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YACINE ZAID, SYNDICALISTE ET MILITANT DES DROITS DE L'HOMME

"Il y a un malaise social, mais pas de crise politique"

Militant des droits de l'homme, Yacine Zaïd est de tous les combats démocratiques. Prônant l'action pacifique, il se fait surtout le porte-voix des démunis et des travailleurs des compagnies pétrolières du sud du pays. Dans cet entretien, il réitère ses positions de principe quant à la nécessité de prendre en charge les doléances des chômeurs du Sud. Pour lui, ces derniers doivent axer leur mouvement sur des questions d'ordre social, pour, dit-il, déjouer toute manipulation politicienne. «S'agissant des ennemis de la nation, ils connaissent mes positions. C'est pour cela qu'ils ne peuvent m'approcher, car je serai le premier à les dénoncer en public», dit-il.

L'Expression: Le ministre de l'Intérieur a affirmé samedi dernier qu'il n'y a pas de problèmes d'ordre politique dans le sud du pays. Etes-vous d'accord avec cette vision?
Yacine Zaïd:
Le plus grave est que le Premier ministre persiste à défendre les responsables locaux, tout en approuvant leur politique et la manière avec laquelle ils s'entretiennent avec la population du sud du pays.
Je pense que l'Exécutif met en avant les tensions sociales des régions Sud pour faire diversion. L'objectif est de détourner l'intérêt de l'opinion publique, suite à l'éclatement des scandales de corruption qui mettent en cause le sommet de l'Etat. Le plus alarmant pour les dirigeants, est que la presse algérienne s'est intéressée d'une manière sérieuse à ces scandales, déclenchés une première fois par la presse italienne.

Un vaste programme de développement des wilayas du Sud a été lancé par le gouvernement et un plan de création de nouvelles agglomérations est mis en branle. Que pensez-vous de cette politique et quelles en sont ses limites?
Il faut préciser que le gouvernement se trompe d'interlocuteurs, d'une manière volontaire ou involontaire. Lorsque le Premier ministre ou le ministre de l'Intérieur disent s'être adressé à la société civile et aux notables, je vous certifie que ces derniers n'exposent pas les réels problèmes des régions du Sud, ou du moins, si c'est le cas, ils le font avec des arrière-pensées. Concernant les politiques dictées par le gouvernement et destinées aux régions Sud, je pense que le constat n'a pas encore été établi pour recenser tous les maux qui sévissent dans cette partie du territoire algérien. Mais pour vous répondre sincèrement, moi je suis un militant syndicaliste et un défenseur des droits de l'homme.

Que proposez-vous pour que les régions du Sud profitent pleinement aux richesses du pays? Et dans ce cadre, est-ce que les autorités vous ont-elles sollicité pour apporter votre contribution au règlement de la crise?
Je pense qu'il serait plus adéquat de demander aux experts, architectes, spécialistes du développement durable, techniciens en gestion de l'eau, aux ingénieurs agronomes,...pour résumer, demander à tout un panel de spécialistes pour savoir si oui ou non, la gestion des régions du Sud est positive ou pas.
D'autre part, les autorités ne m'ont pas contacté. Mais je précise qu'il n'y a pas de crise, absolument pas. Il s'agit uniquement de jeunes qui veulent travailler et ils mettent en relief leurs revendications d'une manière plus visible que par le passé. Il y a un malaise social, mais pas de crise politique. Je pense que la distinction doit être soulignée.

Des voix vous accusent d'être derrière le mouvement des jeunes chômeurs du Sud. On dit même que vous poussez à la sécession du Sud avec le nord du pays. Que répondez-vous?
Moi je suis Algérien depuis l'époque numide s'ils veulent comprendre le fond de ma pensée. Je suis habitué à ce genre d'accusation. Tout Algérien qui développe un discours discordant à celui de l'administration, est accusé de X ou de Y. Cela n'a pas changé depuis 1962. Mais comme je n'ai rien à me reprocher, et comme je n'ai pas détourné des milliards des banques algériennes, et comme je n'ai pas été au maquis avec les groupes intégristes, je ne m'intéresse pas à ce genre d'accusation, dont l'objectif est de me décourager. Je n'ai pas à douter de mon algérianité. C'est plutôt à ceux qui m'accusent à tort de vérifier leur passé et celui de leur père, notamment lors de la guerre de Libération. Vous pouvez consulter les archives de la presse, de mon blog, ma page Facebook, vous remarquerez que mes appels pour l'organisation de sit-in et de rassemblement ne comprennent aucune atteinte à mon pays. C'est un discours que je juge dépassé. Il est relayé pour complexer les militants. Ce qui ne peut pas se reproduire avec moi. S'agissant des ennemis de la nation, ils connaissent mes positions. C'est pour cela qu'ils ne peuvent m'approcher, car je serai le premier à les dénoncer en public. Enfin, trouvez-vous normal que je sois au box des accusés chaque année, alors que ceux qui dilapident les richesses du pays jouissent d'une liberté absolue et profitent d'une impunité scandaleuse.

Quel message adressez-vous aux chômeurs du Sud?
Le message que je leur adresserais est qu'ils focalisent leurs revendications sur leurs problèmes de non-accès à l'emploi, pour éviter toute récupération politicienne. En plus de cela, leurs doléances ne doivent pas être teintées d'une couleur idéologique. Ils doivent se concentrer sur leurs demandes. L'emploi, rien que l'emploi. Même s'ils ont prouvé leur caractère pacifique lors des rassemblements, je pense que la prochaine fois, il y a un risque de dérapage. Il y a aussi le risque d'infiltration.

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