L'Expression

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BEN BADIS, BEN M'HIDI, MAMMERI, MEKBEL...

L'Algérie qui rate ses "statues"

Echouer la réalisation d'une statue peut arriver. Mais c'est la récurrence du scénario qui choque.

«L'ennemi n'a pas bien regardé Ben M'hidi. Il eût compris la vanité de cette torture, l'impossibilité d'ébranler ce révolutionnaire pendant des jours et des nuits», écrit le journal El Moudjahid, le 20 Août 1957 pour rendre hommage au grand révolutionnaire qui venait d'être assassiné, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, par les hommes de Bigeard. Environ soixante ans plus tard, les autorités de la ville d'Aïn Mlila ont commis l'impardonnable forfait de donner l'envie de ne plus «regarder» la représentation du visage de Larbi Ben M'hidi, un héros national sans pareil, en défigurant ses traits dans le buste réalisé en son «hommage» lequel a pourtant trop tardé à venir.
En effet, à l'occasion de l'anniversaire de sa mort, l'APC de Aïn Mlila, sa ville natale, voulant lui rendre hommage, a inauguré une stèle sur laquelle repose son buste. Or, à la grande surprise de l'opinion publique locale et nationale, ce buste n'a pas de ressemblance avec l'image de Larbi Ben M'hidi: les traits et les mensurations n'ont rien à voir avec le défunt.
De plus, artistiquement médiocre, le buste est une terrible atteinte portée à l'esthétique concernant la représentation plastique d'un symbole que représente l'infatigable révolutionnaire, compagnon historique d'Abane Ramdane. C'est pourquoi la société civile de la wilaya s'est vite mobilisée pour demander son démantèlement immédiat et son remplacement par un autre. Pourtant, ce buste en bronze a coûté 2 milliards de centimes, somme largement suffisante pour engager un artiste professionnel.
Toutefois, ce qui est davantage choquant dans l'histoire, ce n'est pas seulement l'échec de cette oeuvre artistique, mais la récurrence du scénario à chaque fois qu'il est question d'ériger une statue en hommage à un héros national. En effet, le buste de Larbi Ben M'hidi n'est pas le seul à être mal fait. Deux autres personnalités historiques ont fait les frais de ces errements. Il s'agit de la statue et buste de Ben Badis et Saïd Mekbel, qui ont également coûté des sommes faramineuses, mais ont été complètement déformés.
A la veille de l'ouverture de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», un scandale éclate.
Une statue représentant cheikh Abdelhamid Ben Badis a été réalisée, probablement de manière hâtive avec au bout un résultat catastrophique si bien qu'une fois dévoilée au grand public, ce fut la honte nationale.
La statue en question, qui représente Ben Badis en position assise, est décrite par sa famille comme étant une «vulgaire et grossière» reproduction d'une photographie du cheikh. Finalement, elle avait été retirée de la place des Martyrs où elle a été érigée après une dizaine de jours.
Des artistes, des citoyens, ainsi que les membres de la famille du fondateur de l'Association des Ouléma algériens ont fait pression sur les autorités locales et dénoncé ce qu'ils appellent «une atteinte et une insulte» à la mémoire du cheikh.
La polémique a pris une tournure plus grave à la suite de la diffusion de photos accompagnées de commentaires jugés malsains à l'encontre de Ben Badis, ce qui a poussé sa famille à saisir les autorités locales.
Le même «forfait» a été commis à Béjaïa. Érigé dans la hâte, le buste de Saïd Mekbel, non loin du siège de la wilaya de Béjaïa, a vite fait de montrer les limites d'un travail approximatif qui a soulevé une grande polémique. Le visage de la statue ne reflétait pas celui du grand et illustre journaliste qu'était Saïd Mekbel. Depuis, les journalistes locaux et même les visiteurs et les militants de divers horizons, ne manquaient pas à chaque fois de relever les incohérences et d'émettre le souhait de voir laver «cet affront».
La municipalité de Béjaïa, qui n'était pas associée ni de près ni de loin à sa réalisation, a entrepris de démolir ce buste pour le remplacer par une statue autrement plus représentative de l'homme, ce symbole de la liberté d'expression et de la presse.
A Tizi Ouzou, un sacré «massacre» a été commis il y a quelques années par la direction de la culture qui, à travers une statue qui lui a été érigée dans la cour de la Maison de la culture qui porte son nom, a réduit le géant Mouloud Mammeri à un nain.
Le pire est que la statue est toujours là et son remplacement n'est nullement évoqué.
Erigées souvent dans la hâte, ces statues que l'on fait réaliser pour célébrer les héros et les symboles de la nation génèrent, dans la plupart des cas, l'effet contraire en défigurant les visages des personnages célèbres. Ce triste constat pousse à se poser la question de savoir qui attribue ces travaux à qui et selon quels critères. Car, il est pour le moins curieux qu'un artiste professionnel, choisi selon des critères rigoureux, et auquel le temps nécessaire pour présenter son travail est accordé, fasse des «massacres» comme ceux cités, infligés à Mekbel, Ben Badis, Mammeri et, enfin, Ben M'hidi.

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