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A SAVAGE WAR AND PEACE:ALGERIA 1954-1962 SOUS L’OREILLER DE BUSH

«La Guerre d’Algérie» pour sortir du bourbier irakien?

Avec une guérilla irakienne constituée de 200 groupes armés, Bush tente de remonter aux origines des guerres asymétriques pour triompher en Irak.

En 1977, l´historien britannique Sir Alistair Horne, qui était aussi un théoricien de l´art de la guerre, publie son livre intitulé «A Savage War and Peace: Algeria 1954-1962». A l´époque, le futur président des Etats-Unis venait tout juste de terminer son service militaire, après avoir été refusé à l´Université du Texas, et d´obtenir son MBA au Harvard Business School. C´est tout naturellement qu´il ignore le livre, qui parle d´une guerre d´Algérie qui ne le concerne pas. Près de trente ans plus tard, l´historien britannique offre, en fin décembre 2006, un exemplaire tiré de la nouvelle édition de son livre à Henry Kissinger, dont il prépare une biographie. Et, l´ancien secrétaire d´Etat en avait envoyé une copie, à M.Bush, en insistant pour qu´il la lise immédiatement. A la mi-janvier, le président américain, plus de trois ans après la projection au Pentagone de La Bataille d´Alger, le film du cinéaste italien Gillo Pontecorvo, reconnaît avoir lu avec attention, pendant les fêtes de Noël, A Savage War and Peace: Algeria 1954-1962, écrit, en 1977, par l´historien britannique Sir Alistair Horne.
Un livre, sur la guerre d´Algérie, va-t-il permettre à George Bush de sortir du guêpier irakien? C´est la question que s´est posé le journaliste Marc Roche, dans Le Monde du 23 janvier 2007, en allant récolter les réponses chez l´historien britannique. «La saga d´une poignée de maquisards algériens, pauvrement armés mais utilisant avec brio l´arme de la terreur pour vaincre l´armée française, à l´époque l´une des plus fortes de l´Otan, reste le prototype de la guerre de libération nationale», a dit l´auteur. Il a affirmé, en outre, son refus de se laisser emprisonner par les schémas du passé. Ce spécialiste de l´histoire de France contemporaine distingue, dans l´avant-propos à l´édition 2006, quatre points communs entre la guerre d´Algérie et la situation actuelle en Irak. Selon l´historien, tout d´abord, face à la supériorité militaire française, le Front de libération nationale a concentré ses attaques «contre la police indigène, les administrateurs, les hauts fonctionnaires, avec comme résultat une chute du moral, une hausse des défections et la nécessité pour l´armée française de les protéger au lieu de poursuivre les rebelles». Deuxièmement, la porosité des frontières marocaines et tunisiennes a facilité l´acheminement en armes au FLN. La Syrie et l´Iran jouent ce rôle de nos jours en Irak. Troisièmement, le recours à la «gégène» qui a ébranlé durablement l´unité nationale.
Pour Alistair Horne, les sévices commis à la prison d´Abou Ghraib, révélés en 2004, ont eu le même impact négatif. Enfin, à ses yeux, le problème du retrait des troupes se pose en termes similaires. Le 19 avril 2005, toujours selon le journaliste Marc Roche, Sir Alistair effectue des recherches sur Henry Kissinger au Pentagone. Il doit déjeuner avec le secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, qu´il annule à la dernière minute. L´auteur lui fait remettre une copie de son livre en soulignant les passages importants. La réplique de M.Rumsfeld est immédiate: «Comme vous le savez, les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture en Irak.» L´historien renvoie un courrier en insistant sur le «caractère immoral, contre-productif et catastrophique sur le plan médiatique de telles exactions».
La réponse du ministre américain, tout aussi rapide, est sibylline: «Vous et moi partageons en fait la même opinion». «Ce qui m´a le plus surpris, c´est la célérité de la réponse chez cet homme très pris par sa charge. A l´évidence, j´ai touché un nerf sensible», a indiqué l´historien, qui ignore les enseignements qu´a pu tirer le président Bush de ses écrits.
La résistance irakienne, qui inquiète tant les Etats-Unis, est devenue un «fourre-tout» de la violence. En plus des Saddamiens et des Baâthistes, qui ont hérité d´un arsenal de guerre et d´une logistique militaire très importants, le front des djihadistes arabes venus guerroyer en Irak fait tache d´huile. En principe, les résistants arabes non irakiens sont intégrés dans des groupes armés d´obédience sunnite, salafiste ou proche d´Al Qaîda, comme «Tandhim Al Qaîda fi bilad er-rafidaïne», dirigé actuellement par Abou Hamza Al-Mouhadjer, «Madjliss choura al-moudjahidine», «Ansar es-sunna», «Kataïb Abou Hafs Al-Misri». Le «Madjliss choura al-moudjahidine» est la vitrine politique d´Al Qaîda. Dirigé par Abdellah Rachid Al-Baghdadi, ou par Abou Omar Al-Baghdadi, selon les communiqués, elle stationne surtout à Ramadi et à Al Anbar, et dispose d´une armée constituée de quelque 3000 à 4000 combattants. Récemment, le chef de la branche irakienne d´Al Qaîda s´est mis sous son commandement avec ses 12.000 hommes, dont une bonne partie d´Arabes non Irakiens.
Plus importants que les groupes islamistes djihadistes, et surtout plus efficaces contre les Américains, les groupes de résistance nationale, composés de baathistes, de saddamistes et de nationalistes sincères, sont le fer de lance de la guérilla depuis 2003. Encadrés par des officiers supérieurs de l´armée sous Saddam et d´officiers des renseignements, ils ont l´avantage de connaître la terre d´Irak, empan par empan, et font appel, eux aussi, aux combattants non Ara bes. Il y a deux mois, Abou Hamza Al-Mouhadjer et Abou Omar Al-Baghdadi avaient «invité» les Américains à «quitter à moindre frais l´Irak», sans quoi «les débâcles Us vont se succéder». Quant à Aymane Al-Zawahiri, il a promis à Bush, il y a deux jours, que «l´Irak sera la tombe des troupes américaines».

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