L'Expression

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A PROPOS DE DÉONTOLOGIE ET D’ÉTHIQUE

Le journaliste saltimbanque

«<I>On demandera aux journaux d’être des amuseurs publics</I>».

Coup sur coup, nous apprenons que trois tigres sont nés au cirque El Florilegio qui se trouve à Tizi Ouzou et que ce même cirque a l´intention de former de jeunes Algériens aux métiers du cirque. Bonne nouvelle, s´il en est. Le cirque, on ne le sait peut-être pas assez, n´est pas une sinécure, il faut beaucoup de discipline, de persévérance, de savoir-faire et d´intelligence pour devenir un dompteur qui comprend les fauves, un trapéziste habile et qui prend des risques, un clown émérite qui peut communiquer l´émotion.
Dans ce cadre, il y a sûrement des vocations et des carrières qu´il ne faut pas contrarier, surtout s´il faut renouer les enfants d´Algérie avec un art qui a disparu de nos cieux. Lorsque le centre d´art dramatique de Bordj El Kiffan avait ouvert ses portes, dans les années soixante, les candidats au métier de comédiens n´étaient pas nombreux, et le regretté Mustapha Kateb était allé solliciter les enfants de Chouhada pour leur proposer de s´y inscrire. Dalila Helilou le rappelait avant-hier, au cours de la causerie hebdomadaire de Hamraoui Habib Chawki. Le moins qu´on puisse dire est que ces enfants de chouhada, dont les pères s´étaient sacrifiés pour libérer l´Algérie, sont pour la plupart devenus des célébrités de l´art dramatique algérien. Ce qui peut étonner en revanche, c´est que le cirque El Florilegio ait annoncé que les discussions sur la formation aux métiers du cirque sont menées avec le ministère de la Communication. On aurait bien vu le ministère de la Formation professionnelle, ou celui de la Jeunesse et des Sports, ou celui de la Culture, ou celui de l´Education nationale prendre en charge ce segment d´activité, mais on ne voit pas en quoi cela peut intéresser le ministère de la Communication.
Mais c´est vrai que ce ministère, depuis sa séparation avec le département de la Culture dans le nouveau gouvernement, a axé toute son activité sur la mise en place d´un conseil d´éthique et de déontologie de la profession. On pourra dire, dorénavant, qu´en plus de cette priorité devenue urgente, le ministère de la Communication devra voir aussi si on ne peut pas émousser la plume ou réduire la virulence de certains articles de presse en mettant en valeur le côté saltimbanque des journalistes. Faire le clown, mater les fauves, faire parler les singes et danser les éléphants, jongler et jouer au cerceau, marcher sur la tête, cela contribuera à détendre l´atmosphère dans un pays où tout le monde est stressé, où les échanges entre les responsables et les journaux sont plus que médiocres, surtout au moment où juste après les élections présidentielles, un journaliste est jeté en prison du côté de Djelfa. Au lieu d´envoyer les apprentis journalistes à l´institut de l´information et de la communication, on leur dressera un chapiteau et on leur apprendra à être ventriloque, ou jongleur, ou maître singe. On ne demandera plus aux journaux d´éclairer l´opinion, mais d´être des amuseurs publics. Le loisir avant l´information. Quant au fameux conseil d´éthique, qui est devenu le cheval de bataille du ministère de la Communication, il passera mieux avec des journalistes saltimbanques, qui mettront leur esprit critique aux vestiaires, pour que ces messieurs du gouvernement puissent faire leur sieste et négliger les problèmes des citoyens. Plus de contre-pouvoir, plus de liberté d´expression, on fera des feuilles de chou qu´on lira en se tordant et on écrira des singeries qui ne fâcheront pas M. le Ministre.

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