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La résistance de Cheikh Bouamama

L’oublié de l’Histoire

Après celle de l’Emir Abdelkader, la révolte de Cheikh Bouamama fut l’une des résistances populaires les plus violentes au cours du XIXe siècle.

La révolte des Ouled Sidi Cheikh. En mars 1864, l'Ouest des Hauts-Plateaux va connaître un soulèvement contre la pénétration coloniale française, appelée l'insurrection des Ouled Sidi Cheikh. En fait, Slimane, (fils de Hamza), est à l'origine de cette révolte. À la tête du Sud septentrional, d'El Bayadh à Ouargla, il décide du soulèvement en raison de son statut de bachagha qu'il considère comme humiliant, parce qu'il revendique le titre de Khalife, ajouté à cela les relations souvent conflictuelles entretenues avec les officiers militaires en charge des différents «Bureaux arabes». En réalité, les différentes tribus arabes de la région ont saisi cette situation mobilisatrice pour s'insurger contre la pénétration coloniale. Slimane trouve la mort lors de l'attaque contre le camp du colonel Beauprêtre.
Une stèle a été érigée à la mémoire de ce colonel sur les hauteurs de la ville de Béchar, surnommé «bobrite» par les Bécharis.
Entre 1872 et 1873, les chefs des Ouled Sidi Cheikh mènent de longues négociations avec les Français et aboutissent à la signature d'un accord de paix.
L'occupant reconnaissait aux Ouled Sidi Cheikh des avantages territoriaux, financiers et la désignation parmi ses membres de bachagas et de caïds à la tête des tribus arabes. Dans ces pourparlers ni les Ouled Sidi Cheikh ni les Français ne tiennent compte des intérêts des tribus arabes ayant participé activement à la résistance contre l'occupant français.
Les Ouled Sidi Cheikh tirèrent leur épingle du jeu tandis que les tribus arabes sont sanctionnées sévèrement et financièrement. Certaines sont punies par un exil forcé, d'autres anéanties à la suite de la confiscation de leurs troupeaux, souvent ruinées par de fortes amendes qu'elles ne peuvent honorer qu'en vendant leur cheptel. Beaucoup de membres de ces diverses tribus vivent de l'élevage, activité lucrative nécessitant peu d'efforts physiques. Malgré les déplacements continus ou périodiques des troupeaux au gré des climats, ils ont été rendus à l'état de misère notoire. Ils iront errer dans les confins du Sud. Rompus à une vie pastorale, ignorant le travail pénible, les membres de ces tribus arabes n'ont d'autre choix que de retrousser les manches et se mettre aux travaux de peine que leur mentalité, leur art de vivre, ignorent totalement. C'est ainsi qu'ils se trouvèrent à Béchar et sa région que les autochtones bécharis désignent par le vocable, «les Chéraga», comprenant notamment, les Ouled Ziad, les Stiten, les Amours, les R'zainas, les H'myane etc....
La résistance de Cheikh Bouamama
Etabli à Moghrar Tahtani, (daïra d'Aïn Sefra, wilaya de Naâma), Mohamed Ben Larbi Ben Brahim dit Cheikh Bouamama est issu de la famille des Ouled Sid Taj, treizième fils du premier aïeul de la famille, de sa seconde épouse.
Par sa piété et sa grande charité, il acquit une réputation de sainteté et son domicile devint une véritable zaouïa. Il désigne un mokadem pour visiter fréquemment les tribus arabes pour répandre le message de l'islam en même temps, il sème la doctrine de la résistance contre l'envahisseur français. Il réussit à faire admettre aux tribus arabes que Sidi Cheikh lui était apparu et l'avait mandaté de rassembler les fidèles autour du message du Prophète (Qsssl). Il a essayé d'unir autour de lui, toutes les tribus arabes y compris celle des Ouled Sid Cheikh mais ces derniers voyant en lui un côté concurrent ne répondront pas à cet appel.
Les Trafis, (les Ouled Ziad, les Ouled Serour, les R'zaina, les Ouled Sidi Ben Aissa, les Ouled Sidi Ahmed Ben Mejdoub, les Zoua, les Amours), se sont ralliés à l'appel du Cheikh Bouamama.
En 1880, Cheikh Bouamama exige des nomades rescapés ou remis de leur infortune, de stocker des armes et des munitions, pour s'opposer à la pénétration coloniale. Mais le 22 avril 1881, des partisans de Cheikh Bouamama, deux Ziadis, (de la fraction des Jeramna), de Rogassa, (chef-lieu de la tribu des Ouled Ziad, présente dans la région depuis 1382, wilaya d'El-Bayadh), ont failli être arrêtés par le lieutenant Weimbrenner, chef du Bureau arabe d'El Bayadh), tué avec son escorte. Cette tentative déclenche inévitablement l'insurrection armée contre les Français que Cheikh Bouamama était en train de préparer minutieusement.
Les Ouled Ziad se soulèvent suivis des autres tribus arabes. Cette action des Ziadis précipite les évènements par l'affrontement inéluctable avec les troupes coloniales.
Le soulèvement des tribus arabes, guidées par Cheikh Bouamama, est devenu incontournable. Cheikh Bouamama quitte Moghrar Tahtani et dirige les révoltés.
Les Trafis rejoignent les mutins et marchent sur Chellala. D'avril à novembre 1881, les Français ne connaîtront pas de répit. Ils sont harcelés, attaqués de jour comme de nuit.
Le premier affrontement militaire entre Cheikh Bouamama et les troupes française eut lieu le 27 avril 1881 au lieudit Sfisifa au Sud d'Aïn Sefra. Il s'achève par la défaite de l'armée française et la mort de chefs des Maâlif et des R'zaina.
Le second affrontement militaire entre Algériens et Français eut lieu le 19 mai 1881 au lieudit El Mouilek, situé près de Chellala. Il y eut de violents combats. Cheikh Bouamama sortit victorieux malgré la supériorité de l'ennemi sur le plan matériel et humain.
Ce que proposaient les vainqueurs
La résistance de Cheikh Bouamama dura plus de vingt trois ans.
Le combat mené par Cheikh Bouamama durant ces nombreuses années a considérablement entravé l'expansion coloniale dans le Sud-Ouest. Malgré la volonté inébranlable des résistants, devant l'inégalité et la disproportion des armes et des hommes en présence, la bataille engagée ne peut éviter la défaite des partisans.
Les Français vainqueurs proposent au Cheikh Bouamama de se rendre en signant l'acte humiliant de la débâcle avec à la clé, une pension et une retraite dorée. Cheikh Bouamama en grand seigneur refuse.
L'insurrection de Cheikh Bouamama constitue le défi essentiel face à la politique de la IIIe République, visant le parachèvement des opérations d'occupation totale de l'Algérie et arrive à ralentir les projets coloniaux dans le Sud-Ouest. Cheikh Bouamama quitte sa région vers la fin de 1883 pour se réfugier dans le Touat. Il y demeure jusqu'à 1894. Il fonde une zaouïa et entreprend l'enseignement religieux afin de stopper l'expansion coloniale dans le Sud-Ouest. Il établit des contacts au Sud avec les chefs des tribus arabes, mais également avec les Touareg qui lui proposèrent de venir s'installer chez eux afin de pouvoir s'entraider dans la lutte contre l'ennemi français.
Les tribus arabes installées dans la région de Béchar, notamment les Doui Méni3 et les Ouled Jérir l'appuient et se rallient à lui. Puis, de nouveau, à l'arrivée des Français un lundi 12 novembre 1903 à Béchar, il quitte les lieux avec ses proches fidèles et s'installe au Maroc. Il meurt le 17 octobre 1908. Il fut enterré à Taourirt, petite ville située dans la région d'Oujda. Je formule le souhait qu'un jour, l'Etat algérien entame les démarches utiles au rapatriement de la dépouille de ce grand résistant pour l'accueillir dans le carré parmi ses frères martyrs tombés au champ d'honneur pour que vive cette Algérie libre et indépendante.
A plusieurs occasions, j'ai saisi par écrit, les pouvoirs publics sur ce sujet et plus récemment encore, le président de la République.
Par ailleurs, il est souhaitable, d'instruire la mission consulaire à Oujda, territorialement compétente afin d'identifier sa tombe pour qu'à chaque année, à l'occasion de la commémoration de la résistance de Cheikh Bouamama, une gerbe de fleurs soit déposée sur sa tombe à Taourirt, suivie d'un recueillement en présence de la diaspora algérienne, notamment celle d'Aïn Sefra et pourquoi pas avec le déplacement d'une délégation algérienne officielle de Moudjahidine.
Enfin, il faut souligner, après la résistance de l'Emir Abdelkader, la révolte de Cheikh Bouamama fut l'une des résistances populaires les plus violentes au cours du XIXe siècle. 

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