Le Maghreb sur une «poudrière»

Le trafic d´explosifs, à des fins d´utilisation dans des attentats terroristes, prend de l´ampleur. Il est même la préoccupation majeure des services de sécurité maghrébins et européens. Dans une conjoncture marquée par l´avènement du phénomène kamikaze, la vigilance doit être de mise et la coordination entre les services des renseignements est impérative. Surtout que des réseaux de trafic d´explosifs ont déployé leur toile dans les pays de la région. Des réseaux bien organisés qui répondent aux desseins de la nébuleuse Al Qaîda. De sources bien informées, nous apprenons que l´organisation de Ben Laden avait même prévu dans son «organigramme» des agents commerciaux chargés de la logistique.
L´information, faisant état de la remise récemment d´un agent commercial d´Al Qaîda à l´Algérie par le Pakistan, dénote cette stratégie. Encore une fois, cinq terroristes présumés mauritaniens ont été interpellés mardi dernier à Nouakchott.
D´après les dernières informations, ils seraient impliqués dans l´achat d´explosifs, a indiqué jeudi, à l´AFP, une source sécuritaire. «Ils appartiendraient à un réseau d´achat d´explosifs destinés à des actes de violence dans la zone», a affirmé cette source. Au moins un des prévenus s´occupait plus précisément du financement de ces achats, ajoute cette source. Les cinq hommes, dont trois qualifiés de «dangereux», ont été placés en garde à vue par les forces de police, dans le cadre d´une enquête sur les activités en Mauritanie de la branche d´Al Qaîda au Maghreb. Environ une demi-douzaine d´autres personnes ont également été interpellées le même jour dans le cadre de cette enquête, mais elles ont ensuite été libérées.
Des algériens figureraient parmi les personnes interpellées, apprend-on, par ailleurs. Il convient de rappeler qu´au mois de juin 2005, Al Qaîda au Maghreb avait mené une attaque contre une base militaire dans le Nord-Est mauritanien, faisant 15 morts et 17 blessés dans les rangs de l´armée mauritanienne. Le trafic d´explosifs dans la région du Maghreb utilise deux voies: l´immigration clandestine et la contrebande. Selon des sources sécuritaires, la lutte contre l´immigration clandestine constitue l´un des chapitres de la lutte antiterroriste. Pour cause, les experts considèrent que des terroristes utilisent les filières d´immigration clandestine pour entrer en Europe. Sur un autre chapitre, et à en croire certaines sources chargées du dossier sécuritaire, un grand mouvement de trafic d´armes aux frontières sud est à l´origine des derniers attentats meurtriers qui ont ensanglanté certaines régions du pays. C´est dire que les réseaux de trafic d´armes entourent la ceinture frontalière algérienne et risquent de mener à des effets incontrôlables. D´où la nécessité d´une stratégie du tout-sécuritaire sur la bande frontalière considérée à juste titre, comme base-arrière du terrorisme. Les mines antipersonnel, jusque-là enfouies sur la bande frontalière ouest constitue une véritable source de munitions pour les terroristes. Pas moins de 108.000 mines antipersonnel dont chacune contenant plus de 100 grammes de TNT, ont été saisies ces derniers mois, selon un bilan évaluatif qui a été fourni par la Gendarmerie nationale.
380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, et 9000 cartouches de calibre 16 saisies récemment, sont les constituants de cette «poudrière». Cette situation a poussé l´Algérie à doter la frontière ouest d´une barricade sécuritaire de grande envergure. En tout, près de 200 postes de surveillance seront mis en place. Pour la seule wilaya de Tlemcen, 23 postes de surveillance sont en cours de réalisation sur 174km de frontière.