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RETOUR À L’UNIVERSITÉ DE BOUZARÉAH

La colère gâche la fête de fin d’année

La justice a révisé les chefs d’inculpation retenus auparavant contre les universitaires détenus.

Jeudi, cinquième jour de la contestation estudiantine à l´université de Bouzaréah, l´enceinte semble être livrée à elle-même, les salles de cours sont désertées aussi bien par les étudiants que par les professeurs qui furent très peu nombreux à rejoindre leur poste ce jour-là. Les bureaux administratifs sont fermés au niveau de tous les départements que compte le campus. Une ambiance de fin d´année y règne, à ce détail près que les examens du deuxième semestre sont bloqués jusqu´à nouvel ordre.
Devant l´enceinte universitaire, un important dispositif de sécurité continue à «surveiller» les lieux, avec pour mission «d´empêcher tout débordement à l´intérieur comme à l´extérieur de la faculté», nous précise un agent de la CNS.

Le Cnes et le Celd bloquent l´université

Prévus initialement pour la semaine dernière, les examens ont été bloqués ou interrompus par deux mouvements de protestation prônant des revendications différentes. Le premier est celui du Cnes, entamé depuis près de deux semaines et le deuxième a pour origine le mouvement de protestation déclenché par le Comité des étudiants pour la libération des détenus, né samedi dernier après les incidents ayant émaillé la visite du Président de la République au campus de Bouzaréah. Mais les détails comptent peu pour les étudiants face à une situation loin d´être confortable en cette fin d´année universitaire. «L´administration a affiché un programme des examens qui devaient débuter le 19 mai, mais, à notre grande surprise, ils ont été annulés sans aucun avis préalable», nous apprend une étudiante en bibliothéconomie. Un professeur, qu´on a pu rencontrer au niveau de ce département, estime: «Même si je n´étais pas en grève, il aurait été impossible pour moi d´organiser des examens dans les conditions actuelles.» Explications: selon notre interlocuteur, un groupuscule d´étudiants protestataires utilise la force pour interdire la tenue des examens. «Samedi dernier, ils se sont livrés à une véritable démonstration de force en fermant les blocs avec des cadenas qu´ils ont eux-mêmes achetés, interdisant ainsi l´accès aux étudiants», raconte un professeur extrêmement en colère contre les «agissements» de ces étudiants. «Je vous prie de citer mon nom, je voudrais dire à ces personnes croyant pouvoir instaurer leur loi en toute quiétude, qu´il y a des limites à tout. Quand on se plaint de la hogra, on devrait l´interdire en premier lieu à soi-même», lance-t-il sur un ton très dur. Selon ses dires, les contestataires menacent tous ceux qui s´opposent à leur mouvement, notamment les étudiants et les professeurs. «Face au désengagement de l´administration, nous n´avons d´autre choix que de céder à ces pressions», estime un professeur. Comment interprétez-vous la réaction de centaines d´étudiants lors de la visite du Président? lui avons-nous demandé. «Ce qui s´est déroulé samedi dans cette enceinte déshonore la famille universitaire. Le principe de la démocratie réfute la violence et les insultes. Il existe des moyens plus démocratiques pour exprimer son opinion et sa colère.» Ce sont là les paroles d´un professeur qui se déclare, contrairement à ce qu´on pourrait croire, un «opposant farouche au pouvoir en place». «Cela ne me donne nullement le droit de lancer des pierres, ajoute-t-il, contre le cortège présidentiel.» Le confrère qui l´interrompt se livre à une analyse sociologique des événements. Selon lui, l´université ne peut s´isoler de notre contexte politicosocial extrêmement complexe. «Au lieu de juger les comportements, il serait plus bénéfique d´essayer d´analyser les événements pour en tirer les leçons nécessaires», constate-t-il.
Le vent de protestation qui souffle sur Bouzaréah ne laisse pas indifférents les étudiants, qui espèrent, pour la plupart, une fin rapide de ce blocage paralysant l´université.

La justice revoit les chefs d´inculpation

Selon un dernier rapport communiqué mercredi soir par le collectif des avocats chargés de défendre les 19 étudiants détenus, la justice a allégé les chefs d´inculpation retenus contre les étudiants, en retirant de la liste «l´atteinte à l´emblème national» contenue auparavant dans le rapport de la police, ce qui confirme les déclarations des contestataires qui ont nié haut et fort cette accusation. «Nous aimons notre pays et respectons ses symboles, jamais on aurait songé brûler notre emblème», déclare le porte-parole du Celd. La décision de la justice est accueillie comme une victoire par les étudiants, une autre preuve appuyant l´idée selon laquelle les autorités du pays ne sont pas toujours infaillibles. «Nos collègues ne risquent, à présent, rien», lance un membre du Celd aux étudiants qui continuent d´occuper l´enceinte. Mais cet optimisme ne semble pas recueillir l´unanimité, sachant que le ministre de l´Intérieur, lors de «sa dernière sortie médiatique, a assimilé l´attaque du cortège présidentiel au fait de brûler l´emblème national ou à la destruction de la stèle du colonel Mira», souligne un parent d´un détenu rencontré sur les lieux. «Mon fils est incapable de jeter des pierres sur un cortège présidentiel, j´estime qu´il sera jugé demain pour ses idées et ses positions courageuses qui dérangent le pouvoir», ajoute-t-il. Les déclarations des étudiants abondent dans le même sens, estimant que la police a procédé sciemment à l´interpellation des militants dans des associations, qui, paradoxalement, étaient les premiers à avoir appelé au calme.
Les contestataires nient avoir usé de la violence pour bloquer les examens. «Il est vrai que pour le jour de la visite, nous avons procédé à la fermeture des blocs, mais, par la suite, les étudiants ont adhéré spontanément à notre mouvement», précise notre interlocuteur qui dénonce l´infiltration d´un groupuscule dans l´enceinte samedi dernier pour chahuter la manifestation des étudiants.
Par ailleurs, on a appris que la marche prévue pour demain vers le Palais du gouvernement a été reportée à la suite, précise le porte-parole du Celd, de la lettre adressée par les détenus et dans laquelle ils ont appelé au calme. «Nous préférons éviter de compliquer une situation déjà critique», précise-t-il avant d´ajouter: «Nous marcherons mardi si nos collègues ne sont pas libérés.»
Rappelons que les détenus seront jugés aujourd´hui pour trois chefs d´inculpation, qui sont: l´atteinte à corps constitués, la destruction des biens d´autrui, et violence contre un employé (un policier). Un rassemblement sera organisé pour l´occasion devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, il regroupera les partis politiques, les associations et la société civile.

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