L'Expression

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IL Y A TRENTE-NEUF ANS

Le printemps algérien a été berbère

Les lycéens se joignent au mouvement. Les travailleurs de grands complexes industriels comme l'ex-Eniem (Sonelec) la Cotitex, Sonelgaz, les employés de l'hôpital, etc. sont aussi partie prenante.

Chaque année, en Kabylie, le 20 avril est célébré un peu partout comme étant une date symbolique, voire historique, ayant permis au combat pacifique pour l'identité amazighe de connaître un virage décisif et déterminant. Que s'est-il donc passé en ce printemps d'avril 1980 pour qu'il entre de plain-pied dans l'Histoire? Le 10 mars de la même année, la conférence que devait animer Mouloud Mammeri à l'université de Tizi Ouzou a été interdite et annulée. Vingt-quatre heures après cette interdiction mystérieuse et absurde, les étudiants de l'université de Tizi Ouzou sont gagnés par la colère. Ils se réunissent et décident à l'unanimité de réagir énergiquement mais pacifiquement. Des décisions portant sur l'observation de grèves et de rassemblements sont prises. Petit à petit, le mouvement de protestation gagne la rue et toute la Kabylie jusqu'à Boumerdès et Alger.
Les actions se poursuivent ainsi pendant tous les mois de mars et avril. Le 20 avril, le pouvoir décide de réagir par la «répression». Les forces de l'ordre investissent carrément les chambres universitaires de l'université où les étudiants ont été arrachés brutalement à leur sommeil à 5 heures du matin. On parla à l'époque de centaines de militants arrêtés alors que des rumeurs infondées faisaient état de morts. Après cette journée fatidique la rue s'enflamme davantage et les actions de protestation reprennent de plus belle, même dans les localités qui en étaient jusque-là épargnées. Les lycéens se joignent au mouvement. Les travailleurs de grands complexes industriels comme l'ex-Eniem (Sonelec) la Cotitex, Sonelgaz, les employés de l'hôpital, etc. sont aussi partie prenante de ce mouvement, dont les objectifs principaux consistaient à exiger du pouvoir de reconnaître la langue et culture berbères et à revendiquer plus de liberté et de démocratie. Sur les centaines de militants arrêtés, 24 d'entre eux, considérés comme étant les plus actifs et les meneurs, ont été déférés devant la Cour de sûreté de l'Etat, alors que les autres ont été libérés. La pression populaire pour la libération des 24 détenus du printemps berbère, dont Mokrane Chemim, Achour Belghezli, Mustapha Bacha, Mouloud Lounaouci, Djamel Zenati, Ali Brahimi... ne s'essouffle pas. Après plusieurs actions de protestation en Kabylie et à Alger et même en France, le pouvoir finit par se résoudre à libérer les 24 détenus du printemps berbère le 25 juin 1980. Les 24 héros sont accueillis triomphalement par les citoyens, en liesse, dans la ville de Tizi Ouzou, le lendemain.
Le printemps berbère a été la première étape cardinale d'un combat qui s'inscrira dans la durée et qui permettra d'aboutir à une reconnaissance progressive de la langue et culture berbères en Algérie. Le premier «geste» que fera le pouvoir en faveur de la langue amazighe est la décision prise en 1990 d'ouvrir deux départements de langue et culture amazighes aux universités de Tizi Ouzou et Béjaïa.
Après cinq années et suite à l'année de la grève du cartable initiée par le Mouvement culturel berbère (MCB), en 1994, le pouvoir décide de créer le Haut Commissariat à l'amazighité, d'introduire tamazight dans le système éducatif dans 25 wilayas et de lancer le premier journal télévisé en langue amazighe à la Télévision publique algérienne. Après les événements du printemps noir de 2001, le pouvoir décide de conférer le statut de langue nationale à tamazight en 2002. Puis, en 2016, le pouvoir lui accorde le statut de langue officielle et annonce la création d'une Académie algérienne de langue amazighe.

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