L'Expression

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VIRÉE NOCTURNE DANS LA CAPITALE

Souriez c'est alger la nuit!

En arrivant de la rue Franklin-Roosevelt, la rue Didouche-Mourad vous accueille vêtue de son plus bel apparat. La rue s'est faite belle comme pour vous attirer, pour vous inviter à la traverser, à lui rendre visite.

«8000 milliards de dinars. Tel est le budget colossal que l'État a dégagé pour faire revivre la ville d'Alger de nuit», lit-on sur le site de la mairie d'Alger-Centre. Déclaration qui a été faite en marge d'une réunion organisée à l'APC en question et qui a réuni les représentants des commerçants, le wali, le président de l'APC de Sidi M'hamed et le maire d'Alger-Centre.
C'est de là qu'est venue l'idée de faire une balade nocturne au coeur de la capitale pour faire l'état des lieux. Le lecteur est invité à nous accompagner dans cette balade.
Il est 21h30, la balade commence. En arrivant de la rue Franklin-Roosevelt, la rue Didouche-Mourad vous accueille vêtue de son plus bel apparât.
La rue s'est faite belle comme pour vous attirer, pour vous inviter à la traverser, à lui rendre visite. C'est bon, vous y êtes, Alger-Centre, le coeur de la capitale. La rue a subi une vraie toilette de la mariée. Hammam, coiffeuse, et toute la panoplie. Comme une jeune mariée qui se prépare pour sa nuit de noces.
Les arbres sont bien taillés, les rues d'une propreté irréprochable. La rue s'est maquillée de plusieurs artifices mettant encore plus en valeur sa beauté naturelle. Mais le mariage ne semble pas du goût de tous. Les invités sont absents. Les rues sont quasiment désertes. Le peu de personnes que le promeneur croise sont des hommes.

Une ville en pleine mutation
On oublierait presque l'existence des femmes. Les commerces sont presque tous fermés. Le peu de restaurants qui restent ouverts ont été désertés. Pas de boissons, pas de nourriture et encore moins de musique; le mariage est un fiasco. Seules les tavernes se réapprovisionnent, mais pour le lendemain. La mariée attendra pour se consoler. Ou peut-être s'est-on trompé de salle des fêtes? La vie manque à Didouche.
La place Maurice-Audin est à peine plus vivante, bien que plus éclairée. Quelques terrasses par-ci par-là, mais peu occupées. Pourtant, nous sommes au coeur de l'été! Pour des Méditerranéens, les Algérois dormiraient relativement tôt. 22h. L'heure du dîner en saison estivale. L'ambiance n'est pas digne d'une capitale. Mais pourquoi donc? Les habitants n'ont-ils pas envie de sortir? Ou ne leur donne-t-on pas envie de cela? Le budget alloué par l'État servira à la réhabilitation des immeubles, jardins publics, salles de cinéma et autres théâtres. Le maire d'Alger, Abdelhakim Bettache, explique cette ambiance par le fait que «le citoyen [...] ne s'est pas encore mis dans le bain, chose qui se fera petit à petit». Le citoyen ne semble même pas décidé à prendre une douche apparemment.
La Grande Poste est à peine plus animée, à peine plus de terrasses sont occupées. On croise par contre plus de familles par ici. «Alger-Centre est très agréable le soir, contrairement à la journée», déclare Karim, installé à une terrasse avec sa famille. «L'insécurité nocturne semble être un mauvais rêve aujourd'hui», ajoute-t-il pour exprimer sa quiétude. Il est vrai que la police est omniprésente. La place Emir Abdelkader n'a pas fière allure. Seulement deux tables sont occupées sur la terrasse du Milk Bar. Alger-Centre fait la cour aux estivants et aux touristes, mais ces derniers semblent encore réticents à répondre à son appel nocturne. Elle a pourtant fait beaucoup de progrès depuis quelques années. Immeubles et jardins réhabilités, paraboles éradiquées, rues propres... il semble qu'elle doive poursuivre ses efforts. Un peu plus loin, il semble y avoir plus de vie. Le square Port Saïd est plus animé, bien que les rues soient beaucoup moins propres, l'éclairage moins rassurant. Les cambistes sont toujours là à cette heure tardive. Le square en lui-même est encore en pleine réhabilitation.

Le coeur d'Alger bat ailleurs
La vie n'était en fin de compte qu'illusion. Le promeneur téméraire continuera sa balade jusqu'à traverser la place des Martyrs, qui n'a pas fière allure non plus. Elle est pourtant belle! Mais la beauté à elle seule ne suffit pas. «La beauté, seule, ne construit pas une maison comme dit l'adage. En l'occurrence, la beauté seule n'attire pas les touristes. Les cafés et autres salons de thé sont fermés. Les commerces aussi. Sauf que le promeneur remarque que la circulation se fait plus dense un peu plus à l'ouest. Ce dernier, curieux, se laisse guider et emporter par cette curiosité irrésistible jusqu'à Bab El Oued... et c'est la surprise totale! La circulation rappelle les heures de pointe.
La place El Kettani grouille de vie! Les familles y sont innombrables. La queue s'allonge aux abords des manèges pour enfants. Idem en face des glaciers. Il faut attendre une dizaine de minutes pour se voir servir. Il faut mériter sa glace! «Les enfants sont très contents, et nous aussi! Plus besoin de faire des kilomètres pour pouvoir se balader et prendre une glace!», s'exclame Hakim, père de famille. Le jardin Taleb Abderrahmane a attiré une foule venue nombreuse. Pas un seul centimètre pour s'asseoir. Le jardin est de toute beauté. Cette dernière est amplifiée par la fontaine et ses jets d'eau. Femmes, hommes, enfants, l'ambiance est à la fête. Les restaurants sont encore ouverts. Les glaciers nombreux. Même l'air y est plus frais. «L'ambiance est très agréable», déclare Farida, sourire jusqu'aux oreilles, qui est venue avec sa famille. «De plus, on ne craint rien ici, la police est partout», dit-elle pleine de quiétude. Mixité, propreté, Bab El Oued brille de toutes ses lumières. Peut-être que le marié a été séduit par cette mariée plutôt que par la première, qu'il a abandonnée à l'autel. Peut-être a-t-il préféré cette beauté plus populaire, plus naturelle et spontanée. La plage El Kettani est tout aussi animée. Plusieurs personnes s'y prélassent. Essentiellement des familles. Les jeunes se sont rassemblés plutôt vers la plage R'mila et aux abords du stade Ferhani, où les parties de dominos sont des plus passionnées. Le parfum du thé encense les alentours. Le coeur de la capitale semble battre un peu plus à l'ouest.
La mairie d'Alger-Centre tente de réanimer le coeur de la capitale, mais cela ne servira à rien sans le reste des organes vitaux. En l'occurrence, ici, les commerces et les clients. Espérons que les efforts fournis pourront refaire d'Alger un grand mariage, surtout qu'avec la réhabilitation de ses immeubles, sa robe retrouve sa blancheur d'autrefois.

Une ambiance en demi-teinte sur les hauteurs d'Alger
Les nuits estivales sont plutôt animées sur les hauteurs d'Alger jusqu'à une certaine heure. Les commerces y sont ouverts tard, la sécurité y est assurée par les forces de l'ordre. La place Kennedy est certes animée, mais elle est fréquentée exclusivement par les hommes. La plupart d'ailleurs sont soit des groupes de jeunes qui s'y installent, soit des fidèles qui sortent de la mosquée et s'attardent sur la place après la dernière prière. L'animation est la même sur l'avenue Mustapha-Ali Khodja, mais la gent féminine y est un peu mieux représentée. Les commerces sont certes fermés, mais les restaurants et autres rôtisseries sont en pleine effervescence. Même certaines pâtisseries sont ouvertes! Le glacier du coin fait carton plein. Les pizzerias et fast-foods vers Châteauneuf attirent beaucoup de jeunes. Même son de cloche dans les environs de Chéraga et de Dély Ibrahim, dont la vie nocturne est dynamisée par les différents restaurants qui s'y trouvent. Surtout certains qui viennent d'ouvrir et qui drainent une foule appréciable. Ben Aknoun n'est pas en reste avec le cercle de l'ES Ben Aknoun où plusieurs personnes y sirotent tranquillement leurs thés. De toute évidence, tous les quartiers du Grand-Alger ne sont pas aussi vivants les uns que les autres.

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