«Etablir un bilan sans complaisance»

Le conseil communal, récemment installé dans la capitale du Djurdjura, semble avoir des doutes quant à la situation qui prévaut en Kabylie et dénonce la mauvaise gestion du mouvement où les comités de quartiers et villages «dissertent bruyamment d´une chose éminemment politique, alors que des experts sont réduits au rôle de spectateurs discrets». Abondant dans le même sens, le conseil s´étonne qu´à l´aube du 3e millénaire, après tous les combats menés pour «la modernité» et le progrès, la Kabylie trouve par «la grâce du système», dans le «tribalisme» une valeur «refuge».
Dénonçant le non-sens et le cercle vicieux dans lequel se débat le pays depuis des lustres, le comité se demande si l´histoire a décidé de «se mouvoir toujours en trajectoire circulaire» et espère que l´ensemble des «conquêtes à la fois sur l´autoritarisme des gouvernants et l´archaïsme de la société» seront «irréversibles». La situation en Kabylie ne s´améliorant pas, le mouvement trouve injuste la suite donnée au cri de détresse de la jeunesse et à la «formidable» mobilisation citoyenne qui s´en est suivie. S´en prenant au mouvement citoyen créé lors des événements sanglants de Kabylie, le conseil l´accuse d´avoir été «enfermé dans une agitation sans réflexion qui ne pénalise que les petites gens», et déclare que ce dernier, après avoir suscité beaucoup d´espoir et de sympathie dans tout le pays, a fini par «soulever doutes et incompréhensions chez les citoyens les plus enthousiastes».
Qualifiant l´horizontalité du mouvement de «tare» qu´ils combattent le plus dans le pouvoir en place, le conseil poursuit en déclarant qu´elle (l´horizontalité) incarne le sentiment d´impunité, la dilution des responsabilités et le refus obstiné de reconnaître à ceux qui savent le saisir.
L´ensemble des comités pense qu´il est urgent de «débattre démocratiquement sur des fins, et décider des moyens les plus adéquats pour les atteindre.»
Optant probablement pour un dialogue avec le pouvoir, le conseil estime que ceux qui «développent un discours d´apparence radicale à l´endroit du pouvoir, sacralisent la plate-forme de revendication» et empêchent «toute proposition de sortie de crise» ne sont pas «nécessairement» les meilleurs défenseurs des intérêts de la région. C´est pourquoi les citoyens, représentés par ce conseil, considèrent que «construire un contre-pouvoir crédible au service des citoyens passe par la prise en charge de leurs préoccupations».
Le conseil communal, afin de sortir de la crise et «soucieux d´insuffler à la dynamique populaire sens et consistance» lance un appel à tous les apôtres en vue d´établir un bilan «sans complaisance» et «d´ouvrir de nouvelles perspectives».