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MOHAMED HASSANEIN HEYKAL A MARQUÉ L'HISTOIRE DE LA LIBÉRATION ARABE

Le pharaon de la presse arabe n'est plus

Brillant journaliste, Heykal n'est ni un grand écrivain ni un idéologue de génie. Mais il apparaît comme un personnage au parcours hors normes, qui exerça une véritable fascination dans les milieux politiques autant que ceux des médias du monde entier.

Mohamed Hassanein Heykal, le journaliste le plus célèbre du Monde arabe, est mort hier à l'âge de 93 ans.
Né le 23 septembre 1923 dans la province de Qaloubiya, dans le delta du Nil, Heikal avait commencé sa carrière en 1942, lors de la Seconde Guerre mondiale et de la bataille d'El-Alamein, livrée par les troupes britanniques contre l'Afrikakorps allemande, où il officiait comme un modeste reporter. Sa rencontre et son amitié avec Gamal Abdel Nasser, dont il devint rapidement un intime et un confident apprécié, ont scellé son destin puisqu'il sera le plus proche conseiller du «Raïs», dès la prise du pouvoir. Il accompagnera Nasser sans discontinuer jusqu'à son lit de mort et, à ce titre, il conservera de nombreuses archives qui lui serviront pour ses écrits et ses Mémoires.
Dès l'avènement d'Anouar El Sadate, en 1970, les rapports de Heykal avec le pouvoir se compliquent. Bien que devenu le conseiller d'Anouar El-Sadate, il ne va pas tarder à prendre ses distances, après avoir exprimé ouvertement son hostilité au rapprochement avec les Etats-Unis et surtout aux accords de paix avec Israël. Ses critiques virulentes finissent par lui coûter son poste de directeur du journal Al-Ahram, l'un des titres les plus prestigieux du Monde arabe, et, en 1977, il est assigné à résidence, avant d'être emprisonné en 1981.
Ses éditoriaux étaient appréciés et surveillés par les chancelleries du monde entier, et notamment les diplomaties occidentales qui savaient y trouver les indicateurs de la ligne officielle égyptienne dont il était devenu l'expression la plus évidente. Dans le Monde arabe, à cette époque, seuls les éditoriaux d'Al Ahram et d'El Moudjahid, organe officieux du gouvernement, dans une Algérie devenue la Mecque des mouvements de Libération nationale, étaient systématiquement décortiqués par les analystes étrangers. Hassanein Heykal était un grand ami de l'Algérie, proche du président Ben Bella puis du président Boumediene qui lui avait accordé en 1965 sa première interview.
Par ses écrits et par son action, il a constamment été un porte-étendard de la Révolution algérienne jusqu'au jour du recouvrement de l'indépendance du pays.
Comme aussi, il mena un combat résolu contre le sionisme et au service de la cause palestinienne dont il appréhenda les difficultés qu'allaient engendrer les accords de Camp David. Brillant journaliste, Heykal n'est ni un grand écrivain ni un idéologue de génie. Mais il apparaît comme un personnage au parcours hors normes, qui exerça une véritable fascination dans les milieux politiques autant que ceux des médias, dès lors qu'il détenait à lui seul les clés et les archives personnelles du pouvoir égyptien exercé par Gamal Abd el Nasser. Il parcourut le monde en qualité de conférencier courtisé par les universités les plus prestigieuses, fort d'une aura qui ne s'est jamais démentie malgré les vicissitudes des rapports conflictuels qu'il entretenait avec le régime de Sadate puis de Moubarak.
Inlassable dans son combat contre l'oppression et les errements des régimes arabes quels qu'ils soient, il a consacré son dernier souffle au Yémen, qualifiant la guerre qui l'affecte comme «une grande erreur».
«La résistance et l'endurance du peuple yéménite à défendre son territoire, face aux agresseurs, sont extraordinaires et admirables».«Je défends le Yémen, parce que c'est un pays arabe, qui lutte pour survivre ou périr. Le Yémen est plus grand que vos caprices et avidités. Je suis sûr que ce pays sera le principal gagnant de cette guerre, et si les Etats-Unis n'avaient pas été derrière cette guerre fratricide, nous ne serions pas témoins de tels crimes», a plaidé Mohamed Hassanein Heykal sur les réseaux sociaux. Jusqu'au bout, il aura ramé à contre-courant des calculs et des stratégies occidentales.

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