«On ne joue pas aux dominos»

Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a soutenu que l´Algérie ne sera pas affectée par le vent de révolte qui souffle actuellement sur les pays du Moyen Orient et de l´Afrique du Nord. «Je crois qu´il faut laisser ça à ceux qui jouent aux dominos», a déclaré, hier, le ministre en guise de réponse à ceux qui agitent l´éventualité d´un effet domino des révoltes tunisienne, égyptienne et celles en cours en Libye et dans d´autres pays de la région. Intervenant lors d´un point de presse à Djenane El Mithaq à l´issue d´un entretien avec son homologue portugais, M.Medelci a ajouté que «l´Algérie est en situation ordinaire», ce qui n´était pas le cas, selon lui, en Egypte dont les facteurs de la révolte sont réunis depuis longtemps. «Lorsque les tensions apparaissent, on les traite en temps opportun», a-t-il dit en référence aux mesures gouvernementales pour apaiser les tensions suites aux émeutes qui ont secoué toutes les régions du pays durant les premiers jours du mois de janvier 2011. Pour Medelci, ces émeutes s´étaient produites pour des raisons sociales (flambée des prix de l´huile et de sucre Ndlr) et loin de toute revendication politique.
Toutefois, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que «sur le plan politique, ceux qui n´ont pas marché ont parlé et ont donné leur point de vue» de la situation du pays et se sont exprimés sur les chaînes de télévision étrangères.A rappeler, dans ce contexte que les trois marches auxquelles a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) les 12, 19 et 26 février ainsi que la marche du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) du 22 janvier dernier ont été empêchées par d´impressionnants dispositifs sécuritaires. «Ce mouvement de protestation est porté par une centaine de personnes et on ne peut pas dire qu´il recueille le point de vue de tous les Algériens», a ajouté encore le ministre, sans expliquer pourquoi le pouvoir a paniqué en empêchant leurs marches. Interrogé sur la situation en Libye où un carnage est perpétré chaque jour par le sanguinaire El Gueddafi, M.Medelci a considéré que «cette situation qui est caractérisée par un regain de violence et la disparition des institutions» préoccupe l´Algérie qui est «à l´écoute de tout développement». Il a déclaré, dans ce contexte, que l´Algérie a rapatrié déjà plus de 2000 Algériens établis dans ce pays et qu´un bâteau qui transportera des centaines d´autres ressortissants est actuellement à Benghazi. «Il y a 700 Algériens à Benghazi et il y a ceux qui ne veulent peut-être pas rentrer», a-t-il précisé, avant de révéler que 1000 personnes de nationalités différentes ont fui la Libye en transitant par l´Algérie en attendant de regagner leurs pays d´origine.
Concernant la rumeur faisant état de l´envoi par l´Algérie de mercenaires en Libye, M.Medelci a rappelé le démenti officiel de l´Algérie, avouant qu´il ne sait pas qui est derrière cette intox.«Ces allégations sont vides de sens et n´ont pas d´importance pour nous», a-t-il souligné précisant que l´Algérie n´à aucune intention de rentrer dans ces considérations.
Ce 26 février, l´Algérie avait démenti de la manière la plus formelle, par la voie du ministère des Affaires étrangères, «les allégations mensongères colportées par certains sites électroniques ainsi que par certaines chaînes de télévision satellitaires sur une prétendue utilisation d´avions militaires algériens pour transporter des mercenaires en Libye».