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Salah Boucha, ambassadeur conseiller, à L'Expression

«Nous avons reçu à deux reprises les 14 factions palestiniennes»

Salah Boucha est un diplomate algérien qui a dirigé le processus qui a abouti à la Déclaration d'Alger pour la réconciliation inter-palestinienne. 54 séances de travail, de grandes réunions à Alger, une tournée dans tous les pays arabes. 10 mois d'un marathon diplomatique inédit. L'ambassadeur conseiller nous raconte dans cet entretien pourquoi et comment l'Algérie a réussi.

L'Expression: Les observateurs de la scène arabe estiment que la réconciliation inter-palestinienne va peser sur le Sommet arabe d'Alger. Comment appréciez-vous cette affirmation?
Salah Boucha: La réalité est que la question palestinienne a toujours été centrale dans toute l'action arabe commune, depuis que le problème palestinien existe. Et Alger peut en témoigner parce qu'elle a abrité quatre Sommets, spécifiquement axés sur la cause palestinienne. D'abord lorsque l'OLP a été reconnue comme représentant unique et légitime du peuple palestinien devant l'Assemblée générale des Nations unies et l'OLP admise comme membre observateur à l'ONU, c'était grâce au Sommet d'Alger de 1973. Ensuite, en 1988, après la première Intifadha, Alger a abrité un Sommet arabe qui a abouti à la proclamation de l'État palestinien, le 15 novembre 1988. L'Algérie a également abrité au moins quatre sessions du Conseil national palestinien. Le peuple et l'État algérien sont attachés au droit légitime du peuple palestinien. Cette logique historique veut que l'Algérie milite pour que la cause palestinienne soit une question centrale du Sommet d'Alger. Maintenant pour répondre à votre question, je dois rappeler que nos frères palestiniens connaissent des divergences profondes durant les 25 dernières années, qui ont miné l'action palestinienne au plan régional, arabe et international. La conséquence a été à ce que la question palestinienne ne soit pas à l'ordre du jour de pas mal de forums. Le Quartet est absent. Au niveau arabe, connaît les évolutions des uns et des autres. Mais fidèle à la cause palestinienne, l'Algérie continue à la défendre. C'est dans ce sens que le président de la République a initié l'initiative algérienne, lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas en décembre 2021. Suite à cela un groupe de travail a été mis en place. On a mené des discussions avec l'ensemble des factions palestiniennes qui ont duré 10 mois. On a eu 54 séances de travail. Nous avons reçu les 14 factions à deux reprises. Nous avons parcouru le Monde arabe pour obtenir un consensus autour de la nécessité d'une réconciliation. Nos déplacements ont concerné pratiquement tous les pays arabes. Cet effort interrompu a donc abouti à la conférence des 11, 12 et 13 octobre. Cette rencontre a permis des discussions inter-palestiniennes et amené la Déclaration d'Alger. Celle-ci est une feuille de route pour le travail de réconciliation à proprement parler. Les Palestiniens ont un an devant eux pour donner corps à cette Déclaration. Un mécanisme de suivi a été proposé impliquant la Ligue arabe. Il sera discuté lors du Sommet d'Alger.

L'Algérie propose de réactiver le Plan de paix saoudien à l'occasion du Sommet d'Alger. Y-a-il un consensus palestinien et arabe autour de cette démarche? Et pensez-vous qu'en face, Israël acceptera de négocier?
Le plan de paix saoudien proposé en 2002 par l'Arabie saoudite a eu l'adhésion des pays arabes, y compris l'Algérie. Il est basé sur le principe de la reconnaissance de l'État palestinien aux frontières de 1967. En 20 ans, ce plan n'a pas connu une mise en oeuvre, en raison de l'attitude d'Israël qui l'a toujours ignoré. On peut remonter plus loin. Rappelez-vous, le processus d'Oslo n'a pas été appliqué dans aucun de ses 8 documents, ni sur le retour des réfugiés palestiniens, ni de la reconnaissance de l'État palestinien et encore moins le reste du processus. À ce jour, l'occupant israélien tourne le dos à toute solution pacifique. Notre intérêt dans la réactivation de ce plan de paix est destiné à lancer un message à d'autres partenaires, européen, américain et d'autres acteurs. Nous voulons montrer en tant qu'organisation panarabe que nous souhaitons la paix. Nous disons qu'une paix se fait à deux et nous prenons à témoin la communauté internationale.
Concernant la position palestinienne, comme dans toute société, ils ont des points de vue et peuvent diverger. Certains ne croient pas à ce plan de paix. Ils disent que la Nekba a eu lieu en 1948. C'est un point de vue qui a sa valeur. Sachez qu'il y a 7 millions de Palestiniens qui vivent dans les territoires occupés et sept autres millions sont dispersés à travers le monde. L'Algérie en tant que pays proche de la Palestine est aussi attachée à la légalité internationale. Nous travaillons à renforcer le soutien international de la cause palestinienne. Le plan de paix que nous réactivons est un acte de soutien à la Palestine, dans le cadre de la légalité internationale.

Cette approche ne contredit-elle pas la normalisation avec Israël initiée par certains pays arabes?
Ce processus de normalisation ne date pas d'hier. Il a commencé il y a plus de 40 ans et suivi en 1994. Nous faisons la distinction entre les initiatives que prennent des États et les actions diplomatiques commune dans le cadre de la Ligue arabe. En tout état de cause, il y a lieu de préciser que toute action politique qui ne prend pas en considération les droits légitimes du peuple palestinien n'a pas de chance d'aboutir.

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