CRISE FINANCIÈRE ET RISQUE DE DÉFLATION
Un avertissement pour l’Algérie...
La mauvaise passe dans laquelle se trouve l’économie mondiale n’a qu’un effet conjoncturel sur l’économie algérienne.
Après la récession, c´est maintenant la déflation qui menace toute l´économie mondiale. Ventes et prix chutent presque partout, en particulier aux Etats-Unis et au Japon et dans presque tous les secteurs d´activités. Aucune filière n´est désormais épargnée, les produits agricoles particulièrement ont enregistré dernièrement une énième chute, estimée à - 2,6% sur un mois. Alors que leur recul sur un an s´élèverait à 5,4%. L´Algérie devrait en conséquence profiter de ce contexte économique mondial en déconfiture.
En effet, la grisaille régnante a sensiblement joué sur les prix de large consommation à l´instar des céréales ou du lait, qui avaient augmenté tout au long de la précédente année et accusent présentement un repli sans précédent, estimé récemment à -8,4%. Des taux qui sont globalement inférieurs de presque 40% par rapport aux taux pratiqués en septembre 2007. Les productions animales n´étant pas en reste ont déjà accusé un recul de 0,5%. Et le lait ne tardera pas à suivre et subir l´effet de la mare descendante des prix à l´international. Aussi, cette contre-performance tous azimuts devrait, estiment certains experts, profiter à l´Algérie laquelle recourt massivement aux importations. Cela est d´autant plus vrai que des spécialistes expliquent ainsi les tenants de cette tendance inédite des marchés: «La crise financière a fini par réagir sur les cours des matières premières agricoles, et la bulle spéculative, à l´origine des fortes hausses sur certains produits comme le blé l´an dernier, a fini par éclater.» Une aubaine donc pour notre pays qui peut s´offrir d´acheter à moindres frais, des produits qu´il subventionne généralement.
Bien entendu, la crise économique et son corollaire la récession sans doute aussi la déflation, qui semblent avoir un effet des plus positifs sur l´accès aux denrées de large consommation, ne ménagent pas forcément d´autres marchandises. Ainsi en est-il du secteur automobile en Algérie qui subit un ralentissement depuis août de cette année, cela d´autant plus que le secteur automobile mondial est en plein coeur de la récession et subit de front la crise financière. Celle-ci qui sévit à l´international a pour conséquence directe d´interpeller les consommateurs sur les dépenses des ménages de plus en plus sensibles à cette conjoncture. Par ailleurs, l´absence de liquidités dans certains établissements financiers a, quant à elle, charrié un durcissement des conditions d´acceptation des financements, et donc empêché certaines familles à acquérir des véhicules neufs. C´est donc à travers l´achat de véhicules auxquels certaines couches de la société n´ont plus accès, que la crise financière est ressentie en Algérie.
Certains observateurs soutiennent, toutefois, que la mauvaise passe dans laquelle se trouve l´économie mondiale n´a qu´un effet conjoncturel sur l´économie algérienne. Il serait donc illusoire de croire que l´impact de la crise financière sur l´Algérie serait la panacée. La crise financière internationale aura forcément des répercussions sur notre pays d´où la nécessité de mesures volontaires à la hauteur de ce défi. Ce qui épargnerait aux larges couches de la société bien des déboires. En attendant, le pays fonctionne en puisant dans ses réserves de change. A la longue, ce serait une politique de facilité qui confinerait à la fuite en avant. Aussi, plus que jamais, le gouvernement, est appelé à échafauder de grands choix stratégiques, ceux capables d´offrir des alternatives au recours exclusif à la traditionnelle manne générée par les hydrocarbures. Aussi, les cours qui ont perdu plus de 100 dollars depuis leur record du 11 juillet dernier, à plus de 147 dollars, obligent-ils aujourd´hui le gouvernement à revoir en priorité sa copie et opter définitivement pour l´énorme potentiel de richesse dont il dispose, surtout lorsque l´on sait que des analystes prédisent que les prix du pétrole risquent de péricliter de plus belle. Certes, l´Etat a d´ores et déjà, à la faveur d´un important plan d´action gouvernemental, opté pour d´urgentes mesures économiques et sociales, à même de soutenir les grands projets de l´heure. Néanmoins, d´autres sources de richesse doivent absolument être valorisées, exploitées. Il s´agit, à titre non exhaustif, du tourisme, de l´agriculture, de la pêche ou encore de l´économie numérique. L´appel à cette prise de conscience a été réitéré par le chef de l´Etat qui a rappelé que «la crise financière et économique mondiale a d´abord valeur d´avertissement, en ce sens qu´elle est venue rappeler à chacun, que la situation de nos finances publiques demeure encore dépendante des seules exportations des hydrocarbures».