BÉJAÏA
La contrefaçon bat son plein
L’imitation est presque parfaite.
A la faveur de la libéralisation du marché enclenchée depuis le début de la décennie 1990, les produits issus de la contrefaçon se sont propagés de manière hallucinante sur nos marchés. Une emprise qui ne semble épargner aucune branche d´activité dans une économie vulnérable à souhait et, par conséquent, inapte à s´immuniser contre la contagion.
Le consommateur, dernier maillon de la chaîne, est naturellement le dindon de la farce. Les témoignages recueillis à Béjaïa auprès de commerçants et d´opérateurs économiques tendent à accréditer la thèse selon laquelle l´écrasante majorité de la marchandise contrefaite est introduite frauduleusement à partir de pays étrangers où sévissent les réseaux de faussaires, dont la collusion avec les milieux mafieux n´est plus à démontrer. L´imitation est presque parfaite, à tel point qu´il est pratiquement impossible, pour le consommateur, de s´en rendre compte. Le produit de grande marque reste le plus prisé par les contrefacteurs. «Les prix sont légèrement inférieurs», nous indique un revendeur de pièces détachées en confirmant que «seul un oeil expert est à même de distinguer les produits d´origine des pièces en toc».
La supercherie et son caractère délétère pour la santé du citoyen s´illustrent aussi dans les équipements sanitaires, notamment la robinetterie.
Dans ce domaine, le matériau utilisé est généralement le laiton. Les faussaires eux, se servent du «zanac», matériau prohibé à cause de sa toxicité avérée, explique encore ce spécialiste en plomberie. Une mince pellicule de chrome en guise d´habillage confère du clinquant au produit parfait.
Le vide tant juridique que réglementaire dans ce domaine et la perméabilité de nos frontières sont aussi montrés du doigt accusateur.
Dans pareil environnement, les contrefacteurs auront beau jeu de donner l´estocade à l´appareil de production et l´absence d´une tradition de consommation saine aidant, risque de mettre en péril la santé et la sécurité des consommateurs.
