C’était la seconde comparution
Un couple en guerre depuis belle lurette, est revenu une seconde fois, en mois d'un an et demi, devant Mounir Ayed, le jeune président de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs. L'épouse s'est plainte encore une fois, en dix- huit mois, et cette fois ci, les coups et blessures sont plus à prendre au sérieux par le ministère public, représenté ce mercredi, par la tenace Nabila Bekraoua, qui tient le coup en ce 3ème jour sacré. Il s'agissait de la plainte au dossier et d'un certificat de six jours. Mounir articula:«Mme, que s'est-il passé cette nuit du 27?», enchaîna le juge alors que la procureure qui venait de lancer un coup d'oeil complice, quittait momentanément le siège du parquet.
- ««M. le président, par quoi vais-je o mmencer? Par les coups, ou par les blessures, et insultes? Par les humiliations quotidiennes depuis plusieurs années? Par où dois-je débuter mon horrible histoire? Aidez-moi, SVP! J'ai trop souffert des coups,.
- Commencez par où vous voulez, mais de préférence par les coups et blessures, objet de votre présence ici.»», renchérit le magistrat plus qu'impassible. Oui; ce juge du siège qui a déjà entendu des vertes et des pas mûres.
«Bien. À vous, inculpé; qu'avez-vous à répondre à cette inculpation de coups et blessures volontaires ayant entraîné une cessation de travail?», dit le juge qui regardait droit dans les yeux l'inculpé, lequel ne bronchait pas de peur d'un incident, tombé du ciel.» Un silence de mosquée, un vendredi à midi trente, s.'instaura dans la minuscule salle d'audience. Le magistrat feuilletait le dossier, et gardait un oeil sur la victime catastrophée, comme jamais elle n'avait été. Elle devait ressentir une douleur atroce. Ce n'était pas une douleur normale, non c'était une douleur née à la suite du comportement du mari qui n'a jamais pris en considération les années de vie commune, de privations, de faim, de joie aussi, même si elles ne sont pas nombreuses, et de scènes de ménage à ne pas en finir.
