L'Expression

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Le vrai visage du royaume

A force de cultiver une image d'Epinal, il a fini par sacrifier sa jeunesse, son peuple.

Les expéditions punitives sur les plages du Maroc sont légion. Les médias, notamment «On line» rapportent souvent ces faits scandaleux que le Royaume chérifien a tout le mal à nier. Des femmes en bikini ont ainsi été agressées sous le soleil et surtout sous les yeux des estivants par une bande de jeunes armés de sabres. Les faits ont eu pour théâtre la plage des «Sablettes», à Mohammedia, ville marocaine.
«Une vingtaine de jeunes ont débarqué, armés de sabres, sur la plage des Sablettes, faisant trois blessées, toutes des femmes, parmi les estivants», rapporte-t-on sur la base du témoignage d'un chef de la section de Benslimane de l'Association marocaine des droits de l'homme (Amdh), qui a précisé que «l'ensemble des assaillants provenaient du quartier populaire d'Ennahda à Mohammedia».
Alors que l'on signale par ailleurs que sur la vingtaine d'éléments qui ont constitué la horde d'assaillants, seuls quatre ont été interpellés par la police. L'effroyable scène qui s'est produite sous le soleil de juillet en dit long sur le malaise de la société marocaine, qui a du mal à s'assumer. Aussi, ce fait récent qui n'est d'ailleurs que la partie visible de l'iceberg, rappelle que notre voisin de l'Ouest est loin de reproduire dans la réalité l'image de carte postale qu'il renvoie à travers certaines villes phares destinées à la consommation du tourisme occidental, à l'instar de Marrakech, Casablanca, Saïdïa et quelques autres destinations toutes emballées pour les tour-opérataurs.
Les résidences de vacances, les jardins anglais dans l'Atlas, les ambiances feutrées des hôtels de luxe et
autres cocons pour globerotteurs en mal d'exotisme constituent un cadre artificiel qui est franchement dissonant avec l'amère existence du peuple marocain. Sous le vernis du tourisme, soigneusement entretenu par la propagande, se cachent bien des fléaux directement induits par l'indigence. L'on cite la prostitution et l'addiction à la drogue et le business des stupéfiants. Autant d'ingrédients qui aggravent les dissonances et densifient l'hypocrisie régnante dans ce pays.
Des artistes ont d'ailleurs superbement décrit cette dichotomie de la société marocaine, à l'instar du réalisateur de cinéma marocain Nabil Ayouch qui scrute son pays, ses violences et ses inégalités, dans nombre de ses oeuvres, notamment dans son fameux film Much Loved. Le film qui a embarrassé le Maroc a valu à son auteur la plus violente polémique de sa carrière, et une censure pour «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine». Les actrices ont quant à elles dû choisir de s'exiler après avoir été agressées. Le synopsis du film indique qu'à Marrakech, Noha, Soukaïna et Randa se prostituent pour vivre.
Les jeunes femmes sont organisées et, conduites par Saïd, leur homme à tout faire, elles passent d'un bar à une boîte de nuit ou à une soirée privée. Encadrées par des maquerelles, elles vendent leurs corps à des hommes: touristes, Marocains, mais aussi Saoudiens de passage dans le royaume (...) elles sont néanmoins victimes de l'hypocrisie d'une société patriarcale qui n'assume pas leur existence...
Le film qui montre le clivage de la société marocaine aura souvent confondu le Maroc après sa présentation au festival de Cannes. Ainsi, entre fiction et réalité le Maroc réussit mal l'exercice de l'ambivalence. A force de cultiver une image d'Epinal il a fini par sacrifier sa jeunesse, son peuple.

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