L'Expression

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TENSION DIPLOMATIQUE ENTRE ALGER ET PARIS

Il est déjà trop tard

Il faudra sans doute attendre l’arrivée d’une nouvelle équipe à l’Elysée pour espérer que les relations politiques entre les deux capitales se décrispent.

Le passif est trop lourd pour qu´il soit gommé par une visite de quelques heures d´émissaires envoyés à la hâte par le président Nicolas Sarkozy pour éteindre l´incendie. La surenchère verbale a atteint un sommet jamais égalé lorsque le ministre français des Affaires étrangères déclara que les relations entre l´Algérie et la France seront plus simples avec l´arrivée d´une autre génération au pouvoir. Une autre façon d´imputer les difficiles relations entre les deux pays à la génération de l´Indépendance. Un raisonnement qui ne tient pas compte des 132 années de colonisation et de la présence française en Algérie. Du statut de français musulmans, à l´époque qui a valu aux Algériens l´appartenance à un humiliant second collège et à un non moins humiliant et méprisant statut d´indigène, ils aboutirent à une condition de sous-hommes.
Le malaise est trop profond. Les propos tenus par Bernard Kouchner ne sont qu´une goutte dans un océan. Celle qui a fait déborder le vase et fait ressurgir les fantômes du passé: ces adeptes de la torture, de la gégène, des assassinats camouflés en suicide...Le malentendu est d´abord historique! Et l´amnésie, qui est proposée aux Algériens par M.Sarkozy, pour tirer un trait sur ce douloureux passé, pour panser des cicatrices et des blessures qui témoignent des liens objectifs entretenus par la France colonisatrice avec les populations colonisées d´Algérie mais aussi d´Afrique, est une autre manière de le cultiver. Il n´y aura pas de repentance, a affirmé le président français.
L´Afrique et l´Algérie ne sont plus la France. Que cela soit à Alger ou Bamako, on veut des relations d´égal à égal. Que se passe-t-il aujourd´hui dans l´Hexagone pour les populations d´origine africaine ou maghrébine et en particulier musulmanes? Au nom d´une politique de l´immigration voulue et instituée par l´actuel locataire de l´Elysée, dont elle porte la griffe, une véritable chasse à l´homme est organisée. 29.000 étrangers ont été reconduits à la frontière en 2009 contre un objectif de 26.000.
Les Algériens occupent la seconde place avec 1552 expulsions. Elles ont été rythmées par les mesures abandonnées des tests ADN dans le cadre du regroupement familial, des débats sur le port du voile, de la burqa, de celui sur les minarets et de l´identité nationale. Qui ciblent-ils? Certainement pas les populations européennes installées en France, mais surtout les populations plus vulnérables. Plus fragilisées issues des anciennes colonies françaises. En ce sens, les Algériens sont des cibles de choix. Le délit de faciès les concerne particulièrement. Le meilleur exemple: les contrôles d´identité dans les bouches de métro. Les «bavures» policières aussi. Elles peuvent s´avérer meurtrières. Le 11 juin 2009, Ali Ziri, paisible retraité de 69 ans, est décédé après une interpellation musclée par des policiers du commissariat d´Argenteuil. L´autopsie a révélé des hématomes de 12 à 17 millimètres sur son corps. Qu´est-ce qui fait qu´un ressortissant algérien est plus suspect qu´un autre étranger si ce n´est la couleur de sa peau ou ses cheveux.
Individu de «type méditerranéen», de «type maghrébin»...toute une batterie de formules linguistiques a été mise en place par les représentants de la France officielle pour particulariser et rendre louche la présence de l´étranger, de l´Algérien sur le territoire français. Une politique entretenue et soigneusement cultivée en haut lieu pour caresser dans le sens du poil l´électorat d´extrême droite, viscéralement xénophobe ainsi que les nostalgiques de l´Algérie française. Considérés comme des résidents privilégiés, grâce notamment aux accords d´Evian qui ont scellé l´indépendance de leur pays en 1962, les Algériens ont vu leur statut s´amenuiser au fur et à mesure que le gouvernement français les remettait en cause. Le comble fut atteint lorsque le diplomate Hasseni fut arrêté dans des conditions dignes d´un vulgaire criminel dans le cadre de l´assassinat de Ali Mecili en 1987 à Paris. Son arrestation et sa mise sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le sol français, ont été ressenties comme une humiliation à Alger.
Les protestations de la diplomatie algérienne qui a clamé son innocence n´ont pas été entendues. La piste s´est avérée fausse. Hasseni sera blanchi. Le mal est fait. La France présentera-t-elle ses excuses officielles? Le non-lieu attendu dans cette affaire qui dure depuis le 14 août 2009 ne sera pas suffisant comme ne sera pas suffisante la levée des soupçons qui pèsent sur l´Armée nationale dans l´assassinat des 7 moines de Tibhirine.
La visite éclair des deux émissaires du chef de l´Etat français ne devrait finalement servir qu´à ne pas rompre le fil bien ténu des relations diplomatiques entre Alger et Paris: résultat d´une politique algérienne de Nicolas Sarkozy qui n´en est encore qu´à mi-chemin de son quinquennat. «Le secrétaire général de l´Elysée, Claude Guéant, et le conseiller diplomatique Jean-David Levitte, n´ont pas eu la tâche aisée», a rapporté le quotidien Le Monde. Alger a visiblement haussé le ton.

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