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Mohamed Bessaâd, président de la Fédération algérienne de tennis, à L’Expression

«J’ai été victime de mes principes»

Il avait crié sur tous les toits que sa suspension par l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Salim Bernaui, était «injuste», puisqu'«elle ne se base sur aucun motif réglementaire». Lui, c'est Mohamed Bessaâd, qui a été réhabilité par l'actuel premier responsable de la tutelle, Sid Ali Khaldi, au poste de président de la Fédération algérienne de tennis (FAT). Dans cet entretien il donne sa version des faits sur ce qu'il s'était passé de A à Z.

L'Expression: Mohamed Bessaâd suspendu de la FAT par l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Raouf Salim Bernaoui, avant d'être réhabilité par son successeur, Sid Ali Khaldi. Comment cela s'est-il passé?
Mohamed Bessaâd: Pour résumer, je dois dire que j'ai été injustement suspendu par l'ancien MJS, Raouf Salim Bernaoui, en payant les frais de mon refus de prendre position dans le conflit qui l'opposait à l'ex-président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf. Mon éducation ne me permet pas de le faire, parce que si je suis dans le mouvement sportif en général, et le tennis en particulier, c'est pour le servir, et non me servir. J'ai payé cash le fait de défendre mes principes.

Vous vous considérez comme étant victime de ce règlement de comptes. Quand cela a-t-il commencé?
Cela avait débuté à l'occasion de la préparation des Jeux méditerranéens de plage, qui s'étaient déroulés à Patras, en Grèce, du 25 au 31 août 2019. J'ai été chargé par le COA d'être le chef de mission durant ces JMP. Une mission que j'avais accomplie de la meilleure des manières, de par les avis unanimes. Preuve en est, le 31 juillet 2019, tous les dossiers pour notre participation étaient finalisés. Le 23 août de la même année, je suis allé à Patras pour préparer l'arrivée de nos athlètes sur les lieux. Le lendemain, et à mon grand étonnement, j'apprends que Bernaoui, qui a rabaissé le niveau, est allé au centre de préparation des talents et des élites sportifs de Souidania, en commençant à réduire la liste des participants. Il a exclu plusieurs athlètes, sans juste cause. Sachant que la prise en charge était totale par le pays organisateur, sauf pour les équipements, que le MJS devait acheter. Ce jour-là, faut-il le signaler encore, toutes les réservations pour les participations (billets, hôtels...) étaient faites.

Que s'est-il passé lorsque Bernaoui est arrivé à Patras?
Déjà que son arrivée sur les lieux m'a étonné, d'autant plus qu'il était prévu que ce soit Salim Iles, directeur général des Jeux méditerranéens Oran-2021, et le wali d'Oran qui devaient accompagner la délégation nationale. Sur place, il a juré de mettre fin à mes fonctions à la tête de la FAT. A priori, il n'a pas avalé le fait que j'accepte la mission que m'avait confiée le COA, là où je suis un membre élu. Il a fait appel à son ami et mon prédécesseur à la FAT, Mohamed Bouabdellah, suspendu à deux reprises déjà par le MJS, et le trésorier, qui est resté en poste pendant 33 ans, et dont l'AG avait demandé sa mise à l'écart. Ceux-ci lui ramènent cette facture d'achat de balles de tennis, ordonnée pourtant par Bouabdellah lui-même, puisqu'à ce moment-là, je n'étais pas président. D'ailleurs, c'est son nom qui figure sur le bon de commande, dont il était l'ordonnateur.

Justement, c'est cet achat qui a fait couler encre et salive. Pouvez-vous l'expliquer?
Ce sont des balles achetées d'un magasin, dont le registre du commerce est au nom de mon épouse, et géré par mon fils. L'histoire a commencé alors que Bouabdellah était à la tête de la FAT. À ce moment-là, les balles manquaient, tout comme l'argent, puisque les caisses étaient presque vides. Bouabdellah m'avait sollicité pour que le magasin de mon fils puisse fournir des balles à la FAT avec un versement qui sera fait une fois les caisses de l'instance fédérale renflouées. Je me suis déplacé à Tlemcen, j'ai négocié avec mon fils, qui a fini par accepter l'offre, en me demandant le chèque et le bon de commande. Je ne lui ai ramené que ce dernier. Dans la facture, que vous avez sûrement vue, le prix unitaire était de 800 DA, alors que le prix réel peut atteindre jusqu'à 1 400 DA. 6 mois plus tard, je suis devenu président de la FAT et ce magasin géré par mon fils a dû attendre presque un an pour récupérer son argent, avec un bénéfice dérisoire de 50.000 DA. Au fond de moi, j'ai la conscience tranquille, parce que tout ce que j'ai fait était de bonne foi.

Que s'est-il passé ensuite?
En date du 9 septembre 2019, j'ai demandé une audience au ministre de la Jeunesse et des Sports, Bernaoui en l'occurrence, afin d'éclaircir la situation. Après une discussion avec lui, il m'a orienté vers une inspectrice au sein de son département. La discussion avec celle-ci, qui a duré 30 minutes, portait sur le déplacement de Patras, le fait que je n'ai pas suivi les instructions du ministre et une banale histoire d'ordre de mission que m'avait remis le COA, comme il a l'habitude de faire. À la fin, j'ai été stupéfait par le chantage que cette inspectrice m'avait fait: soit je démissionne de la FAT, soit je serai convoqué par la justice. J'ai, naturellement, refusé ce chantage en lui disant: «Que l'affaire aille en justice!» Dans la même journée, j'ai été reçu, une nouvelle fois, par le ministre. Après une longue discussion avec lui, durant laquelle je lui avais expliqué ce qui'il s'était passé avec l'inspectrice, je lui ai dit que je suis prêt à demander des excuses si j'ai fauté, mais qu'on m'explique où est cette faille. Il m'a demandé, texto, de continuer à exercer mes fonctions le plus normalement, puisque le dossier est clos.

Qu'en est-il de la pétition contre le COA, que vous dites ne pas avoir signée?
Cela s'était passé le 23 septembre 2019. Des membres du bureau du COA, dont ce même ministre, avait décidé de faire une pétition pour le gel de la présence des responsables des Fédérations sportives au niveau dudit comité.
À ce moment-là, j'étais à Lisbonne (Portugal) pour prendre part aux travaux de l'Assemblé générale de la Fédération internationale de tennis.
Le ministre s'est permis de porter mon nom sur cette pétition, sans mon consentement.
Des membres de la FAT m'ont appelé pour me demander des explications et j'ai persisté à dire que je n'ai absolument rien signé, car mon éducation ne me permet pas de prendre position. Au risque de me répéter, je ne suis venu à la Fédération que pour servir ce sport et contribuer à son développement.

Qu'avez-vous fait ensuite?
Bien évidemment, je me suis opposé à cette situation et la réplique du MJS n'a pas tardé. Le 10 octobre 2019, il décide d'envoyer une inspection au niveau de la FAT, avec des dossiers bien précis à vérifier.
À la fin de cette mission d'inspection, qui a duré 15 jours, l'inspecteur a félicité les membres de la FAT pour la qualité du travail accompli. Dès lors, je pensais que le dossier était clos, mais loin s'en faut.

Pourquoi?
Le 5 décembre 2019, une réunion du COA a eu lieu, sous la présidence de Mustapha Berraf. En ma qualité de membre élu, j'ai assisté à ce conclave. Un collègue du ministère m'appelle, tout juste après, pour m'informer que Bernaoui était en colère contre moi et qu'il (Bernaoui) me demande de démissionner de la FAT et du COA.
Faute de quoi, je serai suspendu avec transmission de mon dossier à la justice.
Chose que j'ai refusée, bien évidemment, parce que toute ma démarche était réglementaire. Le 18 décembre, il m'a suspendu de façon temporaire, «pour mauvaise gestion».
Dans une déclaration aux médias, Bernaoui avait confirmé que votre dossier est entre les mains de la justice...
C'est archifaux. D'ailleurs, j'ai envoyé un avocat pour s'informer, et ce dernier m'a confirmé qu'il n'y a aucune action contre moi. En sus, cela date d'une année maintenant, et jusqu'au moment où je vous parle, je n'ai reçu aucune convocation.

Arrive, ensuite, votre réhabilitation par l'actuel MJS, Sid Ali Khaldi...
J'ai interpellé Sid Ali Khaldi pour rouvrir mon dossier et éventuellement revoir ma sanction. À la fin du mois de septembre dernier, il a chargé une inspection pour étudier mon dossier. Cette commission a estimé, ensuite, que la sanction était arbitraire et qu'elle a été prise pour des motifs non règlementaires. Le 8 octobre 2010, une lettre a été envoyée au COA et l'Observatoire des Sports, pour ma réhabilitation et les deux instances ont répondu favorablement. Cette décision en ma faveur vient confirmer, si besoin est, qu'aucune action n'a été menée contre moi en justice, sinon, Khaldi n'aurait jamais pu me réhabiliter. Ceci, pour la simple raison que le pénal tient le civil en l'état.

Regrettez-vous votre décision de vous présenter à la tête de la FAT?
À un moment donné, je l'ai regretté, moi qui ne voulais jamais être à ce poste. Mon prédécesseur, Mohamed Bouabdellah, m'a poussé à y être, et s'est retourné ensuite contre moi. Seulement, en voyant ce que le tennis algérien a réalisé sous ma présidence, je peux dire qu'il y a une autosatisfaction, ce qui importe le plus pour moi. À titre d'exemple, nous avons obtenu, chez les minimes, trois médailles lors des derniers Jeux africains de la jeunesse, malgré le niveau assez élevé de la compétition. L'Algérie a organisé, pour la première fois, le championnat d'Afrique, avec un titre en double et une place de vice-champion d'Afrique en simple. D'autres compétitions continentales et régionales ont eu lieu sur le sol algérien. Youcef Rihane a pris part au mythique tournoi de Roland-Garros, au moment où des jeunes juniors algériens sont inscrits dans les grandes académies européennes. L'Algérie a, actuellement, une large représentativité au niveau des instances internationales, la meilleure depuis 1962. Enfin, pour m'arrêter là, l'Algérie a reçu, pour la première fois, une distinction, de la part de la Confédération africaine de tennis, pour services rendus à la discipline, lors de son AGO à Madagascar. Je me demande, donc, où est cette «mauvaise gestion»? Personnellement, j'ai la conscience tranquille, et je laisse chacun devant la sienne. Avant et après tout, il y a la justice divine. M

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