L'initiative fait chou blanc

L'idée ne séduit pas trop. L'initiative de pôle des islamistes, lancée samedi dernier, par Abdellah Djaballah risque d'être vouée à l'échec. Fraîchement créée, cette proposition ne suscite pas l'intérêt des acteurs politiques. Même au sein de la mouvance islamiste, l'idée ne branche pas.
Les formations d'obédience islamiste, les plus cotés sur la scène politique ne se sentent pas concernées.
Le secrétaire général du mouvement El-Islah, Filali Ghouini, estime que cette initiative n'a aucun sens et la considère un non-évenement. Joint par téléphone, ce porte-parole dit qu'il n'est pas du tout convaincu de l'utilité d'une telle démarche.
«Ce n'est pas un travail organisé et commun pour rassembler les partis islamistes», a-t-il affirmé en rappelant toutefois l'existence des structures qui permettent aux partis la coordination de leurs efforts.
«Pour nous il y a l'Alliance de l'Algérie verte qui regroupe les trois partis MSP, Ennahda et Islah», a-t-il précisé en soutenant que les islamistes veulent bien se rassembler pour faciliter le débat entre les pôles et les acteurs politiques, mais pas de cette manière.
«On ne peut pas parler de pôle en l'absence des partis islamistes et des personnalités à la rencontre de samedi», a-t-il martelé en rappelant que seuls les militants dissidents étaient présents.
Pour résumer clairement ses positions, le secrétaire général d'El-Islah dira: «Cette initiative ne nous concerne pas puisqu'il n'y a aucun contact ni concertation.» Ainsi, l'initiative de Djaballah est rejetée par son ancien parti. Idem pour Ennahda.
L'ancienne formation créée par Djaballah se dit pas concernée par cette initiative. «Pour nous, cette initiative concerne uniquement le Front de la justice et du développement et nous lui souhaitons la réussite», a affirmé Mohamed Hadibi, porte-parole du mouvement.
Contacté par nos soins, ce cadre précise que les militants et les cadres du parti ne sont pas concernés par cet appel. Notre interlocuteur pense qu'il y a d'autres priorités. «L'étape que traverse l'Algérie est plus grande que ça. Il faut s'éloigner de l'approche idéologique actuellement et tenter de rassembler toute l'opposition pour entamer un dialogue avec le pouvoir en vue de trouver une issue à la crise», a-t-il soutenu.
M.Hadibi estime que l'Alliance de l'Algérie verte a réellement réussi en permettant aux partis de coordonner leurs efforts. Il a cité, dans ce sens, la confection des listes électorales communes lors des élections législatives et locales. «Nous pensons à un projet grandiose qui porte sur l'intérêt du pays», a fait savoir Hadibi avant de conclure. Même idée partagée par le MSP.
Le député et porte-parole de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), Naâman Laouer, dit qu'il ne comprend pas du tout l'objectif d'un tel pôle.
Contacté par nos soins, ce député a soutenu que cette initiative est encore floue. Notre interlocuteur ne voit pas l'utilité de créer un pôle islamiste puisqu'il y a l'Alliance de l'Algérie verte qui permet aux partis de la même mouvance de travailler ensemble.
«Nous n'avons pas besoin de créer un nouveau pôle ni un parti politique», a-t-il soutenu en précisant que les partis d'obédience islamiste sont nombreux.
Le parti de Tajamou Amal El Djazair TAJ dit qu'il est nullement concerné par cette initiative. «Nous sommes un parti nationaliste et nous n'avons aucun lien ou rapport avec cette mouvance», a affirmé Nabil Yahyaoui, porte-parole du parti. Même si le président du parti, Amar Ghoul était un ancien cadre du MSP, notre interlocuteur assure que le parti porte un cachet nationaliste et rassembleur.
Par ailleurs, pour la Coordination nationale de libertés et de la transition démocratique (Cnltd), cette initiative n'aura pas d'impact sur sa démarche.
«Jusqu'à preuve du contraire, M.Djaballah maintient ses engagements au sein de la Cnltd et l'Isco», a affirmé le président de Jil Jadid.
Soufiane Djilali estime que Djaballah est libre de lancer sa propre initiative pourvu qu'il ne renie pas ses engagements au sein de la coordination.
Pour sa part, Nacer Eddine Salem Chérif, membre du mouvement Binaa, assure que le mouvement est ouvert à toute initiative.
«Nous encourageons toute initiative qui vient de tous les courants nous n'avons pas d'inconvénient», a-t-il affirmé.