L’offensive

Driss Jettou, Premier ministre marocain, qui se trouve en visite à Washington, a été reçu par les plus hauts responsables de ce pays. Dans une entreprise de charme sans précédent, Jettou a assuré ses hôtes, respectivement Dick Cheney, vice-président, Donald Rumsfeld, ministre de la défense, Colin Powell, secrétaire d´Etat, Condoleeza Rice, chargée de la sécurité à la Maison-Blanche et William Burns, chargé des affaires maghrébines, de l´intention de sa majesté de se montrer plus respectueuse des questions relatives aux droits de l´homme, à la démocratisation du royaume, à la lutte contre la corruption qui mine le pays et à une meilleure répartition de ses richesses.
Cette véritable entreprise de charme n´a pas manqué d´être accompagnée par quelques propos bien orientés concernant aussi bien le processus d´édification de l´UMA que la question du Sahara Occidental. Si pour notre pays les deux affaires sont absolument distinctes, le Maroc soutient que le dégel de l´UMA ne saurait se faire sans un règlement préalable de la question du Sahara que le Maroc considère comme relevant de sa souveraineté nationale. Cette approche est irrecevable en ce sens que le plan Baker, adopté en conseil de sécurité a officiellement placé entre les mains de l´ONU le dénouement de cette affaire de colonisation dont la fin ne saurait être envisagée sans un référendum d´autodétermination du peuple sahraoui.
Or, parallèlement à cette sortie dont il serait attendu beaucoup, Mustapha Sahel, ministre de l´Intérieur marocain, effectue une visite en Libye.
Mieux, il est porteur d´une lettre de Mohammed VI adressée à Khadafi.
Une lettre qui ne laisse guère planer de doute sur les intentions futures de Tripoli et de Rabat. Le Maroc qui se trouve derrière le gel de l´UMA depuis 1995 et qui est la cause del´annulation de deux sommet prévus à Alger, respectivement en 2002 et 2003, ne peut découvrir des vertus nouvelles à cette institution sans les garanties que lui a officiellement et publiquement fournies Khadafi à propos de l´inclusion de la question du Sahara Occidental dans l´ordre du jour du prochain sommet de l´UMA. L´illégalité de cette décision le dispute, il faut le dire, à ce brusque et faux «amour» pour une Union que la Libye avait, elle aussi, dédaignée hargneusement, préférant se tourner vers l´espace sahélo-saharien.
Parallèlement, une tentative d´isoler notre pays sur le plan syndical avait également été menée, sans succès, face à une Ugta aussi puissante qu´efficace quand il s´agit de défendre les intérêts nationaux.
Bouteflika, qui sera à Tindouf aujourd´hui, devrait rompre le long silence diplomatique algérien et donner la cinglante réponse que nécessitent ces attaques en règle contre notre pays, dont le seul tort aura été, finalement, de s´être strictement conformé à la légalité internationale et d´avoir privilégié la morale politique au petits complots de palais...