmes. Cela n'a pas été le cas jusque-là dans notre pays.

Justement, le ministère de la Jeunesse et des Sports envisage la mise en place d'une nouvelle réforme. Qu'en pensez-vous?
S'agissant de la réforme envisagée, il aurait été plus judicieux de lancer ces initiatives depuis longtemps. Pour ma part, la seule réforme qui vaille et qui a fait ses preuves est celle de 1977. Le mouvement sportif auquel je suis fier d'appartenir depuis ma plus tendre enfance appréciera en temps utile les efforts que nous avons consentis dans l'intérêt de notre pays. Je ne comprends pas pourquoi a-t-on peur de l'autonomie pour un mouvement qui a été le premier à se démocratiser et qui a valu aux Algériens leurs plus grandes satisfactions depuis l'Indépendance.

On a tardé pour reconnaître vos compétences dernièrement: qu'avez-vous à dire à ce sujet?
Tout d'abord, je tiens à préciser que je me suis retiré de la scène sportive nationale à la demande de certains frères qui m'ont informé qu'ils ne pouvaient travailler avec moi en raison de profondes divergences qu'ils avaient avec moi et que si je me retirai ils porteraient le sport algérien à son firmament. Ce n'est malheureusement pas le cas. On m'a imputé les mauvais résultats d'Athènes alors que tout un chacun sait que j'avais à cette époque, pronostiqué 0 médaille pour l'Algérie. Par contre, le DTN de l'athlétisme de l'époque avait signé une prévision de 3 médailles et nous n'en avons eu aucune. Quant à mes fonctions en qualité de président de la FABB, je me permets de rappeler que j'ai eu le privilège de voir le basket national enregistrer des résultats probants jamais atteints à ce jour tels que Vice-Champion d'Afrique, Champion arabe, Vice-Champion islamique et la seule participation à la Coupe du monde à Indianapolis.
Ceci a été réalisé avec très peu de moyens et grâce à la collaboration de personnes avisées et responsables. Franchement, personne ne m'a obligé à quitter le COA. Je devais de toutes façons faire face à ces accusations en me départissant de ma qualité de président de cette instance et de député. Je suis un homme d'honneur et les hommes démissionnent pour se défendre en simple citoyen devant la justice comme tous les Algériens. D'ailleurs, permettez-moi de poser un tas de questions qui me tiennent à coeur.

Allez-y.
En premier lieu, où sont les dizaines de stades promis notamment aux club de Ligue 1? Où sont les aires de jeu? Où en est le sport de masse? Où en est-on avec la lutte contre les fléaux sociaux qui minent notre jeunesse? Quelles sont les axes engagés pour exécuter le Programme du président de la République en direction des jeunes? Pourquoi le sport
n'a-t-il pas opéré sa mue et intégré un pourcentage de femmes dans les assemblées générales des clubs, des ligues, des fédérations et du COA? Ce que nous avion fait par la force de nos convictions en intégrant 20% de femmes dans l'AG du COA a été détruit. Je m'arrêterai là SVP.

Alors, comment évaluez-vous les choses?
Nous constatons une totale démobilisation des principaux acteurs du sport algérien face à un environnement qui a été longtemps agressif et tendancieux, qui prônait l'exclusion comme principal levier de fonctionnement à l'instar de la radiation à vie de la seule femme algérienne, membre de l'exécutif d'une Fédération internationale sans qu'aucune notification ne lui ait été signifié à ce jour. Je n'oublierai pas l'exclusion de la liste des experts, de grands champions de certaines disciplines comme Hassiba Boulmerka et consorts. Le sport a été déraciné puisqu'il s'est détaché de la masse, du sport scolaire, de l'Université et ne peut émerger que si toutes les tendances qu'il recèle, quelles que soient leurs différences, soient unies autour d'un même projet et d'axes communs, comme le renouveau, la valorisation des ressources humaines et une stratégie globale adaptée aux réalités de ce monde impitoyable. Le replâtrage ne peut donner que des résultats éphémères et ne peut enclencher une véritable dynamique. Le bénévolat a lui aussi été découragé et remplacé par des bénévoles opportunistes, préoccupés que par les intérêts personnels. Il faut impérativement rappeler tous les techniciens de valeur qui se trouvent à l'étranger et arrêter les conflits dans les Fédérations, les clubs, les ligues et le COA et prôner une politique de réconciliation et de valorisation des performances. La confiance doit être retrouvée et une harmonie avec les pouvoirs publics savamment entretenue.

Vous êtes 1er vice-président de l'Acnoa et une personnalité algérienne très influente au plan national et international. Qu'en est-il aujourd'hui de la représentation algérienne?
En fait, nous avons eu une très grande satisfaction, celle de voir le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, être élu même plébiscité au plus haut niveau des instances footballistiques, en l'occurrence la FIFA, et la très désagréable surprise de voir aussi qu'une très grande personnalité du sport, Mustapha Larfaoui perdre sa place de président des Confédérations africaines en raison de manigances algéro-algériennes qui l'ont vu se désister de sa candidature. Ce fût un grand dommage pour le sport algérien. En fait, le constat est amer puisqu'on ne fait rien pour aider les fédérations et nos techniciens à intégrer les instances internationales. Je peux vous certifier pourtant que le général Palenfo, (président de l'Acnoa), et le président du CIO, Jacques Rogge sont des amoureux de notre pays au même titre que Issa Hayatou et beaucoup d'autres dirigeants importants.

Pour revenir maintenant à la compétition officielle, avons-nous des chances d'obtenir des médailles lors des prochains Jeux olympiques de Londres 2012?
Les seules chances de médailles résident dans la prestation d'athlètes expérimentés comme Soraya Haddad, Benyekhlef et quelques judokas ainsi que le boxeur Benchebla et certains de ses camarades qui ont déjà montré leurs capacités à Pékin.

En toute franchise, serez-vous candidat pour le prochain mandat du COA?
La question, honnêtement n'est pas d'actualité et je pense que cette agitation autour de personnes qui essaient de faire de leur mieux malgré tous les obstacles qui leurs sont dressés est incorrecte et infructueuse pour l'Algérie. Le mieux serait de laisser l'équipe en place mener à bien son programme et terminer son mandat dans les meilleures conditions avant de faire une quelconque évaluation.
Il ne faut pas créer des antécédents en perturbant ceux qui travaillent mais plutôt les aider à réussir leurs missions. Sur ce chapitre, j'aviserai en temps opportun. Pour le moment je suis fortement occupé avec les Comités olympiques africains auprès desquels je trouve toute la collaboration dans les tâches qui me sont imparties, et ce à commencer par ma fonction de 1er vice-président du l'Acnoa. Je suis chargé du règlement des conflits et des relations avec les gouvernements, je suis membre du CSSA et figure parmi la troïka de personnalités africaines qui ont été chargées par l'Union africaine de réorganiser le sport en Afrique en lui donnant sa véritable dimension politique, économique et sociale. A cela, je me permettrai d'ajouter que je jouis de la confiance totale du président de l'Acnoa et celle du président du CIO et ses collaborateurs, cela m'honore et m'encourage.

En parlant de CIO, on dit que c'est vous qui avez soulevé le problème du décret 05/405 auprès de cette instance internationale. Qu'en est-il vraiment?
Ce que l'on a dit ou ce que l'on dit, je n'en ai cure, je veux seulement rappeler que les positions du COA ont été exprimées à l'époque publiquement et sans aucune animosité. Je n'avais donc pas besoin de me plaindre ailleurs; chacun de nous sait que je suis un homme de dialogue qui a toujours été convaincu que l'Algérie est un grand pays démocratique. Je mets simplement ces gens au défi de prouver leurs racontars même si le temps nous a donné raison et les gens qui défendaient mordicus ce texte l'ont finalement modifié. De toute évidence, le CIO a son mot à dire dans l'application des textes en relation avec le sport et l'olympisme. L'Algérie a adhéré librement au CIO et se doit par conséquent d'appliquer ses règles et les grands principes de l'olympisme.

Certaines fédérations se plaignent de l'absence du COA sur la scène sportive et envisageraient un retrait de confiance au président. Qu'en pensez-vous?
Je crois que les gens du sport doivent rester calmes et sereins, faire des évaluations objectives de la situation et surtout éviter de tels scenarii car cela n'est nullement dans l'intérêt de notre pays de créer ce type d'antécédents. Il faut mesurer l'ampleur et le désastre que peuvent causer de telles situations et garder en tête que seul l'intérêt de l'Algérie prime.

On vous laisse le soin de conclure.
Avant tout, je rends un grand hommage à l'Equipe nationale militaire de football qui nous a offert le titre mondial au Brésil en 2011, à celle du handball qui a failli créer l'exploit au Maroc dernièrement et qui a réussi à décrocher la deuxième place derrière la Tunisie et à tous ceux qui ont hissé haut le drapeau algérien dans les différentes manifestations internationales. J'espère aussi, que le sport algérien retrouve prochainement, son lustre d'antan.
Donc, le plus important, c'est de se mettre sérieusement au travail et éviter de verser dans des polémiques qui ne riment à rien et qui ne font que retarder le «redémarrage» du sport algérien en général.
Si l'Algérie a pu auparavant produire les Moussa, Zaoui, Morceli, Boulmerka, Benida Merrah, Soltani, Ilès et consorts, elle peut largement le faire une nouvelle fois, car on a l'honneur et le privilège d'appartenir à un grand pays qui n'a jamais baissé les bras, et ce quoi qu'il arrive.

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