Les inquiétudes d’Alger

Une dizaine de personnes ont été tuées au cours d'une nouvelle attaque terroriste contre un village de la région de Tillabéri (Ouest du Niger), dans la zone dite des «trois frontières», ont annoncé, hier, un élu local et un habitant. Bilan: 17 morts et cinq blessés, a indiqué un élu local. Lundi dernier, une attaque terroriste avait fait 37 morts dans le village de Darey-Daye près de la frontière malienne. Au Mali, plusieurs hauts gradés de l'armée malienne étaient «retenus», hier, par leur troupe, à Boni (Centre), après une embuscade meurtrière attribuée aux jihadistes, indiquent des sources militaires et sécuritaires. Tandis que 15 soldats maliens ont été tués et 34 blessés, dont 10 grièvement, au cours d'une embuscade imputée aux terroristes, jeudi, dans le centre du pays. Alors que 80 personnes - 65 civils et 15 gendarmes- ont été tuées lors de l'attaque jihadiste mercredi contre un convoi militaire escortant des civils dans le nord du Burkina Faso, selon un bilan officiel communiqué jeudi soir. Une recrudescence qui a contraint l'Algérie a exprimer ses vives préoccupations. «La recrudescence, la fréquence et la gravité des actes terroristes que des pays sahélo-sahariens frères enregistrent ces dernières semaines et ces derniers jours inspirent à l'Algérie une vive préoccupation», a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger. Pour la diplomatie algérienne, ces actes terroristes «qui sont dirigés contre des populations civiles prennent les caractéristiques avérées de crimes contre l'humanité et constituent des menaces alarmantes contre la sécurité collective du continent africain et contre la paix et la sécurité internationales». Des attaques terroristes que l'Algérie condamne. Dans le même ordre d'idées, l'Algérie, terre d'asile des structures de promotion de la sécurité panafricaine - le Centre africain d'études et de Recherche sur le terrorisme (Caert) et le Mécanisme africain de coopération policière (Afripol)- appelle, dans le cadre de son mandat de Coordonnateur de l'Union africaine pour la lutte contre le terrorisme, à une mobilisation accrue «pour opérationnaliser davantage et renforcer la riposte continentale à ce fléau». Dans ce sens, l'Algérie exhorte l'Union africaine à stimuler rapidement un vaste effort de coopération et d'entraide pour préserver la vie et la dignité humaines à travers toute l'Afrique, conclut le communiqué. En effet, depuis l'annonce d'Emmanuel Macron qui a mis fin à l'opération Barkhane au profit de Takuba, l'Algérie est sur le qui-vive en multipliant les rencontres diplomatiques internationales pour trouver une stratégie sécuritaire au Sahel. C'est dans ce contexte qu'elle a organisé, au début du mois, une conférence sur la sécurité au Sahel avec les maux qui gangrènent cette vaste région, à savoir les trafics transfrontaliers, le terrorisme et la migration clandestine. Au vue de l'immensité de l'espace sahélo-saharien, échappant à tout contrôle, le trafic en tous genres (drogue, cocaïne...) et la migration clandestine y sont devenus un fonds de commerce. Pétrole, gaz, or, uranium, diamant, phosphate, bauxite, plutonium, manganèse, cobalt, sont autant de bonnes raisons qui font de la région «un espace de convoitise». Jihadisme, pauvreté, Covid-19... l'espace fait face à de nombreux défis. Mais que se passe-t-il dans l'espace sahélo-saharien? Qui a intérêt à l'embraser? Y a-t-il des manoeuvres en coulisses? Qui a intérêt à torpiller l'accord d'Alger au Mali? Autant de questions dont les réponses se trouvent au niveau des quartiers généraux de certaines puissances. Des puissances qui tentent par tous les moyens d'impliquer sur le terrain des opérations de l'Algérie qui s'interdit de s'impliquer directement sur le terrain.