L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

NOURIA BENGHEBRIT, MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, À L'EXPRESSION

"Mon objectif : une école de qualité"

Dans cet entretien, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, s'est exprimée sur la situation actuelle de son secteur, sur sa stratégie. Elle a mis l'accent sur les axes majeurs pris en considération dans le plan de modernisation du secteur, notamment la gestion des ressources humaines, le processus enseignement-apprentissage et la gestion de la vie scolaire. Elle explique que le défi actuel du système éducatif algérien est celui de la qualité et l'équité.

 

L’Expression : Pour cette rentrée scolaire, on annonce un manque d’infrastructures, une surcharge des classes dans certaines wilayas. On croit savoir que pas moins de 532 établissements n’ont pas été réceptionnés. Comment allez-vous y remédier?

Nouria Benghebrit :Les causes du phénomène de surcharge, aujourd’hui, malgré l’exécution d’un important programme d’inscription depuis 2000, sont, essentiellement, liées à : l’ouverture de zones d’habitations urbaines nouvelles (ZHUN) engendrant un déplacement massif de population, au retard dans la réalisation des projets, l’engouement pour certaines filières au détriment d’autres filières : par exemple la surcharge concerne plus la filière sciences expérimentales que les filières mathématiques et techniques mathématiques qui fonctionnent avec des effectifs réduits. Cependant, il faudrait définir le concept de surcharge selon les indicateurs établis. Quand parlons-nous de surcharge? Nous parlons de surcharge quand il s’agit de division pédagogique dont le nombre dépasse les 40 élèves. La surcharge ne concerne qu’un nombre limité de divisions pédagogiques, identifiées dans certaines poches seulement.

En raison de la baisse relative des effectifs dans le secondaire, cette année, liée à la sortie de la double cohorte et à la réception de nouvelles infrastructures scolaires, nous pouvons dire qu’au niveau macro, la situation est plutôt confortable mais, au niveau micro, certaines contraintes persistent. Par niveau micro, nous entendons, le cycle primaire. Nous avons toujours tenu le langage de la vérité et nous avons, à maintes fois, signalé, lors de nos interventions, que le secteur fera face, relativement, à ce phénomène dans le cycle primaire en raison, également, de la reprise de la natalité, depuis l’année 2000. Le nombre d’élèves dans le cycle primaire connaît cette année une augmentation de près de 200.000 élèves. Malgré ces contraintes, la surcharge touche 844 écoles primaires sur un total de 18.350, soit un taux de 4,59% et 151 CEM sur un parc global de 5.346 établissements d’enseignement moyen, soit 2,82%. Au niveau du cycle secondaire, le secteur ne connaît pas de surcharge si ce n’est dans quelques rares foyers. Les solutions ponctuelles pour faire face à cette situation sont, pour le primaire, la double vacation simple (une division par exemple) ou totale (toutes les divisions) qui sont des réaménagements horaires des enseignants. Pour le moyen et le secondaire, le secteur a recours aux classes mobiles (les élèves changent de classes). Afin de juguler le phénomène de surcharge nous continuerons à travailler de concert avec le ministère de l’habitat pour prendre en charge, en priorité, les poches de tension sur la base de la cartographie des régions qui souffrent de cette situation, tracée par nos services compétents.

Le secteur de l’éducation nationale a pris des mesures palliatives dont la transformation des établissements selon besoin (école en lycée par exemple), l’utilisation d’annexes, salles en extension. Cependant, les capacités d’accueil du secteur seront confortées par 30.280 nouvelles places pédagogiques au niveau du cycle primaire ; 63.240 nouvelles places pédagogiques, au niveau du cycle moyen et 95.600 nouvelles places pédagogiques au niveau du cycle secondaire. Il convient de rappeler que le Ministère de l’Education Nationale prend en charge, en plus des classes dites « normales », des classes multi-niveaux, intégrées, d’adaptation (difficultés d’apprentissage), inclusives et des classes ouvertes en milieu hospitalier.

 

L’école algérienne est malade. Le système éducatif est médiocre. Partagez-vous ce constat?

L’évaluation que je fais des acquis de l’éducation nationale est plutôt positive au regard du chemin parcouru. Les effectifs globaux des élèves ont été multipliés par 10 depuis l’indépendance, passant de 813.613 élèves en 1962 à 8 451 370 élèves cette année, ce qui signifie que le quart de la population algérienne actuelle est à l’école, ce qui ne peut, objectivement, nous laisser indifférents. L’examen des indicateurs d’accès à l’enseignement primaire montre une quasi-généralisation de l’accès atteinte depuis plusieurs années aussi bien pour les filles que pour les garçons. Les taux nets de scolarisation au primaire ont dépassé le seuil des 95% depuis près d’une décennie. Le taux de scolarisation de la tranche d’âge des six ans a atteint 98,16% en 2012 alors qu’il n’était que de 43,42% en 1966. En outre, le taux de scolarisation de la tranche d’âge des 6-15 ans est passé de 45,36% en 1966 à 95,68% en 2012. Le taux de scolarisation des filles, à tous les niveaux d’enseignement, était confiné dans des proportions minimes en 1962. Depuis, ce taux a connu une augmentation importante. En 2014, la participation des filles a atteint, respectivement 47% au primaire, 48% au moyen et 57% dans le secondaire. Cela signifie que les filles sont, non seulement, de plus en plus nombreuses à accéder à l’école mais, qu’en plus, elles font tout pour y évoluer. L’Algérie compte aujourd’hui plus de 400.000 enseignants tous cycles confondus, ce qui représente un effectif 17 fois supérieur à celui enregistré en 1962 puisque nous comptions alors 23.612 enseignants. L’évolution n’est pas seulement quantitative mais également qualitative puisque le corps enseignant est constitué dans sa globalité de diplômés de l’université. Par ailleurs, les différents plans de lutte contre l’analphabétisme ont donné des résultats probants au regard de la situation héritée de l’ère coloniale. Le taux d’analphabétisme a reculé pour atteindre les 15% en 2014 alors qu’il était estimé à 85% en 1962. Le nombre d’infrastructures pédagogiques a connu, lui aussi, un accroissement considérable à la faveur de la politique tracée par l’Algérie en matière de scolarisation ; une politique planifiée qui assure un équilibre entre les différentes régions du pays notamment, les zones enclavées. Le nombre des infrastructures pédagogiques a été multiplié par 10 depuis l’indépendance, passant de 2.666 en 1962 à plus de 25.000 aujourd’hui. Et à tout cela, il faudrait ajouter toutes les mesures de soutien à la scolarité, je pense aux cantines scolaires, aux bourses scolaires dans les cycles moyen et secondaire, la prime de scolarité, instituée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, la gratuité du manuel scolaire à plus de 4 millions d’élèves, la gratuité des fournitures scolaires aux élèves issus des familles démunies, la santé scolaire, le transport scolaire. La conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école, tenue les 25 et 26 juillet, a pointé le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements, générés après la mise en œuvre de certains dispositifs de la réforme.

C’est la raison pour laquelle, tous les efforts, actuellement menés, visent, dans une approche de suivi et d’évaluation régulière, à résoudre les difficultés et à anticiper sur l’avenir. Avoir un citoyen doté d’une culture scientifique, adossée à une culture humaniste ancestrale et ouverte sur les acquis technologiques et la maîtrise des langues étrangères est notre ultime ambition.

 

Depuis 20 ans, on a livré l’école aux tiraillements idéologiques et on a fait de nos élèves des cobayes. Oserez-vous proposer une vraie réforme avec un projet de société moderniste qui mettra cette école sur orbite. Des conquêtes scientifiques?

Il n’est pas exagéré de dire que les univers éducationnels dans le monde sont entrés dans une phase de bouleversement. Le système éducatif algérien vit une crise de croissance où il s’agit de passer d’un investissement de type quantitatif où il était question d’assurer la scolarisation de tous les enfants algériens par la massification, à un redéploiement qualitatif. C’est le défi actuel du système éducatif algérien, celui de la qualité. En mettant au cœur de son action deux référents transversaux essentiels à savoir, l’équité et la qualité, en application des orientations du programme de Monsieur le Président de la République, le secteur de l’éducation nationale prévoit l’introduction de plusieurs mesures ayant pour objet l’amélioration des performances du système éducatif aussi bien au niveau de la gouvernance que de la refonte pédagogique, avec la formation par la professionnalisation comme moyen et mode d’action privilégié.

Au niveau de la gouvernance, la feuille de route du ministère de l’éducation nationale consiste, principalement, à poursuivre les actions de modernisation de la gestion pédagogique et administrative de l’institution éducative, adopter la démarche de projet à tous les niveaux comme modalité de mise en œuvre de la politique éducative, proposer une charte d’éthique consensuelle. Au niveau de la refonte pédagogique, l’action du ministère de l’éducation nationale porte, essentiellement, sur l’amélioration des pratiques de classe, sur la généralisation de l’éducation préscolaire, notamment au Sud du pays, la réécriture des programmes d’enseignement, la rationalisation et l’optimisation de la gestion du temps scolaire en appliquant au moins 32 semaines d’activité effective d’enseignement, la poursuite de la promotion des filières mathématiques et technique mathématique et l’amélioration de la qualité des apprentissages et des acquis des élèves notamment dans les langages fondamentaux. Mais, il est tout à fait clair que l’amélioration du niveau des apprenants ne saurait être possible sans une formation de qualité des personnels du secteur particulièrement, les enseignants et des encadreurs pédagogiques. La formation des personnels doit permettre à chacun de remplir ses missions et d'exercer son métier dans les meilleures conditions mais également de développer ses compétences. A ce titre, le Ministère de l’Education Nationale a mis en place un vaste et ambitieux programme de formation à l’adresse de toutes les catégories de personnels de l’éducation mais surtout des enseignants dont 67,47% ont moins de 45 ans.

 

Des parents d’élèves déçus par l’école publique, soucieux de l’avenir de leurs enfants, s’en remettent aux écoles privées à leurs risques et périls. Que prévoyez-vous comme mesure de normalisation de ces écoles?

Pour prendre la mesure de la part du privé dans le secteur de l’éducation, permettez-moi de vous livrer quelques chiffres. Le nombre d’établissements privés d’enseignement est estimé à 292 établissements, soit un taux de 1,12%, par rapport au nombre d’établissements scolaires publics. Répartis sur 22 wilayas, ces établissements accueillent 59.214 élèves. Quand on sait que le nombre d’élèves scolarisés dans le public est estimé à 8.112.475, on comprend très vite que le taux d’élèves qui fréquentent les établissements privés est infime, comparé à celui des établissements publics. Ceci étant dit, nous encourageons le secteur privé à investir dans le secteur de l’éducation. Toutes les initiatives à même de multiplier les chances de scolarisation de nos enfants, sont les bienvenues. La diversification de l’offre éducative peut être considérer comme une valeur ajoutée à charge pour nous, Ministère de l’éducation nationale, d’assurer le suivi et le contrôle nécessaire. Une commission travaille sur l’amélioration des cahiers des charges.

 

Le dialogue avec les syndicats et les parents d’élèves a jusque-là donné ses fruits. Une rentrée sans encombre. Mais des parents d’élèves et certains syndicats revendiquent, par exemple, une 2ème session au Bac. Pourquoi pas?

L’un des ateliers de la conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école, tenue, au palais des nations, les 25 et 26 juillet, et à laquelle ont pris part plus de 1000 participants dont les partenaires sociaux, a été consacré à la question de la réorganisation des examens nationaux. Concernant l’examen du Baccalauréat, les participants à cet atelier ont proposé diverses possibilités. Il est vrai que l’organisation de l’examen du baccalauréat telle qu’elle est conçue, actuellement, gagnerait à être révisée. Néanmoins, la prise en compte des recommandations portant sur des volets engageant l’avenir du pays, telles que la refonte des examens officiels (5ème, BEM, BAC), relèvent à la fois d’un niveau de compétence scientifique et technique qui est le travail des experts, et d’un processus institutionnel, qui, lui, porte, comme l’a si bien dit Monsieur le Premier Ministre à Constantine, sur un examen minutieux de chaque proposition, en termes de pertinence, de contexte, de moyens et d’impact sur le plan quantitatif, qualitatif (résultats attendus) et financier. Aussi, nous présenterons, très prochainement, au Gouvernement, un dossier exhaustif comprenant les propositions retenues en matière d’organisation des examens nationaux dont bien sur le baccalauréat.

 

Comment comptez-vous faire face à l’échec des bacheliers à la Fac suite au passage d’un système complètement arabisé à celui d’un enseignement en français?

L’amélioration dans la maîtrise des langages fondamentaux constituent une des réponses que nous avons prises au niveau de l’éducation nationale, face aux résultats médiocres, obtenus au niveau de la première année universitaire, dans certaines filières. Mais des réponses et des solutions sont, également, proposées par le secteur de l’enseignement supérieur pour évaluer et résoudre le problème.

 

L’enseignement préscolaire n’est qu’à ses premiers balbutiements. Pensez-vous le généraliser?

Assurer l'équité et l’égalité des chances pour l'ensemble des élèves, à travers le territoire national, suppose que certaines mesures spécifiques soient prises, notamment, la généralisation de l’éducation préparatoire. Les classes préparatoires, comme étant un outil d'équité, doivent être graduellement généralisées sur l’ensemble des localités notamment dans les régions du Sud, en impliquant tous les secteurs concernés. Dès notre installation, nous avons fait de la question du préscolaire notre cheval de bataille. Comme vous n’êtes pas sans le savoir, il existe actuellement une diversité référentielle en raison de la pluralité institutionnelle qui prend en charge ce segment (Préscolaire religieux, Préscolaire d’entreprise, Préscolaire communal, Préscolaire privé…) d’où l’absence d’un curriculum unifié. C’est pourquoi, l’une de notre première mesure, dans ce domaine, a été de mettre en place un curriculum national pour le préscolaire, basé sur un socle de compétences minimales à développer chez tous les enfants, quelle que soit leur structure de pré scolarisation, de sorte que le profil de sortie du préscolaire soit, pour tous, le profil d’entrée au primaire.

La Feuille de route du Ministère de l’Education Nationale, à ce sujet, comprend l’élaboration des listes des communes prioritaires, la régulation de la diversité de l’offre institutionnelle, la création de classes enfantines dans les zones prioritaires, la diffusion du curriculum et suivi de son application, la formation des éducateurs (initiale+continue) et l’évaluation continue de la stratégie.

 

Qu’en est-il de l’enseignement des langues étrangères?

Le monolinguisme ne peut contribuer au développement du pays. Il ne permet ni l’ouverture sur le monde, ni l’accès aux savoirs et aux connaissances scientifiques élaborées ailleurs, empêchant ainsi l’établissement d’un dialogue fécond avec les autres cultures et civilisations. Aussi, dans le cadre de la refonte pédagogique, nous œuvrons pour l’amélioration de la prise en charge des langues étrangères, considérées comme l’une des compétences fondamentales que doit maîtriser l’apprenant ainsi que pour le renforcement de la couverture de la 3ème langue vivante au niveau de la filière langues étrangères (cycle secondaire).

 

Des experts ont proposé l’utilisation des langues maternelles dans les premières classes du primaire. Une recommandation accueillie par une salve d’attaques vous visant personnellement. Qu’avez-vous à répondre?

En tant qu’institution éducative, nous nous devons de veiller à deux dispositions : la conformité et le respect. La conformité des décisions à prendre par rapport à un cadre référentiel national, celui de la constitution d’abord et ensuite, celui de la loi d’orientation sur l’éducation nationale et à des structures de validation officielle qu’est le Conseil des Ministres. En dépit des démentis officiels et des explications - témoignages apportés par des participants à la conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme de l’école qui s’est déroulé au Palais des Nations les 25 et 26 juillet 2015, regroupant plus de 1000 présents au titre de 42 catégories sociales: cadres de l’état, professionnels de l’éducation, universitaires, représentants syndicaux et associatifs, écrivains, journalistes…il est regrettable de constater que certains continuent à produire des discours générant le doute et la suspicion, sur la base d’extrapolations qui n’ont rien à avoir avec le contenu réel d’une recommandation, issue des travaux d’un atelier de ladite conférence. Conformément à la loi d’orientation sur l’éducation 08-04 et aux autres textes officiels de référence nationale, la langue arabe est la langue des enseignements et des apprentissages et, à aucun niveau, il n y a eu remise en cause de ce principe. Quant aux interactions des langues et des disciplines en contexte scolaire, leurs enseignements / apprentissage relèvent d’un niveau de scientificité et de technicité adossé à des domaines de connaissance et de spécialités de recherche, en Algérie, au Maghreb, dans le monde arabe et le monde entier, que sont la didactique des disciplines, les sciences du langage, les sciences de la cognition, les sciences de l’éducation, la pédagogie… Et le débat engagé à ce niveau révèle la vivacité de la recherche.

 

Vous avez évoqué l’usage de l’internet. Or, il se trouve qu’actuellement les enseignants n’ont même pas de plate-forme sur laquelle ils peuvent se connecter au niveau national.

De nos jours, les apports de l’informatique ne sont plus à démontrer, dans tous les domaines de la vie, et l’éducation n’est pas en reste. Et quand on parle d’apports de l’informatique en éducation, ce n’est pas seulement son utilisation dans le processus enseignement-apprentissage dont il s’agit, mais bien plus, puisque nous avons l’ambition légitime d’exploiter toutes les ressources des technologies informatiques dans la modernisation de la gestion administrative et pédagogique au niveau du secteur.

Cette révolution silencieuse du secteur nous permettra de nous projeter véritablement dans le 3ème millénaire. Trois axes majeurs sont à prendre en considération dans le plan de modernisation du secteur : la gestion des ressources humaines, le processus enseignement-apprentissage et la gestion de la vie scolaire. Les élèves de la génération actuelle ont grandi avec les technologies numériques. Les appareils numériques font partie de leur quotidien en dehors de l'école. Grâce aux TIC, les enfants peuvent désormais accéder à une multitude d'informations, de contenus et de ressources, notre rôle est de les orienter. La modernisation de la gestion des ressources humaines nous permettra de renforcer la performance de l’administration, de maîtriser les dépenses publiques et de répondre, au mieux, aux attentes des citoyens et des personnels. Aujourd’hui, le cheminement de l’information du niveau local au niveau central prend énormément de temps, ce qui a des répercussions négatives sur l’efficacité du secteur en matière de gestion des ressources humaines. Il est temps que les choses changent…et vite. Alors que les nouvelles technologies tiennent une place prépondérante dans le quotidien des élèves à la maison, les professeurs doivent essayer d'exploiter ce phénomène pour optimiser l'apprentissage en salle de classe et à la maison. Les élèves n'apprennent plus de la même manière qu'auparavant et les professeurs doivent adapter leurs méthodes d'enseignement en conséquence. L’introduction des TICE permet une amélioration de la participation, la motivation, l’apprentissage autonome, la présence et la ponctualité des élèves ainsi que l’allongement du temps d'apprentissage de l'élève. Le professeur doit s'adapter aux nouvelles méthodes d'apprentissage : enseignement à distance, « classes inversées ou salles de classes à l'envers »... D’ailleurs, ce dernier concept est une méthode d'enseignement qui met fin au modèle de salle de classe traditionnelle. Lorsque les élèves regardent une leçon sous forme de vidéo ou lorsqu'ils font leurs devoirs, la présence de l'enseignant n'est pas toujours nécessaire. En revanche, les enseignants ont besoin d'être présents pour aider les élèves à comprendre certains problèmes et à leur expliquer comment résoudre une question. En assumant ce rôle de guide facilitateur, l'enseignant peut passer plus de temps avec chaque élève séparément mais, il est clair que cela exige de lui des compétences nouvelles. Des expériences pilotes peuvent être introduites. La modernisation de la gestion de la vie scolaire, quant à elle, permettra de réaliser le lien entre les parents et les élèves. D’ailleurs, certaines Directions de l’Education ont, déjà, initié des expériences réussies dans ce domaine. Le programme d’informatisation dans lequel nous nous sommes engagés nous permettra de franchir un autre cap vers la qualité, car l’informatisation du secteur assurera la transparence, la célérité et la traçabilité des actions menées.

 

Après les CD, pensez-vous qu’il sera possible de mettre les cours en ligne?

Evidemment. Les cours en ligne existent déjà grâce à la plate-forme de l’ONEFD, un organe sous tutelle. « Http://scolarium-secondaire.onefd.edu.dz »!

Cette plate-forme contient plus de 16.000 vidéos didactiques dans toutes les disciplines et toutes les filières, des cours en PDF illustrés, des exercices corrigés, des évaluations interactives pour le traitement de plus de 40 situations didactiques, des références multiples, des simulations, des supports audio et vidéo pour l’apprentissage des langues, des forums de discussion pour encourager le travail de groupe.

 

Les sorties scolaires ont un intérêt pédagogique pour apprendre la culture et l’histoire sur le terrain aux enfants, pourquoi nos écoles n’organisent plus ce genre d’activités?

Permettez-moi de vous corriger. Les sorties scolaires sont toujours organisées. Mais, peut-être que nous ne mettons pas suffisamment en avant tous les efforts qui sont menés par le secteur, toutes les activités qui sont organisées. Notre conviction profonde est que les activités périscolaires doivent être développées pour qu’elles soient au service des exigences pédagogiques avec pour objectif, l’affirmation de la personnalité algérienne et de la consolidation de l’unité nationale, tout en restant guidés par la rationalité et l’ouverture sur l’universalité. Des conventions ont même été signées avec le ministère de la culture et celui des moudjahidine. Pour ne citer que cet exemple, je vous rappelle qu’au mois d’avril dernier, nous organisions des portes ouvertes sur l’orientation et la guidance scolaires et en marge de cette manifestation nous avons organisé des visites au musée El Moudjahid (Riad El Feth).Plus de 3000 élèves ont pu ainsi visiter ce musée durant ces journées. Des journées cinématographiques ont, également, été organisées au profit des élèves de 14 wilayas qui ont pu, ainsi, assister à la projection du film « Lala N’Soumer ». Plusieurs représentations de la pièce ont été données aux élèves de la wilaya d’Alger, au niveau du TNA. Avec le concours des départements des moudjahidine et de la culture, le MEN organise plusieurs visites aux musées et aux sites historiques notamment durant le mois du patrimoine. Nous sommes en cours d’élaboration d’un programme systématique, à mettre en œuvre dans tous les établissements scolaires pour que la dimension culture, théâtre, cinéma, musique…serve d’ancrage à la valorisation du patrimoine national.

 

Comment stopper la violence qui sévit dans les écoles?

Je préfère parler de violence tout court. Pourquoi stigmatiser l’école alors qu’on entend chaque jour parler d’actes de violence, dans les quartiers, dans la rue, dans la famille…Ce phénomène a pris de telles proportions, qu’il devient inquiétant. Lutter contre cette violence exige l’intervention de tous et à tous les niveaux, à commencer par la cellule familiale. Le Ministère de l’Education Nationale, conscient de la gravité et de l'ampleur de l’usage de la violence en milieu scolaire, a engagé un certain nombre de dispositions et d'actions. Ainsi, bon nombre de mesures ont été prises pour prévenir ce phénomène, notamment l’interdiction, par des dispositions législatives et réglementaires, des châtiments corporels ainsi que des insultes, brimades et humiliations et prise de sanctions administratives, pouvant aller jusqu’à la radiation, à l’encontre de tous contrevenants à cette interdiction et qui peuvent même faire l’objet de poursuites judiciaires : la loi d’orientation sur l’éducation nationale, notamment son article 20 qui instruit les élèves sur la nécessité de respecter leurs enseignants et tous les autres membres de la communauté éducative, ainsi que son article 21 qui interdit le châtiment corporel, les sévices moraux et toutes formes de brimades, les arrêtés et circulaires d’application abondent dans le même sens. La mise en place, de commissions au niveau wilaya de lutte contre la violence et les fléaux dans les établissements scolaires. L’organisation de rencontres, de séminaires et de journées d’études sur le thème de la violence en milieu scolaire. L’organisation de concours de dessin, littérature, théâtre etc. autour du thème de la violence et de la culture de la paix, le développement des activités sportives en milieu scolaire, l’introduction, dans les curriculum, des notions relatives aux Droits de l’Homme et au Droits de l’Enfant, ainsi que des thèmes relatifs à la tolérance, à la cohabitation pacifique et à la culture de la paix, notamment les programmes d’éducation civique et ceux d’éducation religieuse, aux différents paliers de l’enseignement. Je peux vous dire que dès l’année 2000, le MEN avait initié une enquête exhaustive au niveau de tous les établissements scolaires pour cerner les contours du phénomène. Successivement, en 2008 et en 2013, des études conjointes avec l’UNICEF et le CREAD (39.000 élèves de 15 à18 ans ont été concernés) ont été réalisée sur le phénomène. Le 7/12/2013, une réunion au niveau central a été organisée pour délivrer les conclusions des différentes études. S’en est suivi une large concertation sur le terrain et par visioconférence. Toutes ces consultations ont été sanctionnées par un séminaire qui a regroupé, en 2013, tous les intervenants. La violence, c’est bien connu, demeure depuis quelques années, une préoccupation réelle dans toutes les sociétés du monde entier. En Algérie, elle exige la mise en place d’une stratégie nationale car la contribution de tous est indispensable.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours