Tripoli «sous-traite» pour Paris

Tripoli est en passe de devenir le «postier» de Paris dans la région du Maghreb. Maintenant que le «nuage» entre les deux capitales s´est dissipé, au point où des contrats d´acquisition d´avions Rafale sont conclus, et que des compagnies pétrolières françaises prennent pied sur le territoire libyen, le pays d´El Gueddafi s´attelle à promouvoir le projet d´Union méditerranéenne. Pour preuve, à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy en Algérie et en Tunisie, le guide libyen a dépêché son chef de la diplomatie à Tunis et à Alger. Objectif: sensibiliser les responsables des deux pays sur le projet cher à Sarkozy. C´est M.Abdesselam Chalgham en personne, qui était donc chargé de prendre langue avec les deux pays voisins. Ce qui s´apparenterait à de la «sous-traitance» politique à un projet qui, soit dit en passant, ne fait pas l´unanimité. D´autant plus que les pays de la région sont unanimes. Pas d´Union méditerranéenne sans la Palestine.
En effet, les bruits faisant état de l´intégration d´Israël dans ce regroupement régional, suscitent la prudence auprès des pays de la région. La «mission» de M.Chalgham peut aussi être interprétée comme un signe de reconnaissance du dirigeant libyen au soutien par Sarkozy, de son projet mort-né des Etats-Unis d´Afrique, examiné lors du dernier sommet d´Accra. L´émissaire libyen a même été reçu par les présidents Bouteflika et Ben Ali auxquels il a transmis un message verbal du dirigeant libyen. Il ne s´agirait, croit-on savoir, de sources concordantes, que du projet d´Union méditerranéenne. Surtout que Tripoli demande à être associée au partenariat euro-méditerranéen où elle n´a qu´un statut d´observateur.
Lors de son entrevue avec les présidents algérien et tunisien, le ministre libyen est revenu à la charge sur le projet des «Etats-Unis» d´Afrique. Arrivé lundi à Alger, M.Abdesselam Chalgham a affirmé que «le monde connaît une évolution au sujet de laquelle nous devons échanger les vues et nous concerter, notamment la situation régionale, maghrébine, africaine et internationale à la lumière des liens étroits entre le guide de la révolution libyenne et le président Abdelaziz Bouteflika».
Il convient, enfin, de rappeler que la Tunisie a servi d´intermédiaire entre l´Occident et la Libye, autrefois accusée de soutien au terrorisme et placée sous embargo. L´escale tunisienne a été importante pour le chef de la diplomatie libyenne. C´est non seulement un pays frontalier, à l´image de l´Algérie, mais surtout un pays qui a contribué, notamment à la recherche de compromis avec les Etats-Unis et la France au sujet de l´indemnisation, par Tripoli, des familles de victimes d´attentats contre des vols américain et français.