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PRESIDENTIELLE 2004 AHMED OUYAHIA ACCUSE DES PARTIES D’ETRE DERRIERE LES EMEUTES DE OUARGLA

«J’ai des noms»

La boutade, si chère à nos hommes politiques, vient confirmer que la colère citoyenne légitime profiterait à des cercles que personne ne souhaite nommer.

C´est un Ouyahia sur les dents, ripostant du tac au tac aux questions jugées provocatrices, qui est venu vendredi matin défendre bec et ongles le bilan social et économique de son candidat (lire l´article de Samir Saâdoun). Il est vrai que le chef du gouvernement, non flanqué de sa qualité de secrétaire général du FLN, s´attendait à être «épinglé» sur d´autres questions puisqu´Ouyahia n´a pas son pareil en matière de présentation et de manipulation des chiffres.
Ainsi, la question des émeutes et du climat insurrectionnel qui caractérise le pays depuis plus d´une semaine a-t-elle été au centre de plusieurs questions. Ouyahia, qui refuse d´admettre que cette colère sied mal avec le bilan socio-économique décrit en termes dithyrambiques, parle au contraire de «manipulations». «J´ai des noms», lance-t-il à la cantonade, évoquant les incidents qui avaient accompagné la visite de Bouteflika dans la région de Ouargla. Ce qui l´empêche de les divulguer est qu´il cherche à «ne pas influer sur l´instruction judiciaire en cours». Idem pour les «incidents d´El-Harrach, où le tribunal militaire s´est dessaisi de ses droits au profit d´une juridiction civile».
Mais cette fois Ouyahia désigne carrément du doigt un élu proche de Benflis. La guerre est déclenchée. Tous les coups sont permis. Ce n´est pas un hasard si le chef du gouvernement, évoquant ces «désolants spectacles», ajoute «être malheureusement dans la position de gladiateur».
Le gladiateur Ouyahia, qui invite chacun à se faire à l´idée que le président est candidat, (louanges soient rendues à Dieu, ironise-t-il), assume pleinement son nouveau statut et descend fièrement dans l´arène affronter les adversaires cachés et visibles de son poulain: «Il est regrettable de voir certains verser dans l´oppositionnisme de spectacle et de galerie en ne respectant plus rien.» Il parle ici de la douleur de la famille par l´accident commis par le gendarme, mais aussi de la récupération de la détresse sociale des jeunes de Ouargla.
A notre question sur la possible présence du chef du RND en train de défendre le bilan quinquennal de son candidat, Ouyahia prendra immédiatement la mouche «vous n´allez pas nous bâillonner!», s´exclame-t-il avant de nous inviter à demander à Bush de se taire puisque lui aussi est en campagne. Certes, mais les activités institutionnelles devraient être dissociées de la campagne à proprement parler. Pour ce qui est des revendications du groupe des dix qu´il attaque régulièrement en plaçant des «banderilles» verbales bien senties à chaque fois que l´occasion lui en est offerte, Ouyahia s´exprime en position de force et en connaissance de cause pour dire: «Je ne pars pas. Zerhouni reste lui aussi en poste.»

«Ni moi, ni Zerhouni, ne quitterons le gouvernement»

Ouyahia, révèle sans doute pour la première fois, en réponse à notre question, que c´est lui, qui a «demandé à quitter le poste de chef de gouvernement en 2002. Or, cela n´a rien changé à la situation puisqu´en dépit de la présence d´un gouvernement neutre, les candidats avaient trouvé prétexte à se retirer et à dénoncer la fraude à l´avance».
Ouyahia, qui qualifie le groupe des dix de «sympathique» mais «sans ancrage populaire», occultant de facto la présence en son sein de trois personnes qui ont obtenu les 75.000 signatures et de pas moins de cinq anciens chefs de gouvernement, estime que «les demandes formulées sont un simple alibi». Il en veut pour preuve le fait que «ce groupe dispose de la majorité à l´APN et aurait donc pu imposer un amendement à la loi électorale prévoyant de dessaisir le gouvernement de toutes les tâches liées à la préparation et à la tenue du scrutin présidentiel».
En guise de garanties, outre celles contenues dans la nouvelle loi électorale, Ouyahia révèle que les Nations unies, l´UA, l´UE et la Ligue arabe ont toutes donné leur accord pour envoyer des observateurs. Le nombre sera déterminé à la suite de missions d´éclaireurs attendues à Alger dans les tout prochains jours.
En réponse aux sérieux risques de fraude brandis par ce groupe, le conférencier déclare vouloir maintenir «la tradition des élections propres et honnêtes comme cela a été le cas en 2002». L´autre question qui ne semble pas avoir été du goût du conférencier concerne le fait qu´Ouyahia ait occulté les bilans politique et celui relatif aux droits de l´homme et à la liberté d´expression avec plusieurs partis interdits et des journaux suspendus pour des raisons «franchement discutables».
Ouyahia réplique pour éluder les questions en préférant parler de «partis non agréés», avant d´ajouter que «les journaux doivent se plier aux lois du marché». Elles sont belles ces lois, répliquent les observateurs, qui ne touchent que six titres sur la centaine que compte le paysage médiatique. Elles sont surtout magnifiques en décidant de fouler aux pieds aussi bien les accords que les règles de cette même économie de marché dans le seul but de faire taire des médias dont le seul tort est d´avoir fait de la crédibilité et de la critique constructive et patriotique des credo loin d´être du goût de tous.

«Je crois en la neutralité de l´armée»

Ouyahia, lui-même auteur de la loi interdisant l´utilisation des lieux de culte à des fins politiques et électoralistes, «ferme complaisamment» les yeux sur les «dépassements commis par le président», multipliant les visites aux zaouïas et en recevant des messages de soutien.
«Je salue la considération que le président accorde à ces structures. Si elles avaient été correctement prises en charge à temps, je suis sûr que nous n´aurions pas eu ces nouveaux messies qui ont réussi à tromper les gens avant de plonger l´Algérie dans plus d´une dizaine d´années de violence et de chaos.»
Le sujet introduit tout naturellement celui du rôle de l´armée dans la scène politique en général et lors de ce prochain scrutin en particulier. «Pour avoir été dans les rouages des décisions depuis une dizaine d´années, je peux affirmer que l´institution militaire a entamé depuis 1990 son processus de retrait de la scène politique et de professionnalisation.»
Ouyahia ajoute que «si l´institution a été forcée de s´investir dans le champ politique en 1992, c´est à cause de l´incompétence de la classe politique». Il conclut pour dire que «l´armée a tiré les leçons des expériences passées. Ainsi, la déclaration de neutralité faite par le chef d´état-major est-elle parfaitement crédible et inscrite dans un contexte qui transcende de loin ces simples joutes électorales».
Il n´empêche que le chef du gouvernement, officiellement en campagne, confirmant que ce retrait a provoqué un grave déséquilibre profitant à une seule personne, s´est bien gardé de commenter les trop nombreux appels à la neutralité active de l´armée. Cette demande vient de personnes dont la probité et la crédibilité ne peut être remise en doute par personne, ce qui rend la revendication d´autant plus sérieuse et sujette à réflexion.
Le rapport d´enquête sur les «dépassements» en matière de construction, conforté par des experts étrangers, révèle Ouyahia, a été finalisé depuis novembre. «Il a été transmis à pas moins de 12 tribunaux au niveau d´Alger et de Boumerdès». Pourquoi cela bloque-t-il?
Y a-t-il des «intouchables» parmi les gens concernés par le rapport comme nous serions en droit de le supposer? Ouyahia promet d´aider tous les journalistes que cette affaire intéresse à «prendre attache avec les procureurs généraux de ces deux wilayas afin d´en savoir plus sur ces dossiers et d´apprendre les raisons de ce retard».
Ouyahia continue de refuser la levée de l´état d´urgence sous le prétexte que des actes terroristes sont toujours commis et que cette situation ne musèle pas les libertés fondamentales des groupes et des citoyens. Outre le fait que cette affirmation ne tienne pas la route puisque les marches demeurent interdites, Ouyahia se contredit lui-même en louant les mérites et les résultats de la fameuse concorde et grâce-amnistiante de Bouteflika.
Pour ce qui est du dialogue avec le mouvement des archs, Ouyahia a «salué» les «avancées réalisées», s´engageant à appliquer les six incidences, y compris la «révocation des indus élus», avant de préciser que «les deux partenaires sont condamnées à reprendre les négociations».
Dans le but de prouver que la démarche n´aurait rien d´électoraliste, le chef du gouvernement annonce que les rencontres reprendraient probablement après le scrutin.
Ouyahia agit et s´exprime comme s´il comptait rester en poste après le 8 avril et comme si Bouteflika était assuré de décrocher un second mandat. Simple guerre psychologique ou bien...

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