Des Jeux d’un grand cru
On a assisté à de très grands Jeux parsemés d’exploits en tout genre.
Organisation quasi parfaite, pluies de records, exploits de légende: les premiers Jeux olympiques en Chine ont été un grand cru qui a permis au géant asiatique d´étaler sa puissance mais a souligné les limites de sa tolérance. L´Histoire du sport retiendra que c´est à Pékin, en août 2008, que le nageur américain Michael Phelps a détrôné son compatriote Mark Spitz et ses sept médailles d´or glanées à Munich en 1972. Une de plus pour ce phénomène, devenu l´athlète le plus titré de la saga JO: 14 médailles d´or, en deux éditions.
Son large sourire huit fois sur la plus haute marche du podium n´a pas pour autant éclipsé le médiatique Usain Bolt, autre star de ces XXIXe Olympiades.
Le Jamaïcain a été le premier sprinter à réaliser le doublé olympique 100/200 m en battant les deux records du monde, illustration de la domination insolente de sa petite île des Caraïbes sur la piste du «Nid d´oiseau».
Un stade magnifique qui n´a pas souri au champion vénéré par une nation de 1,3 milliard de Chinois, privée de l´or de Liu Xiang au 110 m haies. Drame national, héros blessé, tout comme l´orgueil d´un peuple qui a largement de quoi se consoler: au final, 51 médailles d´or pour la Chine, 36 pour les Etats-Unis.
Pour la première fois depuis son retour aux Jeux, à Los Angeles en 1984, la République populaire de Chine surpasse les Etats-Unis. C´était écrit, la Chine la jouait modeste mais n´en pensait pas moins. Question de fierté patriotique et politique, même si ses dirigeants s´en défendent. Chine, première puissance olympique, c´est devenu officiel depuis ce dimanche 24 août. «Ce que nous avons accompli durant ces Jeux constitue une formidable dynamique pour le futur», s´est félicité Liu Peng, ministre chinois des Sports, relevant quand même les faiblesses de son pays dans les disciplines reines des Jeux, l´athlétisme et la natation. Respecté autant que craint, en raison de son poids économique et de ses ambitions internationales, le pays le plus peuplé de la planète n´a pas lésiné pour épater le monde entier. Pas seulement au plan sportif. De mémoire d´athlètes et de journalistes, nul n´avait connu un niveau d´organisation et de services de cette facture. Et une telle énergie chez un gouvernement contre l´adversité, au point de mettre KO la pollution grâce à des mesures draconiennes, à peine les Jeux lancés le 8 août.
De ce point de vue, le Comité international olympique (CIO) ne regrette sûrement pas d´avoir choisi Pékin en 2001.
«Il est clair que la Chine a placé la barre très haut», s´est réjoui dimanche son président, Jacques Rogge, dans sa conférence de presse de bilan. Des analystes comme Tang Wenfang, professeur de relations internationales à l´université de Pittsburgh (USA), assurent-même que ces Jeux «aideront le monde à percevoir la Chine de manière plus réaliste, plus positive».
Pour autant, il n´est pas certain que la Chine ait réussi à modifier, en profondeur, l´image négative qu´elle projette souvent en Occident. Une vision que ne partagent pas les milieux d´affaires. En terme de marketing, firmes chinoises et étrangères ne semblent pas regretter l´investissement.
Les experts s´accordent à dire que la Chine a bien vendu sa «marque» même si l´impact des JO sur son économie - bientôt en troisième place mondiale - s´annonce limité. Hôte des prochains JO, Londres est «soufflée, émerveillée, impressionnée» par Pékin 2008. Prudent, le maire de Londres, Boris Johnson, espère pouvoir faire «aussi bien en 2012».