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Pr Riad Mokretar Kharoubi, chef de service au CHU de Beni Messous, à L'Expression

«On ne peut prédire quand sera le pic!»

Le professeur Riad Mokretar Kharoubi est le chef de service REA de l'un des plus importants centres anti-Covid-19 du pays. Dans cet entretien, il revient sur la situation sanitaire en général mais aussi sur celle qui prévaut en réanimation. Il nous parle des patients admis en soins intensifs et fait des constats sans équivoque non sans revenir sur l'Omicron et ses effets. Appréciez-plutôt...

L'Expression: Bonjour professeur. Le triste record des contaminations a été «battu» cette semaine. Quelle situation prévaut dans les hôpitaux en général et le CHU de Beni Messous en particulier?

Professeur Riad Mokretar Kharoubi: Difficile! Au niveau du CHU de Beni Messous comme, d'ailleurs, dans les autres hôpitaux du pays, notamment du centre, il y a une hausse vertigineuse du nombre d'hospitalisations. Nous sommes en pleine «montée» de la vague. Nous n'avons pas encore atteint le «pic» de cette 4e vague. Les services hospitaliers sont de plus en plus saturés. Au niveau de notre CHU, plus de 9 ser-vices ont été dédiés à la prise en charge des patients atteints par la Covid-19, en plus de deux services de réanimation. À Beni Messous ou dans les autres établissements hospitaliers, il y a une saturation au niveau des centres de tri. Les lits d'hospitalisation deviennent de plus en plus «rares». Nous ne sommes pas encore à 100% des admissions mais on avoisine les 80 à 85%, de taux de remplissage de ces précieux lits dans les structures coronavirus.

Et en réanimation?
Le service de réanimation, n'a, lui, jamais désempli, même durant la période d'accalmie du fait du nombre réduit de lits dont nous disposons. Une situation qui nous a menés à mettre en place des lits de réanimation non conventionnel dans différents hôpitaux du pays et cela, afin de répondre à la demande croissante pour les soins intensifs. C'est le cas au CHU Issad Hassani, où, 8 lits de ce type ont été installés au niveau du service d'ophtalmologie. Il est difficile de mobiliser des lits de réanimation nouveaux, non conventionnelle, cette difficulté nous ramene à la question: qu'est ce qu'un lit de réanimation. Combien en faut-il? L'une des réponses est le fait, qu'en dehors de toute pandémie ou de catastrophe sanitaire, il y a des normes structurelles notamment dans la définition d'un service d'anesthésie- réanimation, en particulier les lits de réanimation chirurgicale et les salles de réveils postopératoires. Si elles étaient appliquées, ces normes permettraient de disposer d'un plus grand nombre de lits de réanimation rapidement mobilisables.

Quel est le profil des patients admis actuellement en réanimation?
Le profil des patients admis en «REA» est quasi identique à celui observé durant les trois précédentes vagues. C'est-à-dire, des sujets âgés de plus de 60 ans avec des comorbidités telles que, le diabète, l'hypertension artérielle ou encore des pathologies respiratoires. Néanmoins, avec mes autres collègues de tout le pays, nous avons constaté que, plus de 90% des patients nécessitant des soins intensifs ne sont pas vaccinés. Certaines personnes, dites à risques et qui ont été vaccinées, entrent à l'hôpital mais leur état s'améliore vite ne nécessitant pas un passage en REA. Les cas les plus graves, ceux qui sont décédés ou qui ont nécessité une prise en charge par des moyens de respiration invasive (intubation, Ndlr), concernent des personnes qui, majoritairement, n'ont pas été vaccinés. Le constat est là, il faut en tirer les conclusions! En dehors de la réanimation, on a pu constater un plus grand taux d'hospitalisation d'enfants. Ce qui n'était pas le cas lors des précédentes vagues. Le plus souvent, heureusement, il ne s'agit pas de cas graves.

La situation est donc difficile mais pas hors de contrôle, malgré le nombre plus élevé de contaminations par rapport aux autres vagues. Cela veut-il dire que l'Omicron est moins dangereux que les précédents variants?
D'abord, il faut savoir que le Delta existe toujours. Il circule encore parmi nous et fait de grands dégâts. La majorité des patients admis en soins intensifs ont été touchés par ce variant. C'est un constat confirmé aussi par mes confrères réanimateurs. La grande crainte des professionnelles de la santé réside dans le fait que le Delta persiste encore, malgré l'avancée de l'Omicron. Surtout que le faible taux de vaccination dans le pays laisse un grand nombre de citoyens à risque sans aucune protection. Ce qui va inévitablement les mener à l'hôpital en cas d'infection. Certes, l'Omicron est moins «dangereux» (Il faut le mettre entre guillemets car cela est relatif) mais il a une très forte capacité de propagation. On peut le constater actuellement avec l'explosion des cas. Logiquement, plus il y aura de contaminations, plus il y aura des hospitalisations, plus il y aura des cas graves et des morts. Ce qui risque d'entraîner une forte tension sur les hôpitaux en général et les services de REA en particulier. Au stade où l'on est aujourd'hui, on ne peut donc pas affirmer s'il est plus ou moins dangereux que les précédents variants. Ce qui est certain c'est qu'il touche plus de personnes...

Sommes-nous proches du «pic» de ce «tsunami»?
Franchement, avec ce virus imprévisible, je ne pense pas que beaucoup de gens puissent prévoir le «timing» exact. Le taux de contaminations est en train d'augmenter de façon vertigineuse. Ce qui nous laisse penser qu'il sera pour bientôt. Le fait que beaucoup de personnes aient été contaminées, fait qu'une certaine immunité a été développée. On est très loin de l'immunité collective mais cela peut être un bon point pour la baisse des contaminations. Toutefois, je le répète, on ne peut prédire quand arrivera ce fameux et tant attendu «pic».

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