L'Expression

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APRÈS LEUR ÉCLATEMENT POLITIQUE MANIFESTE

Les islamistes entament leur déchirement doctrinal

Mohamed Ali Ferkous qui s'autoproclame détenteur de la volonté divine à l'instar de tous les intégristes et autres terroristes, jette l'anathème sur les achaârites, toutes les écoles soufies des différentes zaouïas essaimées à travers le pays et les ibadhites, l'une des plus industrieuses communautés en Algérie, provoquant une levée de boucliers, y compris au sein de son propre camp islamiste.

Après avoir tenté vainement de soumettre l'Algérie au wahhabisme par la violence et la contrainte, les salafistes téléguidés à partir de l'Arabie saoudite, s'attaquent ouvertement aux fondements du progrès socio-culturel et politique, en qualifiant par la bouche du serviteur des wahhabites, Ali Ferkous, tous les mouvements de protestation, de grève et de manifestation ainsi que la défense des droits de l'homme, des droits des femmes, la démocratie, l'appel au rapprochement des religions, d'innovation sans aucun rapport avec la communauté de la Sunna et du consensus. Tous ces courants qui s'expriment pour revendiquer leurs droits sociaux et politiques, ainsi que leur part de progrès et de modernité, sont considérés ennemis de la foi musulmane. Dans le préambule de sa contribution mensuelle, Mohamed Ali Ferkous, «le concept de Ahl As-Sounna» où il explique que Ahl As-Sounna wa el Jama'a est un courant opposé au chiisme. Il écrit aussi que le terme désigne les «authentiques» et les puristes récalcitrants à l'innovation (Bida'a).
Pour Ferkous, les innovateurs sont les protestataires, les grévistes et les manifestants qui n'observent pas les enseignements de la Tradition du «salaf» et se rebellent contre le pouvoir. Ils sont également accusés de n'avoir pas fait preuve de patience envers le despote et l'oppresseur. Mohamed Ali Ferkous exclut également de la sphère musulmane les Frères musulmans, les soufis et les achâaris et plus grave encore, les ibadhites. Si le soufisme est relativement connu en Algérie, puisqu'il regroupe toutes les zaouïas appartenant à différentes écoles (Tariqa) l'achaârisme est en revanche un courant musulman méconnu. L'achaârisme est une école théologique de l'islam, fondée par Abu Al-Hasan El Achaârî (873-935), descendant de Abu Musa al-Achaâri, issu de la tribu yéménite des achaârites. D'après Mohamed El Kawthari, cette école de pensée se répandit très vite et devint l'école théologique majoritaire. Dans l'introduction du «Tabyin kadhib el Muftarin» faite par Muhammad Al Kawthari, on peut lire: «Ainsi, tous les mâlékites, les trois quarts des shâfi'ites, un tiers des hanafites, et une partie des hanbalites ont suivi cette approche (achaârite)». En 2016, un concile, inauguré par le grand imam d'El Azhar, Ahmed al-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s'est réuni dans le but de définir l'identité de ceux qui se font connaître comme «les gens du sunnisme», par opposition aux différents groupes considérés égarés. À l'issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites ont convenu qu'au niveau du credo, les achaârites sont bien des gens du sunnisme. Si les achaârites sont quasiment inexistants en Algérie, les ibadhites en revanche constituent une communauté importante en Algérie puisqu'ils occupent la vallée du M'zab et sont présents dans toutes les villes du pays. Historiquement, les ibadhites sont les fondateurs de l'Etat rostomide considéré comme le premier Etat musulman berbère en Algérie. Entre les VIIIe et IXe siècles, trois dynasties s'installent au Maghreb:les Aghlabides sunnites de Kairouan, les Idrissides zaïdites de Fès et les Rostomides, ibadites de Tahert. Ibn Rostom, l'ancêtre de la dynastie est reconnu «imam» par les ibadites du Maghreb, il fonde l'État de Tahert.
Un État théocratique réputé pour le puritanisme de ses dirigeants, le commerce florissant, son rayonnement culturel ainsi que sa tolérance religieuse. La dynastie prend fin en 909, après la destruction de sa capitale par des Koutamas conduits par un missionnaire fatimide. Mohamed Ali Ferkous qui s'autoproclame détenteur de la volonté divine à l'instar de tous les intégristes et autres terroristes, jette l'anathème sur les achaârites, toutes les écoles soufies des différentes zaouïas essaimées à travers le pays et les ibadhites, l'une des plus industrieuses communautés en Algérie, provoquant une levée de boucliers, y compris au sein de son propre camp islamiste. Ainsi, l'association des Ouléma appelle tous ses adhérents à dénoncer les idées répandues par Ali Ferkous. Les Ouléma demandent à l'Etat d'agir et de mettre un terme aux agissements de cet agitateur. Pour Abdellah Djaballah, «le mouvement représenté par Mohamed Ali Ferkous constitue un véritable danger». «J'ai beaucoup travaillé sur la 'salafia madkhalia'' qui est une création des services saoudiens à l'occasion de la première guerre du Golfe (au début des années 1990). Ce sont les prétendus savants de ce courant qui émettent des fatwas en faveur du régime saoudien», dénonce le leader du FJD. De son côté, le président du MSP, Abderazzak Makri, qualifie «les idées véhiculées par Mohamed Ali Ferkous de très dangereuses pour la Nation». Il appelle ainsi les membres de ce courant «à la raison». Quant au président d'Ennahda, Mohamed Douibi, il met en garde contre «ces idées susceptibles de ramener l'Algérie à la tragédie des années 1990». Même certains membres du courant salafiste qui reçoivent «les orientations du même imam saoudien, Rabiî Al-Madkhali» se sont démarqués de la fetwa de leur guide Ferkous. Huit cheikhs salafistes ont signé un communiqué commun dans lequel ils se démarquent du geste de Mohamed Ali Ferkous et ses adeptes qui «n'ont pas, selon eux, consulté leurs frères». Les signataires de ce communiqué condamnent aussi «l'ingérence du cheikh saoudien, Mohamed Al-Hadi Al Madkhali, qui avait désigné Mohamed Ali Ferkous chef des salafistes en Algérie».

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