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ICÔNE DE LA CHANSON ARABE, WARDA EL DJAZAÏRIA EST DÉCÉDÉE

La Diva s'en va

La grande cantatrice algérienne de la chanson arabe, Warda El Djazaïria, est morte jeudi soir au Caire suite à un arrêt cardiaque. Ella avait 72 ans.

La maladie - sa mort avait même été prématurément annoncée - a eu raison de la ténacité de la grande cantatrice algérienne de la chanson arabe, Warda El Djazaïria, qui acheva son parcours jeudi soir suite à un arrêt cardiaque. La grande Diva a mené de fait une carrière artistique atypique qui la propulsa au faîte de la chanson arabe au même titre que les «grands ténors», Oum Kalsoum, Mohammed Abdelwahab, Farid El Attrache et autre Abdelhalim Hafez. Entrée dans ce Panthéon de l'art arabe par la grande porte, Warda a su, par sa précocité et par sa verve, et surtout sa puissante voix, renouveler et enrichir un genre arabe qui perdait peu à peu ses précurseurs. Précoce, car la jeune Warda débuta très tôt dans la chanson, encouragée, faut-il le souligner, par son père, Mohamed Ftouki, qui décela rapidement les qualités vocales de sa fille. Mohamed Ftouki, originaire de Souk Ahras, marié à une Libanaise, dirigeait à Paris, dans le Quartier latin, un établissement, le Tam-Tam, où Warda commença sa longue carrière artistique. En fait, Warda est née en région parisienne, à Puteaux, en 1940. A onze ans, en 1951, Warda était déjà un petit prodige enchantant les connaisseurs par une voix divine, en reprenant les succès d'Oum Kalsoum et Mohamed Abdelwahab, notamment. En tout état de cause, son père ne s'y trompa pas et encouragea sa fille en mettant à sa disposition tous les moyens lui permettant d'acquérir la maîtrise de sa voix afin de s'ouvrir aux chemins de la gloire dans un milieu très difficile et aléatoire. Si elle se fit connaître en reprenant les «tubes» des maîtres de la chanson égyptienne, elle fit aussi preuve très tôt d'une maturité exemplaire, chantant la révolution, une voix qui a brillamment chanté l'amour qu'elle portait à son pays, qu'elle ponctua par les dons de ses recettes de production au mouvement de Libération, en guise d'aide au FLN. Un geste rare pour une adolescente qui avait alors 15 ans. En chantant juste, Warda avait trouvé sa voie. Son père, sa soeur et son frère (Nadia et Messaoud) l'aidèrent puissamment, singulièrement durant la période de la guerre de Libération ou, délaissant les chansons d'amour, se lança corps et âme dans la chanson patriotique qui a contribué à la faire connaître dans l'ensemble du Monde arabe. Son militantisme pro-FLN la fera rapidement remarquer par les autorités françaises, obligeant la jeune artiste à quitter, en 1958, Paris pour Rabat d'abord, Beyrouth, patrie de sa mère, ensuite.
L'Indépendance de l'Algérie lui ouvre de nouveau les portes du pays où elle revient en 1962. C'est cette même année, 1962, qu'elle convola en justes noces. Mais ce mariage se révéla néfaste pour sa carrière artistique puisque son mari lui a interdit désormais de chanter, arrêtant net l'élan d'une chanteuse en pleine maturité artistique. Paradoxalement, c'est le président Houari Boumediene qui la remit sur orbite en lui demandant en 1972, de chanter pour le 10e anniversaire de l'Indépendance. Malgré ses dix années sabbatiques forcées, la Diva ne perdit rien au change, triompha lors d'un retour sur scène qui s'avéra être une véritable apothéose. Pour ce retour glorieux, Warda se fit accompagner par un orchestre égyptien traçant pour ainsi dire la trajectoire qui s'ouvrait à elle, notamment du fait du vieillissement des grands ténors cairotes. Ce retour au-devant de la scène artistique occasionna, toutefois, le clash entre Warda et son époux qui demanda le divorce. Cela facilita en fait la décision de la grande cantatrice algérienne de se consacrer dorénavant et totalement à la musique. Qui mieux que l'Egypte pour parfaire une vocation qui n'avait plus qu'à éclater au zénith de la chanson orientale? Warda remplaçant au pied levé, la défunte grande Diva égyptienne Oum Kalsoum dans le coeur des amoureux d'un genre qu'elle participa grandement à renouveler et à préserver. Sa rencontre avec le virtuose Baligh Hamdi, qui deviendra son époux, donnera encore à l'artiste algérienne de s'épanouir, maîtrisant désormais, son art. Les grands auteurs et compositeurs égyptiens se disputaient alors l'honneur de lui écrire des chansons. Des grands compositeurs comme Mohammed Abdelwahab, Ryadh Soumbati, Hilmi Bakr et Sayed Mekawi, notamment, écrirent et composèrent des chansons pour Warda. C'était la gloire. Cela lui fit franchir une autre étape, celle de tenir de grands rôles en jouant la comédie dans des films égyptiens.
En 1990, elle fit un nouveau come-back avec un retour éclatant, après un recul qui dura quelques années, avec Nagham el Hawa compilation d'arrangement classique et moderne. Les nostalgiques de Warda pourront se rassasier des notes des plus célèbres chansons telles que Harramt ehibbek, Hikeyti maâ ezzamen ou Batwaniss bik. Car ses mélodies survivront à une disparition qui laisse toutefois un vide dans ce créneau spécifique de la chanson arabe.

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