Bouira
Azrou Oukalal au menu de la wilaya
Ce manque de possibilités d’emploi sur place a fait que le chômage hante les esprits et est à l’origine de l’émergence de fléaux sociaux.
Azrou Oukalal c'est le nom d'une contrée enclavée de la commune de Thaourith Nath Mansour, dans la daïra de M'Chedallah. L'appellation à connotation berbère «Azrou» voulant dire la pierre et «Oukalal» une matière pour la fabrication des poteries, contraste avec l'origine des habitants de cette zone d'ombre. En effet, les occupants sont, dans leur grande majorité, natifs du sud de Boussaâda, une ancienne tribu dite Beni Hadjeres en référence à une localité de la wilaya de M'sila. Venus tailler la pierre, la région est connue pour cette activité et l'abondance des carrières de pierre bleue, ils se sont sédentarisés mais gardent un lien avec leurs origines.
Cette tribu, qui équivaut aux Roms en Europe et plus précisément les Gitans à cause de la ressemblance dans leurs modes de vie, notamment, pour la polygamie, beaucoup d'enfants, le nombre important de voyantes de bonne aventure, et autres diseuses d'avenir sur les cartes cartomanciennes. Ce mode particulier de vie qui caractérise ces personnes fait d'elles les éternels étrangers, pour des natifs et une société traditionnelle conservatrice. «Personne n'est venu un jour s'enquérir de notre situation», dira un citoyen. Pour la première fois depuis l'indépendance, cette contrée a reçu la visite du wali qui s'est déplacé dans l'après-midi de lundi, dans cette région, pour y inspecter et suivre les projets de raccordement au gaz, d'électrification rurale, l'aménagement et l'éclairage public. Sur place, il a écouté les doléances des habitants qui «exigent» plus de développement, même si la région reste l'une des mieux loties en matière de projets. En attendant de trouver une assiette, la localité a bénéficié d'un projet de 20 logements sociaux. La proximité des forêts de Thamalahth aiguise la convoitise de certains qui veulent avancer sur les terres forestières. La wali a été catégorique, en interdisant l'octroi d'un centimètre des forets et a insisté sur l'obligation faite de préserver ce domaine forestier qui est la cible des pyromanes, chaque année. Si pour les anciens, la taille de la pierre était une occupation rentable, les jeunes d'aujourd'hui ne s'investissent plus dans cette activité, préférant aller en ville pour effectuer de petits boulots.
Ce manque de possibilités d'emploi sur place a fait que le chômage hante les esprits, mais est aussi à l'origine de l'émergence de fléaux sociaux graves, comme la consommation des stupéfiants, l'augmentation des vols et une déperdition des valeurs d'antan qui dominaient dans les villages. L'agriculture reste l'unique opportunité susceptible de résorber le chômage d'une bonne partie de la population et connaît un faible essor. Les divers programmes retenus ne connaissent pas une grande avancée. Quelques familles ont investi dans l'apiculture surtout que le village longe une forêt dense. La commercialisation du produit freine l'activité. L'agriculture, continue à être traditionnelle et se résume à nourrir la petite famille. Les habitants d'Azrou Oukalal, continuent à croire en l'avenir, eux qui ont longtemps souffert du fléau du terrorisme.
L'inscription de plusieurs projets d'utilité publique et la détermination de l'administration locale à concrétiser ses promesses sont des faits qui sortiront le village de son isolement et mettront un terme à des années d'oubli et de marginalisation. Pour cela les villageois ont demandé au wali et aux autorités concernées de les sortir du cercle de la misère et des privations qui leur sont imposées depuis des années