L'Expression

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PREMIÈRE INFIRMIÈRE DE LA VALLÉE DE LA SOUMMAM

La Mère Thérèsa de Seddouk n'est plus

Apres la disparition du dernier témoin du congrès de la Soummam, la région de Seddouk vient de perdre une femme de valeur, dont l'apport à la révolution est des plus indéniables.

Ayant célébré ses 85 ans le 19 septembre, la première infirmière de toute la vallée de la Soummam a tiré sa révérence jeudi dernier dans sa résidence d'enfance sise à El Mizave dans la commune de Seddouk. Son vrai nom est Dawiya Belahcen. Elle a été inhumée hier dans une ambiance particulière marquée par la présence de plusieurs centaines de personnes venues des quatre coins du pays, mais surtout de toute la région. Durant toute sa vie, la défunte s'est singularisée par ses actions caritatives et humanitaires qu'elle a menées, toute convaincue, dès son jeune âge en soignant les malades de toute la région seddoukoise. Elle, issue d'un milieu aisé, ne laissait aucune tristesse envahir les visages de ces pauvres de la région frappés par la misère et la tyrannie du colonialisme. Dawiya Belahcen est née et a grandi à Seddouk le 19 septembre 1931. Elle a passé une vie mouvementée avant et après la guerre de Libération nationale. Elle était d'une intelligence singulière qu'elle a su et pu imposer pendant une période exceptionnelle par son caractère et sa forte personnalité, bravant tous les interdits alors que la femme était interdite de sortir du domicile familial. Déjà toute petite, Dawiya se voyait confier la mission de proclamer la soif infinie de l'amour et l'humanisme. «Traiter les gens avec de l'humanisme était une chose naturelle chez elle», témoigne Nacerdine Benslimane, dit Didine ajoutant que «la défunte ne se gênait aucunement d'apporter son aide à des gens». Et Madjid Berkani, ancien maître de la région, d'enchaîner en revenant sur plusieurs faits saillants qui ont marqué la vie de la défunte, dès son jeune âge. «Dieu aime toujours le monde, il nous envoie toujours des êtres qui consolent ces malheureux frappés par l'indigence et les aléas du colonialisme», a-t-il affirmé, ajoutant que «la défunte a eu une âme remplie d'amour, d'altruisme et de lumière. C'était une messagère lumineuse», dira Rafik Belahcen. Mère de quatre filles auxquelles elle donnait une éducation exemplaire en les élevant, leur enseignant les meilleures règles à respecter, Dawiya Belahcen n'a pas laissé de côté le devoir national en apportant, en compagnie du reste des membres de sa famille, la touche propre à elle dans la guerre de Libération nationale. Etant donné que son foyer familial était implanté quelque peu loin du centre-ville de Seddouk, celui-ci a servi de lieu de repli et de repos des moudjahidine. L'administration coloniale, ayant installé les services administratifs en plein coeur de Seddouk, ne se doutait aucunement de ce qui risquait de se tramer chez les Belahcen menant un train de vie à l'européenne. Or, le contraire s'est produit, les Belahcen «usaient» et «abusaient» en «trahissant» une telle «confiance». La maison des Belahcen a, pendant plusieurs années, servi de refuge pour les moudjahidine, se détendant allégrement et sans risque d'être surpris par les soldats français. Na Dawiya, elle, se mettait à sa besogne en suturant les plaies des moudjahidine blessés. Elle ne s'accordait aucun répit, Aussitôt la blouse et les gants d'infirmière ôtés, elle se mettait à cuisiner des dizaines de plats gracieux aux invités venant souvent inopinément. Ce n'est pas tout. Na Dawiya alimentait les maquis de Seddouk et ceux de la région de la Soummam par des dizaines de médicaments, des habits et des brodequins qu'elle collectait d'un peu partout dans la région. Le commandant Vicaire et les troupes du capitaine Ballant des services administratifs spécialisés installés au centre-ville de Seddouk, se sont, à la longue, rendu compte de l'activité «interdite» à laquelle se livraient les Belahcen suite à la disparition énigmatique de la dactylographie des bureaux de l'administration coloniale, SAS. Leur réaction a été dure. En procédant à des interpellations suivies de violents interrogatoires, elle a vite fait d'être concluante. La machine à dactylographier devant servir pour la rédaction des tracts du FLN/ALN, avait été soigneusement enfouie, et retirée ensuite, du jardin des Belahcen. Une telle découverte a été perçue comme une «haute trahison» par l'armée et administration coloniales. D'autres mesures, dont l'emprisonnement de l'époux de la défunte, Hafid Belhacen ont commencé. Na Dawiya, ses quatres filles ainsi que tout le reste des Belhacen ont été forcés à errer après avoir été chassés par l'administration coloniale. «Nous avons été pris en charge par la famille de mes oncles, les Benslimane nous ayant casés chez eux», dira Rafik Belahcen. Malgré une telle déportation et la traque la pourchassant là où elle passait, Dawiya Belhacen ne renonça pas à son activisme en poursuivant sa mission humanitaire, en apportant des soins appropriés aux malades de Seddouk. Après l'indépendance, la défunte, qui a été reconnue en tant que moudjahida, n'a pas jugé utile de courir derrière le «luxe» accordé à ses semblables. Son seul souhait était de regagner son domicile originel pour cultiver son jardin et vivre, elle et sa famille, dans un climat paisible, loin du brouhaha de la ville et de ses cancans. Repose en paix Nna Dawiya.

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